Page 2 - L'Hôtellerie Restauration No 3358

Grand
Une ère nouvelle
Avecunquatrièmeprésident enmoinsdedix ans, legroupeAccor témoigne
d’uneexceptionnelle capacitéde résistance tant aux soubresautsde la
conjonctureet à l’évolutionde l’offrehôtelièrequ’auxmanœuvres inattendues
des financiersqui viennent de s’installer aux commandesdufleuronnational
de l’hôtellerie.
Il faudra beaucoup de constance et de détermination - ses proches
affirment qu’il n’en manque pas - à Sébastien Bazin pour tenir la
barre dans des eaux tourmentées
,
tant se révéla agitée la succession
de
Paul Dubrule
et
Gérard Pélisson
,
les cofondateurs du groupe dont
tous les habitués des enseignes du groupe, d’ibis à Sofitel, connaissent le
portrait signé Harcourt.
Au-delà de la nostalgie, c’est aujourd’hui une ère nouvelle qui s’annonce
pour la première société hôtelière d’Europe
et l’une des premières
mondiales (le classement varie selon les critères et les époques) : après la
formidable aventure lancée par deux audacieux de retour d’outre-Atlantique
qui partit duNovotel de Lille - Lesquin (Ah ! cette enseigne en lettres
gothiques qui évoquait les romans deWalter Scott) pour aboutir dès 1982
à la créationdu groupeAccor rassemblant des enseignes déjà connues du
public,Novotel, bien sûr,mais également ibis,Mercure, Sofitel, en attendant
l’arrivée de Formule 1 - lowcost avant l’heure au succès vite jalousé -, c’est le
développement international qui permit àAccor d’attirer les investisseurs du
monde entier. Enmême temps, c’était l’évolution inévitable du capitalisme
d’entrepreneur qui marqua la deuxièmemoitié duXX
e
siècle à un retour vers
le capitalisme de rentier si biendécrit par Balzac et analysé avec pertinence
par Karl Marx, lui-même actionnaire d’un important sidérurgiste allemand
(
personne n’est parfait).
À l’heure de la domination des investissements financiers sur l’économie
réelle, il est logique que le pouvoir soit dévolu aux détenteurs de
capitaux
,
n’endéplaiseauxnostalgiques ouauxutopistesqui rêvent d’une
alternativeapparemment introuvableà ce capitalismeparfoisplusdestructeur
que créateur de valeur pour employer le langage cher aux sallesdemarché.
C’est pourquoi il faut souhaiter à lanouvelledirectiond’Accor de réussir à
relever lesdéfis lancés à l’hôtellerie internationalepar ledéveloppement des
nouvelles technologies, les exigencesd’une clientèlemultiformeet changeante,
lesbesoins enfinancement d’investissements lourds, sans oublier les attentes
des franchisés ni cellesdes salariés. Lanouvelleèrene s’annonce vraiment pas
de tout repospour les aficionadosdu retour sur investissement.
L. H.
L’édito
Œ [MX\MUJZM
Œ6ˆ
En bref
Renforcer l’attractivité du secteur
En cette rentrée, le ministre du Travail nous présente sa feuille de rou
l’alternance, reconnaître les compétences acquises sur le terrain sont
Gouvernement.
Michel Sapin : “La valorisat
être de la seule responsabili
ni même du Gouvernement”
L’Institut Paul Bocuse propose des formations aux
professionnels
Si l’Institut Paul Bocuse forme chaque année de jeunes
étudiants, il conçoit également des programmes de
formation dédiés aux professionnels de la restauration.
Intitulés Scènes de chefs collection cuisine, ils
proposent ainsi une formation complète, adaptée au
niveau d’expérience de chacun. Elle est déclinée en
formules de deux, quatre ou six semaines et organisée
autour de trois grandes thématiques : cuisine
française authentique (du 28 octobre au 8 novembre) : réapprendre
les techniques et cuissons de la cuisine classique ; cuisine du soleil (du
12
au 22 novembre) : redécouvrir la cuisine du Sud à partir de produits
frais cuisinés à basse température et sous-vide ; cuisine contemporaine
(
du 25 novembre au 6 décembre) : développer la créativité grâce aux
techniques les plus modernes. Les inscriptions sont en cours : les
candidats peuvent déposer leur dossier jusqu’au 20 septembre. Le
programme est également disponible en version pâtisserie.
