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En bref
Vie professionnelle
Gérard Laloi,
président de l’Association
des brasseurs de France.
Plus de 90 % des brasseries seraient touchées
À l’heure où nous imprimons, le projet de loi sur l’augmentation des droits d’accises est en discussion au Sénat, et les députés
ont adopté un barème dont les chiffres font peur. Seront-ils suivis par les sénateurs au risque de voir la filière s’écrouler ?
L’augmentation des droits d’accises serait un désastre pour
toute la filière bière
S
i le projet reste intact, c’est
plus de 90 % des brasseries qui
verront leurs taxes augmenter
de 160 % (lire aussi page 42). Une
catastrophe pour la filière, estime
l’Association des brasseurs de France,
chiffres à l’appui :
“
La brasserie du
Marais poitevin produit 350 hl par
an et s’acquitte de 2 500 € de droits
d’accises. En 2013, le montant sera
de 6 300 €, une différence énorme
pour un CA de 80 000 €, de surcroît
au moment où l’entreprise vient de
déménager et a investi dans une
nouvelle installation. La brasserie
Castelain, entreprise familiale implantée dans le Pas-
de-Calais, avec une production de 46 000 hl, paye
440 000
€ de droits d’accises. En 2013, elle devra
payer près d’un million d’euros, montant qui l’oblige
à renoncer à 2,5 M€ d’investissements prévu pour
développer son activité. La brasserieMeteor, figure de la
brasserie indépendante alsacienne, produit 450 000 hl.
De 4,4M€, sa contribution actuelle,
les accises passeront à 12 M€ pour
un CA de 40M€, contraignant
l’entreprise à revoir tout son modèle
économique”.
Dire au grand public
que cette montée des taxes n’aura
qu’une faible incidence sur le prix
de vente est dès lors malhonnête.
“
Il
est clair qu’une hausse de 160 % des
taxes va entraîner un relèvement
des prix de vente de 20 à 30 %,
puisque le montant de la taxe
récoltée est fixé par le Gouvernement à 480M€, soit
plus de 20 % du chiffre d’affaires du secteur.”
Alors que la filière est depuis une dizaine d’années dans
une phase de valorisation, avec l’arrivée de brasseries
locales et surtout une reconnaissance internationale
de la production agricole, cette mesure est très mal
vécue par ses acteurs. Sur les répercussions en CHR,
l’Association des brasseurs de France fait ce calcul :
“
livrée et servie au consommateur au comptoir, la bière
se voit appliquer naturellement, pour le calcul de son
prix de vente, un coefficient multiplicateur sur le prix
d’achat par le cafetier, pour tenir compte des charges de
son entreprise (personnel, loyer, etc.). Ce coefficient est de
l’ordre de 3 à 4 selon les établissements. C’est donc une
hausse autour de 40 centimes sur un demi qu’il faut
prévoir. Ainsi, de 2,60 € (source Insee), le prix moyen
du demi pourrait passer à 3 €.”
En 1997, la hausse de
36 %
des droits d’accises avait fait chuter le marché
de 7 %. Que dire d’une hausse de 160 % ?
Le texte voté à l’Assemblée nationale représentera
une hausse de 160 % des droits pour les brasseries
produisant moins de 10 000 hl ; de 120 % pour les
brasseries produisant entre 10 000 et 50 000 hl ; de
75 %
pour 50 000 à 200 000 hl ; et enfin de 160 %
pour plus de 200 000 hl. Sachant que plus de 90 %
des entreprises se situent dans les créneaux moins de
10 000
hl et plus de 200 000 hl et que ces droits sont
aussi calculés en fonction du degré d’alcool de la bière.
SYLVIE SOUBES
François Effling
,
président
des saisonniers de la CPIH, et
Jacqueline Fabre-Morino
,
présidente d’Alatras (Association
nationale des lieux d’accueil des
travailleurs saisonniers).
“
Mettre en place une vraie politique du travail saisonnier
dans tous les domaines”
François Effling, président des saisonniers de la CPIH, participait aux 13
es
rencontres de la saisonnalité qui se sont déroulées
cette année en Aquitaine. Celui-ci revient sur ces assises et ce qu’il faut en retenir.
