L'Italie, pays du petit commerce et du corporatisme, a toujours pratiqué, dans le domaine des horaires d'ouverture, une politique prohibitionniste. L'obligation du repos hebdomadaire, le dimanche et le lundi matin et le couvre-feu des rideaux de fer en fin d'après-midi constituaient une règle dont l'exception ne concernait que les cités bénéficiant du label touristique.
En la contournant,
la commune de Milan a ouvert une brèche dans une tradition qui semblait solidement
établie. Deux facteurs ont provoqué cette décision. D'une part le résultat d'une
enquête grand public a démontré que 25 % des Milanais ressentent l'absolue nécessité
de l'élargissement des horaires d'ouverture pour faire leurs achats. D'autre part un
accord entre les associations professionnelles a été laborieusement obtenu après 2 ans
de négociations. Les obligations des commerçants ont été considérablement réduites.
Ils doivent seulement respecter une durée d'ouverture maximum de 12 heures entre 7 et 23
heures et pendant cette période, ils ont toute liberté pour fixer leurs horaires. Une
restriction qui vise la grande distribution, réduite à choisir entre une ouverture
prématurée ou une fermeture tardive et laissant, dans les deux cas, des espaces
significatifs à la concurrence artisanale. Par ailleurs, la demi-journée de fermeture,
jusqu'alors pratiquée le lundi matin, est devenue facultative. Pour les bars et les
restaurants, une telle évolution qui, à terme, éliminera le stress des déserts
dominicaux et nocturnes, constitue une excellente nouvelle.
Mais la partie n'est pas encore gagnée sur le front de la garantie de la sécurité et du
fonctionnement des transports publics. Avant d'ouvrir les boutiques, il faut ouvrir la
cité, précisent les associations de commerçants.
Si l'on trouve à Milan la bonne réponse, la modernisation définitive du commerce
italien sera bien engagée.
G. Garcin
L'HÔTELLERIE n° 2629 Hebdo 2 Septembre 1999