En Allemagne, la profession se mobilise pour les demandeurs d'asile

Berlin (Allemagne) Alors que, pour la seule année 2015, le nombre de réfugiés arrivés outre-Rhin devrait dépasser le million, le secteur de l'hôtellerie-restauration mène une politique volontariste pour intégrer ces migrants, qui viennent pallier le déficit chronique de main-d'oeuvre de la branche.

Publié le 31 décembre 2015 à 15:45

En Allemagne, la branche de l'hôtellerie-restauration a pris fait et cause pour l'accueil des réfugiés. Le pays de la chancelière Angela Merkel demeure une destination prioritaire pour les importants flux migratoires en provenance notamment de Syrie, d'Irak et d'Afghanistan. Les demandes d'asile s'élèvent à près d'un million pour 2015. Avec pragmatisme - le secteur traverse une importante pénurie de main d'oeuvre qualifiée - mais aussi au nom des valeurs d'hospitalité du secteur. Dehoga, l'organisation professionnelle des employeurs de la branche, souligne d'ailleurs que 27 % des salariés de la branche sont des étrangers, "une proportion que l'on ne retrouve dans aucun autre secteur de l'économie allemande" : "Qui, sinon nous, branche de l'hospitalité, est mieux placé pour soutenir concrètement l'intégration des réfugiés ?" Outre plus de 40 330 postes non pourvus, Dehoga avance également les 15 940 places d'apprentissage disponibles dans le secteur. 

 

Ute et Rudolph Stengel sont propriétaires du restaurant Stengel's Liebstöckl, à Neustadt an der Weinstrasse, dans le nord-ouest de l'Allemagne. "Comme nous ne parvenions pas à trouver des employés allemands, nous sommes allés à une réunion d'information de la chambre de commerce, pour trouver d'éventuels candidats. Nous nous sommes alors rendu compte qu'il y avait dans notre ville de nombreux volontaires qui aident les réfugiés." Des bénévoles les mettent en contact avec un demandeur d'asile d'origine syrienne. "Nous n'avons que du bien à dire de son travail. Il est très volontaire, désireux d'apprendre et il se donne beaucoup de mal", témoigne le couple, qui l'a embauché sur la base d'un 'minijob' (contrat de travail destiné aux emplois à faible rémunération – moins de 450 € par mois - ou de courte durée - moins de soixante-dix jours calendaires par an) parce qu'"il prend des cours d'allemand afin d'apprendre notre langue".

 

Parcours du combattant

La décision de faire appel à des réfugiés relève encore souvent du parcours du combattant. L'embauche est conditionnée au statut du migrant : si sa demande d'asile a été validée, si elle est encore cours d'examen mais qu'une autorisation de séjour lui a été accordée ou encore si celle-ci a été refusée mais que son expulsion n'est pas effective. "Il faut souligner à quel point l'emploi d'un réfugié en Allemagne est compliqué, notamment pour ce qui est du permis de travail, se lamente Ute Stengel. En six mois, j'ai dû au moins téléphoner vingt fois aux services de l'immigration."

 

Birgit Soost, qui dirige le complexe hôtelier de luxe Weissenhäuser Strand dans le Schleswig-Holstein sur les rives de la Baltique, regrette que "dans la plupart des cas, malgré leurs diplômes, les réfugiés sont employés à la plonge ou au nettoyage" : "On ne leur donne pas l'occasion de prouver leurs connaissances et leurs talents." Birgit Soost forme au sein de son établissement deux demandeurs d'asile d'une trentaine d'années (l'un est originaire d'Arménie, l'autre d'Iran) : "Tous deux avaient fait des études universitaires dans leur pays mais ils ont choisi une formation qualifiante ici, raconte-t-elle. Ils sont en Allemagne depuis plus de deux ans et ont mis beaucoup d'efforts pour apprendre l'allemand. Nous leur avons proposé une place en apprentissage. Tous deux ont saisi cette opportunité pour pouvoir se prendre en charge eux-mêmes grâce à leur propre salaire. Travailler dans le secteur de la gastronomie et acquérir de nouvelles compétences leur plaît énormément."

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Publié par Gilles BOUVAIST



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