François Effling attend de Sylvia Pinel la prise en compte des spécificités
saisonnières
L’Hôtellerie
Restauration
:
Que retenez-vous
de ces rencontres de
la saisonnalité ?
François Effling
:
Depuis le temps que la CPIH se bat
sur ce sujet, je crois que nous voyons enfin le bout du
tunnel. Le nombre des participants, pas loin de 140
personnes, confirme la nécessité de travailler sur la
spécificité du travail et des entreprises saisonnières.
La création d’un code NAF (APE) pour les entreprises
saisonnières permettrait d’avoir une véritable
photographie du secteur et des chiffres sur lesquels
nous pourrions nous appuyer. C’est quelque chose
qui doit aboutir. Paradoxalement, j’ai remarqué que
peu de gens savaient qu’il existait un statut du salarié
saisonnier.
Quelle est la suite maintenant ?
Il ressort de ces rencontres la volonté de mettre en
place une vraie politique du travail saisonnier dans
tous les domaines, que ce soit dans l’agriculture
ou l’hôtellerie, la restauration. J’en profite pour
féliciter
Jacqueline Fabre-Morino
,
présidente
d’Alatras [Association nationale des lieux d’accueil
des travailleurs saisonniers, NDLR], pour la bonne
organisation de cet événement. Il faut aussi saluer
le conseil régional Aquitaine et la mairie de Biscarosse,
qui ont compris l’importance de la saisonnalité.
Nous avons fait le tour de toutes les contraintes et
nous devons désormais aller plus loin en ayant le
soutien de
Sylvia Pinel
,
ministre du Tourisme.
Celle-ci doit absolument prendre en considération
nos travaux comme nos préoccupations.
Vous avez été l’un des pionniers de la saisonnalité.
Comment voyez-vous son avenir ?
La CPIH et la Fagiht ont été les précurseurs
de la création de la branche des saisonniers.
Les deux syndicats ont, du reste, créé en 1977
le Groupement national des saisonniers dont
l’objectif était de mettre en commun les travaux sur
la saisonnalité. Ce regroupement existe toujours
mais il est en sommeil. Peut-être nous servira-t-il de
nouveau dans l’avenir. En ce qui concerne le zonage
des vacances d’été, je crois que j’ai été le premier à
défendre ce principe, il y a plus de dix ans maintenant.
Cela existait en Allemagne, en Hollande et en Belgique.
Il y a moins de risques sur les routes car il y a moins
de monde en même temps. Cet étalement de la saison
fait aussi qu’il y a moins de pression sur les prix et la
qualité de l’accueil est améliorée, car il y a moins de
stress sur les employés. L’avenir, c’est la saisonnalité. Le
fonctionnement des entreprises évolue et il faut cesser
de se voiler la face.
PROPOS RECUEILLIS PAR SY. S.
Hotrec : des avancées
concrètes attendues
par Didier Chenet et
Jean-Marc Banquet d’Orx
Didier Chenet
,
président
duSynhorcat, et
Jean-Marc
Banquet d’Orx
,
président de
l’Umih Île-de-France, viennent
d’être respectivement élus au
conseil d’administration et au
comité social de l’Hotrec, où ils
représentent la France. Pour
Didier Chenet,
“
il existe trois
priorités : l’entrée de la France
et d’autres pays dans l’union
Hotelstars, une taxation juste et
stable pour tous les acteurs du
tourisme, et des règles équitables
pour la distribution en ligne”.
L’harmonisationde laTVAau
niveau européen est un sujet sur
lequel la profession se penche
très sérieusement. Pour Jean-
MarcBanquet d’Orx, l’intérêt de
l’Hotrec est de permettre une
réelle communication entre les
différentspays, et de favoriser ainsi
une harmonisationdes pratiques
sociales :
“
La commission sociale
travaille avec une commission
paritaire dans laquelle on retrouve
des représentants des salariés, ce
qui offre un cadre de travail très
productif. Parmi les dossiers que
nous traitons, il y a les directives
sur le temps de travail, la
politique d’immigration, les
questions de discriminations ou
encore la parité homme-femme.”