Page 11 - L'Hôtellerie Restauration No 3316

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L’actualité
De nombreuses réactions
Le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale voudrait différencier les restaurants traditionnels et ceux qui
réchauffent des plats préparés.
TVA en restauration
:
Bruno Le Roux
voudrait deux taux distincts
T
out en précisant que sa position “
n’est pas celle du
Gouvernement”
,
Bruno Le Roux
,
président du
groupe socialiste à l’Assemblée nationale, relance
le débat sur la TVA en restauration en proposant
d’appliquer deux taux, celui à 5 % pour les restaurateurs
qui transforment les produits et celui à 10% pour ceux
qui se contentent de réchauffer des plats préparés.
Évidemment, le succès de ce genre de propos est
garanti auprès d’une opinion publique particulièrement
attachée à la notion de ‘produits frais’ et à celle d’art
culinaire à la française, spécificité renforcée depuis
que l’Unesco a inscrit le repas gastronomique des
Français au patrimoine immatériel de l’humanité.
Certes, cette idée que d’autres députés, notamment à
l’UMP, soutiennent au nom de la préservation de nos
meilleures traditions, ne va pas sans poser quelques
questions. Bruno Le Roux ne manque pas d’arguments
quand il précise :
Je pense qu’il serait bon que nous
allions vers une différenciation des taux de TVA entre
ceux qui sont les restaurateurs de tradition dans notre
pays, qui transforment, et ceux qui ne transforment pas”,
évoquant également le rôle de la restauration dans le
développement de l’emploi, en soulignant :
Il y a deux
types de restauration, celle qui est de tradition française,
transformant les produits, et celle qui ne transforme
pas : celle qui transforme, elle, embauche, elle a une
masse salariale plus forte, elle a dumonde en cuisine.”
PLUS D’INTERROGATIONS QUE DE RÉPONSES
En insistant sur la reconnaissance du savoir-faire de
nos cuisiniers, le chef de file des députés PS explicite
clairement son propos : “
Ces restaurateurs, qui sont
l’honneur de la France, pourraient être dans le taux
le plus bas, et ceux qui ne font pas de transformation
pourraient être dans le taux le plus haut. Je propose
en tout cas d’y réfléchir.”
Effectivement, de tels propos
soulèvent plus d’interrogations qu’ils n’apportent
de réponse. Jeudi 8 novembre, sur Europe 1,
Didier
Chenet
,
président du Synhorcat, n’a pas manqué de
condamner une proposition qu’il juge irréaliste et
discriminatoire. Il appartient toutefois à la profession
d’exprimer une position argumentée et de ne pas rejeter,
sans analyse préalable, toute piste susceptible à la fois de
garantir une fiscalité supportable pour les entreprises et
d’obtenir une reconnaissance officielle d’un savoir-faire
ancestral. Et pour cela, rien de tel qu’un avantage fiscal.
Le débat est lancé ; il serait inopportun de l’enterrer
prématurément face à une opinion publique très
attentive à la qualité de son alimentation, surtout dans
la restauration.
> le mexicain
M. Le Roux est là pour se faire connaître par le grand public en
lançant en pâture le métier. Ça coûte pas grand chose de se faire mousser quand
il n’y a pas grandmonde pour nous défendre (…) Nous, sur le terrain, nous ne
savons pas comment nous expliquer puisque les journalistes généralistes qui nous
cognent dessus ne viennent jamais nous demander notre avis. Exemple : je fais un
bourguignon. Je prends du bœuf frais que je mets enmarinade dans du vin français et
une garniture aromatique fraîche, c’est simple ! Mais, aumoment de l’envoi, je rajoute
des petits oignons surgelés et des champignons en boîte entiers, que je vais couper
moi-même enmorceaux, je mets des lardons que j’ai achetés chez le charcutier local
qui, lui-même,les a achetés chez un industriel demi-gros (il faudra qu’il me donne sa
traçabilité…). Je saupoudre avec du persil frais haché de mes petites mains : c’est du
fait maison ? TVA à 7%ou TVA à 10%? (…) Qui [viendra] pour vérifier tout ça ?
> christophe
C’est juste pour faire le buzz. C’est effectivement impossible à mettre enœuvre et
encore moins à faire contrôler par les services de l’État.