Plus d’informations sur
.
L’hôtel Prince de Galles officiellement classé 5 étoiles
Trois mois après sa réouverture en mai dernier, l’hôtel Prince de Galles
(
Paris, VIII
e
),
membre de la Luxury Collection du groupe Starwood
Hotels & Resorts, a été officiellement classé en établissement
5
étoiles par le ministère du Tourisme. Depuis février 2011, date de la
fermeture pour travaux, l’établissement avait fait l’objet d’importantes
rénovations des espaces collectifs, du restaurant avec une cuisine
ouverte et des chambres avec la création de nouvelles suites. Un centre
de fitness et un espace bien-être ont aussi été ajoutés.
L’Hôtellerie Restauration :
Le secteur
des cafés, hôtels et restaurants manque
de personnel qualifié. Quelles actions
pouvez-vous mettre en place pour
valoriser la filière ?
Michel Sapin
:
En effet, ce secteur
a parfois des difficultés pour attirer
à lui des professionnels formés et
qualifiés. Les raisons sont multiples.
Elles concernent aussi bien l’attractivité
à la sortie de l’école que les salariés
qui entrent dans le secteur et le
quittent parfois rapidement, en
raison des conditions de travail, du
caractère saisonnier de l’activité…
Il y a là un important gisement
d’emplois - 200 000 entreprises et
700 000
salariés -, avec des enjeux
de transmission d’établissements du
fait de l’arrivée à l’âge de la retraite
de nombreux patrons de cafés et
restaurants. La valorisation de la filière
ne peut être de la seule responsabilité
du ministère du Travail ni même du
Gouvernement. C’est l’ensemble de
la filière qui doit s’engager dans cette
démarche. La politique des filières
relancée par le Gouvernement - le
Conseil national de l’industrie et la
Commission nationale des services - vise
explicitement à accompagner les filières
dans l’identification d’une stratégie
propre à leurs enjeux spécifiques.
C’est ce que nous faisons avec
Sylvia
Pinel
[
ministre de l’Artisanat, du
Commerce et du Tourisme, NDLR]
et
Arnaud Montebourg
[
ministre du
Redressement productif, NDLR].
Les conditions de travail pour les
saisonniers en hôtellerie-restauration
sont souvent rudes. Allez-vous poser
des règles pour améliorer le quotidien
de ces salariés ?
La question des conditions de travail
est une préoccupation forte du
Gouvernement. Nous en avons fait un
axe de la grande conférence sociale de
juin dernier. Les partenaires sociaux
ont eux-mêmes négocié pendant
plusieurs mois pour parvenir à un
accord sur la qualité de vie au travail.
Dans le cas de l’hôtellerie-restauration,
les horaires sont longs pour les patrons
et cadres du secteur, morcelés pour
les employés, avec du travail le soir et
le week-end pour des salaires souvent
inférieurs à la moyenne des métiers.
Le dialogue social est la méthode
pour progresser dans ces domaines,
répondre aux besoins des saisonniers
-
comme le logement -, travailler sur
l’attractivité des métiers du secteur,
ou lutter contre le travail illégal. Des
initiatives ont été prises par les acteurs
locaux et professionnels, par exemple
en Savoie, appuyées par les services
du ministère de Travail - opérations
de gestion prévisionnelle des emplois
et des compétences territoriales. Elles
doivent être amplifiées.
Les voies de formation professionnelle
sont souvent considérées comme des
voies de garage. Comment comptez-
vous remédier à cette image qui colle
aux métiers manuels ?
Même si le diplôme reste une arme
contre le chômage des jeunes,
notre pays doit considérer que les
compétences acquises et reconnues,
validées par le marché du travail,
sont essentielles pour occuper un
emploi. C’est le cas des diplômes
délivrés dans la filière. Le système
du compagnonnage, la formation en
alternance, sont des atouts solides
Michel Sapin
,
ministre du Travail :
Le système
du compagnonnage, la formation en alternance,
sont des atouts solides du secteur de l’hôtellerie-
restauration.”
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