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Bière à la carte
L’équilibre financier des brasseurs et des cafés est fortement menacé par cette décision gouvernementale. La
profession se mobilise pour défendre ses intérêts et le pouvoir d’achat de ses clients.
PAR HERVÉ MARZIOU, BIÉROLOGUE
L’augmentation des droits d’accises
va impacter considérablement
le marché et le prix de la bière
L
’
augmentation des droits d’accises
va avoir un impact considérable
sur le prix de la bière. À ce jour, les
députés ont voté des hausses de taxe
variant entre 75 % et 160 %, calculées
en fonction du volume d’alcool de
la bière et du nombre d’hectolitres
produit par chaque brasserie. Plus de
90 %
des brasseries sont concernées
par l’augmentation de 160 %. Pour
ces entreprises, c’est un vrai choc qui
remet en cause tous les projets de
développement, constate l’Association
des brasseurs de France. Cette mesure
devrait mécaniquement engendrer
une hausse de 40 centimes en
moyenne pour un demi au comptoir.
Quelles seront les réactions des
consommateurs ? Ceux qui sont
attachés à une marque feront sans
doute l’effort de payer leur demi au
prix affiché. Les autres risquent de
changer leurs habitudes, de rechercher
la bière qui aura le moins augmenté,
voire ne viendront plus chez vous. Il
est certain que cette augmentation
aura un impact sur les habitudes et
les ventes. C’est une mesure injuste
et maladroite qui risque de précipiter
certains brasseurs ou distributeurs
et l’ensemble des CHR dans la crise.
Faites-le savoir auprès de votre
clientèle. Rappelez-lui également
que vos établissements sont de réels
lieux de sociabilité qui ne doivent pas
disparaître.
Jacques Pedehontaà,
La Taverne Saint Jacques à
Navarrenx (64)
L’établissement de
Jacques
Pedehontaà
se situe dans une
ville étape importante sur l’un
des chemins du pèlerinage de
Saint-Jacques-de-Compostelle.
Quinze mille
pèlerins
l’empruntent
chaque année
de Pâques à
la Toussaint.
La bière
représente
une part
importante
du volume
des boissons vendues et du
chiffre d’affaires. Sont
proposées de nombreuses
bières classiques et l’Oldarki,
une bière de pays.
“
Ces augmentations sont
dramatiques pour plusieurs
raisons : c’est une catastrophe
sociale, car la bière est un
produit populaire et cette
augmentation va toucher les
classes les moins aisées. C’est
une catastrophe économique
pour les petites brasseries qui
valorisent un produit de terroir,
mais aussi pour les bistrots
qui survivent dans un certain
nombre de communes. Si leurs
ventes baissent, ils cesseront
leur activité. La bière - qui n’a
de frontière ni géographique
ni sociale - est toujours un
moment d’échange et de
convivialité. C’est à 90 % ce
qu’attendent mes clients et
notamment les pèlerins du
monde entier. Cette boisson est
irremplaçable. C’est, à terme,
la perte d’une particularité
locale et d’un art de vivre à la
française.”
Marc-Paul Baise, La Stub des
deux étangs à Heligenberg (67)
La Stub des
deux étangs
est une
véritable
ambassade
de la
bistronomie
qui, à côté
des vins
d’Alsace,
débite plus
de 110 hl de
bière par an.
Pour les spécialistes, c’est un
cas à part car l’endroit est perdu
au cœur de la forêt alsacienne,
à 60 km de Strasbourg. Elle
propose en permanence un
bec avec un grand classique,
Meteor, et deux becs tournants
en fonction des opportunités,
ainsi que des bières régionales
comme Storig, Perle et Hirch
“
C’est un scandale ! On ne
s’attaque pas au vin parce
qu’il représente plus de
300 000
producteurs, mais
à la bière dont la capillarité
en région est moindre. En
Alsace, cela va faire des dégâts
car, à côté des brasseurs
internationaux, il y a des PME et
des indépendants qui travaillent
avec passion mais dans des
conditions d’exploitation
réellement difficiles. La bière
est un produit sensible et il est
étonnant qu’un gouvernement
socialiste s’attaque à une
boisson aussi populaire. On en
ressent une profonde injustice.
Les bières à forte typicité
vont être les plus pénalisées.
Certains brasseurs seront
forcément tentés de baisser
le taux d’alcool et de proposer
ainsi une bière insipide,
totalement dénaturée. Attention
au mécontentement des
clients : il ne faut pas oublier
que le lien social se fait dans la
convivialité de la bière et dans
ce lieu de partage qu’est le
bar. Chez moi, tous les jours, je
m’aperçois que la connaissance
de l’autre passe par l’écoute et
qu’elle peut se réaliser surtout
autour d’une mousse.”
Notes de dégustation
Objectifs bière
PAROLES DE PROFESSIONNELS
Avec un petit salé aux
lentilles, proposez une
bière ambrée qui apportera
des arômes de caramel,
de céréales toastées et
du floral épicé. Le salé de
votre recette complétera
en bouche la satisfaction
de toutes les saveurs
fondamentales. Avec un
bœuf aux carottes, que
vous pouvez préparer en
ajoutant de la bière pour accentuer
arômes et moelleux, une bière
brune apportera rondeur, arômes
de céréales grillées, de réglisse
et d’épices. Enfin, une souris
d’agneau confite s’accompagnera
parfaitement d’une bière d’abbaye
à la palette aromatique si riche
et l’amertume bien équilibrée.
Profitez de l’hiver pour proposer
une bière d’abbaye de Noël comme
Affligem de Noël.
METEOR DE NOËL
Mousse onctueuse sur une belle robe ambrée. De
subtils arômes d’agrumes et d’épices, une bouche
toute en douceur et suavité, à déguster sur un foie gras
d’oie d’Alsace, par exemple. À 5,8 % vol. alc.
JEANLAIN DE NOËL
Mouse dense de très bonne
persistance. Une palette
aromatique complexe avec une
dominante florale, du torréfié
et du caramel. En bouche,
beaucoup de rondeur avec une
attaque légèrement sucrée et
une longueur sur le toffee. À 6,8 % vol. alc.
NEDELEG LAOUEN DE LANCELOT
Nedeleg Laouen (joyeux Noël en breton) est une bière
rousse pure malt à 8 % vol. alc. Des arômes complexes
dominés par un parfum d’épices. Beaucoup de douceur
et de moelleux qui lui donnent une belle harmonie en
bouche. Une bière de Noël atypique, non filtrée, non
pasteurisée et naturellement refermentée, plusieurs
fois médaillée au concours général agricole
FEUILLE MORTE OU BIÈRE D’AUTOMNE 2012
DE NINKASI
S’inspirant des bières allemandes, elle est brassée
avec du blé et des malts caramélisées. Sa levure lui
donne des arômes de banane et d’épices. En bouche,
une fine amertume s’allie à une douceur et une
rondeur toute particulière.
À 5,4 % vol. alc.
XI.I SAMHAIN
Brassée en public et en musique
par la brasserie Lancelot au
coucher du soleil le soir du
31
octobre. C’est une bière noire à
11,1 %
vol. alc. À découvrir après
une fermentation de six semaines.
Associations bière et plat du jour :
les grands classiques de l’hiver
© OLIVIER ROBINET
eìŒuvrer pour une meilleure connaissance de la bière :
son histoire millénaire, son élaboration avec des
matières premières naturelles.
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conservant son côté populaire, c’est-à-dire accessible
à tous.