> caedsa
Peut-être faut-il penser autrement [et décider] d’un taux de TVA à 10%pour Buffalo
Grill, Villa plancha, Léon de Bruxelles, McDo, Subway, tout comme les cantines
scolaires, les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes…, et
d’un taux à 5%pour les restaurants traditionnels.
> ricou3544
La solution peut être le label de Maître restaurateur : même s’il n’est pas parfait c’est un
signe de transparence et de qualité dans l’assiette.
> devigan
Cette mesure est loin d’être stupide et en plus, elle est censée vous être favorable.
Monsieur Le Roux n’est pas en train de suggérer d’instaurer un contrôle strict de se
qui se passe dans les cuisines et d’empêcher l’utilisation pure de produits alimentaires
intermédiaires, mais de valoriser votre travail par rapport à celui d’un dirigeant ou
gérant d’un McDo ou d’un Buffalo Grill, où les seules compétences, même si elles ne
sont pas à négliger, sont la gestion et les achats, et non la maîtrise de l’art culinaire.
Même la nomenclature du titre de Maître restaurateur autorise l’utilisation de produits
intermédiaires. Évidemment qu’il y aura des abus, évidemment qu’il faudra instaurer
des contrôles mais au fond, même si cette idée peut sembler délicate à mettre en
œuvre, reconnaissons que la valorisation de votre travail par un taux de TVA réduit par
rapport à celui qui n’a pas vos compétences est plutôt dans la logique des choses et
cette suggestion est tout à fait respectable pour votre profession.
> PapiGâteaux
Cette idée de taux différenciés est très pertinente. La baisse de la TVA à 5,5%a
déclenché l’ouverture de nombreux établissements par des gens dont ce n’était pas le
métier et qui font concurrence aux véritables restaurateurs en servant, sans personnel
en cuisine, des plats industriels réchauffés. Un tel établissement a ouvert près du
mien : il n’y a aucun employé, juste la gérante et sonmari. Rien n’est fait sur place
puisqu’il n’y a pas de cuisine. Et c’est plus cher que chez moi ! J’emploie pour ma part
trois personnes en cuisine (dans 10m²) et une en salle (30m²). Nous commençons
à travailler à 8 heures dumatin pour le déjeuner. Nos voisins arrivent à 11 heures. Je
considère que nous ne pratiquons pas le même métier, pour rester modéré. Il serait
juste qu’un taux de TVAplus favorable traduise et récompense notre contribution à
l’emploi. Comment organiser cela ? C’est effectivement délicat mais pas impossible.
Cela passe inévitablement par le contrôle des factures d’achat.
> bertrand
Si l’on part dans cette direction, il y a une règle toute simple à appliquer dans tous les
métiers quels qu’ils soient : un seul taux de TVA à 20%mais avec comme assiette
de calcul le chiffre d’affaires moins la masse salariale chargée. Ainsi, pas de contrôle
ni de mise enœuvre compliqués mais une taxation des personnes qui n’utilisent pas
de main d’œuvre, que ce soit dans les secteurs de l’industrie, de la restauration ou
des services. Cela valoriserait l’industrie non délocalisée et des emplois sur place en
général. D’un point de vue technique, cela nécessiterait une simple petite modification
des règles comptables avec une mise à jour logicielle, puisque, actuellement, la taxe
sur la valeur ajoutée est également une taxe sur les salaires, car la valeur ajoutée sert
à financer l’emploi. Et là, nous pourrons dire qu’il y a lutte contre le chômage et la
délocalisation sans stigmatiser personne.
>Wistub Brenner
Oui, plus on y réfléchit, plus Monsieur Leroux apporte une vraie bonne solution
grâce à ce taux de TVA. Il est vrai qu’aujourd’hui le client ne fait pas (et ne peut
pas faire) la différence entre une cuisine maison et une cuisine d’assemblage, et
cette différenciation du taux de TVA serait un énorme avantage pour nous, les vrais
restaurateurs, qui nous battons tous les jours pour faire tout nous-mêmes. N’est-ce
pas une vieille revendication des restaurateurs que le mot restaurant soit réservé
uniquement aux professionnels ? (…) Les grands gagnants seront en premier les
clients, et ensuite notre profession qui ira de l’avant... J’espère que je ne rêve pas trop,
mais tout doucement, nos dirigeants commencent à comprendre qu’il y a un problème
dans notre métier et qu’il faut le résoudre.
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