Marseille craignait qu'après l'afflux touristique de l'an dernier, dû à la Coupe du Monde, l'été 99 soit décevant. Il n'en a rien été. Bien au contraire. Et les hôteliers ont le sourire : après un bon mois de juillet, ils font en août des scores inédits, y compris le week-end, ce qui est encore plus inhabituel...
PACA
Le mois de juillet avait déjà été, à Marseille comme sur l'ensemble des
Bouches-du-Rhône, légèrement supérieur à celui de 1998 (+ 2 % de TO). Mais, dans la
capitale phocéenne, le mois d'août bat tous les records : le taux d'occupation des
hôtels, toutes catégories confondues, chaînes ou indépendants, a gagné 6 à 8 points
par rapport à la saison précédente. "Il dépasse 76 % sur l'ensemble de la
ville, avec un très net bonus pour les établissements situés autour du Vieux Port. Du
jamais vu !", s'exclame Marc Thépot, responsable de l'hôtellerie au sein du CHR
13, par ailleurs directeur régional du pôle affaires et loisirs d'Accor. Le Sofitel
Vieux Port passe ainsi de 71 à 81 %, la Résidence du Vieux Port de 50 à 75 %, tandis
que le Novotel explose à 97 % et que, côté plage, la résidence hôtelière Maeva
atteint 87 %.
Encore plus incompréhensible, et encore plus intéressant : les week-ends, qui, en août,
sont généralement dramatiquement creux, à quelques exceptions près, ont eux aussi
drainé du monde.
Les retombées du Mondial ne suffisent pas à expliquer ces excellents résultats. "Marseille
commence véritablement à être identifiée comme une destination touristique possible, y
compris pour le tourisme ludique d'été, commente Marc Thépot. Pour le week-end
du 15 août, par exemple, beaucoup d'Italiens, qui avaient prévu de séjourner sur la
Côte d'Azur où tout était plein, n'ont pas hésité à pousser jusqu'ici. C'est très
bon signe."
Les étrangers représenteraient d'ailleurs près de la moitié de la clientèle des
établissements du Vieux Port : beaucoup d'Anglais mais aussi des Japonais et des
Américains, rarissimes jusque-là. Autre segment de clientèle pour le centre-ville,
autrefois très important mais que l'on avait "oublié" ces dernières années :
le tourisme d'Afrique du Nord. Au cours de la seconde quinzaine d'août, de nombreuses
familles sont venues en effet faire à Marseille les achats de la rentrée.
Marseille et le cinéma
La capitale phocéenne a également profité des tournages qui ont démarré en août et
vont se poursuivre jusqu'à fin septembre : celui de la trilogie de Roger Hanin, et de Taxi
2 qui, à lui seul, bloque une quarantaine de chambres. "D'après les
réalisateurs que nous avons rencontrés, explique Marc Thépot, ils ont un taux de
réussite des prises de vue très élevé grâce au climat. Par ailleurs, contrairement à
la Côte d'Azur par exemple, ils ne sont pas dérangés par la circulation et le trop
plein de touristes."
Autre motif de satisfaction pour les hôteliers : le prix moyen des chambres, qui,
contrairement à ce que craignaient les professionnels, n'a pas chuté par rapport à ceux
pratiqués au moment du Mondial. Selon les chiffres annoncés, le prix moyen des chambres
se serait situé cet été à 361 F contre 394 F au moment du Mondial. Deux petits bémols
cependant : les effets positifs de l'attrait touristique de Marseille ne rayonnent guère
au-delà de l'hyper-centre et des environs de la plage ; il y a encore des efforts à
faire à ce niveau-là. Et la restauration d'hôtellerie a subi une nette baisse
d'activité, les touristes préférant les snacks, les paillotes et les restaurants de
bord de mer... Contrairement à l'hôtellerie, estime Paul Schianchi, président du CHR
13, la restauration, quant à elle, a globalement souffert cet été. Gens du cru et
touristes ont en effet consommé moins qu'habituellement. Les établissements du bord de
mer tirent leur épingle du jeu mais si le mois de juillet a été pour eux un bon mois,
août n'a pas suivi.
L. Casagrande
L'HÔTELLERIE n° 2632 Hebdo 23 Septembre 1999