« 50% des poissons pêchés en mer du Nord sont rejetés morts dans la mer. Seuls les poissons répondant à la demande de la grande distribution sont conservés pour la mise en vente. Or il y a de nombreux poissons qui pourraient être consommés si les clients les connaissaient et savaient comment les cuisiner. Il y a un défaut d'information. Nous sommes prêts à donner des conseils, mettre des recettes à disposition dans les magasins, pour inciter les gens à les consommer », dit Didier Peschard, président d'Euro-Toques France, qui dénonce non seulement le gâchis mais aussi la catastrophe que représente la disparition de certaines espèces. « Nous avons été les premiers à renoncer au thon rouge. Le cabillaud est aujourd'hui menacé. Nous voulons établir un répertoire des poissons sauvages en danger, qui devra servir aux professionnels mais aussi au grand public », précise le président.
Des liens étroits sont tissés avec des organisations non gouvernementales déjà actives sur la préservation des ressources halieutiques telles que Mistergoofish, Seaweb, fishfight… « Nous voulons organiser une table ronde avec les armateurs et les petits pêcheurs, la grande distribution et les poissonniers indépendants, tous ceux impliqués dans cette filière et essayer de trouver ensemble des solutions. Euro-Toques France est en pointe sur ce sujet. La prise de conscience a bien eu lieu à Bruxelles. Il faut que les professionnels et le grand public en soient aussi convaincus. Nous devons être persuasifs avec les chefs et pédagogues avec les clients. Notre action, suivie par les autres pays européens, devrait créer des émules », indique Didier Peschard.
Lors du prochain salon Equip'Hôtel (11 au 15 novembre – Porte de Versailles à Paris), sur son stand, l'association intensifiera son action. Des chefs procéderont à des démonstrations avec des poissons « durables », donneront des conseils pour les choisir et les cuisiner… Une action similaire sera entreprise à Saint-Malo, du 9 au 11 novembre, en direction du grand public, lors du salon Gourmets & Vins.
Le président est très clair : « Nous n'avions pas d'ouverture sur le grand public auparavant. C'est maintenant, l'un de nos objectifs. Les clients doivent savoir qu'en venant chez nous, il y a un cuisinier en cuisine. Nous ne sommes pas des assembleurs. Le label Euro-Toques demande le respect d'une éthique dont l'utilisation de produits de saison et la défense des petits producteurs vitaux pour la vie de nos régions. Ce label doit être connu et reconnu par les clients. ».
250 adhérents en France
« Nous allons clore l'année avec 250 adhérents. Il y a des demandes d'adhésion toutes les semaines. Nous ressentons un regain d'intérêt de la part des chefs », déclare Didier Peschard. Pour adhérer, il faut envoyer une demande à l'association avec un CV détaillé et la carte du restaurant. Le dossier est transmis au délégué régional (20 en France) qui va le tester et se renseigner. S'il donne un avis favorable, le bureau de l'association examine à son tour la demande et le plus souvent la valide. La cotisation est fixée à 350 euros par an. « Nous sommes des bénévoles, précise-t-il. Des partenaires nous soutiennent heureusement ».
L'association a revu sa communication, avec le relooking de la e.letter et du site internet. Courant 2013, ce dernier devrait s'enrichir d'un référentiel comprenant, par région, les producteurs conseillés par les membres Euro-Toques France. Un instrument utile pour chacun.
En novembre, c'est le premier numéro de l'Almanach, nouveau journal de l'association, qui fera son apparition avec des informations sur les produits. « Il s'adressera aux adhérents et aux clients. Il incorporera les adresses des adhérents et fera donc office de guide en même temps ». L'ouverture sur le grand public est bien le challenge de la nouvelle équipe. Le lobbying pour défendre les bons produits, c'est une affaire entendue. Il faut désormais le faire savoir.
Publié par Nadine LEMOINE