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VW^MUJZM
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Vie syndicale
“
Les indépendants ferment les uns après les autres”
Le point sur les dossiers des saisonniers avec le président de la branche au sein de l’Umih.
PROPOS RECUEILLIS PAR SYLVIE SOUBES
Thierry Grégoire : “La petite hôtellerie est prise dans une
spirale infernale”
L’Hôtellerie Restauration :
Êtes-vous satisfait par
la dernière mouture du
calendrier scolaire ?
Thierry Grégoire :
Non, elle ne
nous convient pas. L’Association
nationale des maires des
stations de montagne l’a
rappelé récemment, les projets
pour les trois prochains
exercices proposent un
découpage défavorable aux
stations de montagne, qui
ferment en général autour du
20
avril, et il neutralise les effets
positifs que pourrait avoir la
réduction d’une semaine entre
les vacances de fin d’année et
d’hiver. Depuis 2010-2011,
on constate un effondrement
de la fréquentation en fin de
saison. Nous travaillons avec les
domaines skiables pour obtenir
un découpage qui soit plus
intéressant pour tout le monde.
Qu’en est-il du projet de
résidences mixtes ?
Des amendements ont été
présentés dans le cadre de la loi
Duflot ; ils enlèvent les freins
qui nous bloquaient pour créer
ces résidences d’hébergement
à vocation sociale. Il fallait
pouvoir mêler des financements
publics et privés, ce qui va
devenir possible. Nous voulons
créer un réseau de logements
qui permettra d’accueillir, en
fonction des périodes, des
saisonniers, des étudiants,
ou encore des personnes en
alternance de notre branche
professionnelle. Nous nous
sommes donné l’objectif de
dix résidences en dix ans. Le
foncier est mis à disposition
par les collectivités et les
résidences seront cofinancées
et gérées avec la Caisse des
dépôts et consignations et
Action logement. Plusieurs
villes ont déjà donné leur
accord de principe comme
Lille, Antibes/Juan-les-Pins,
Etaples/Le Touquet et Bourg-
Saint-Maurice. Les loyers de
ces logements ne dépasseront
pas 150 à 200 € par mois pour
les alternants et 300 € pour les
salariés saisonniers.
Quels sont les autres dossiers
sur lesquels vous travaillez ?
Il y a d’abord l’inquiétude
générée par l’augmentation de
TVA. Personne ne conteste la
nécessité d’effort public mais il
faut regarder les conséquences
pour la filière. Comme nous
n’allons pas pouvoir augmenter
les prix, nous allons devoir
réduire nos marges, qui sont
déjà extrêmement faibles. La
qualité en pâtira. Nous allons
vers une dégradation des
comptes d’exploitation et une
chute des investissements.
Quant à la prime TVA, elle
va s’arrêter : les termes du
contrat d’avenir sont très clairs
à mes yeux. Il y a aussi le CDI
intermittent ou CDII : nous
ne sommes pas opposés à ce
nouveau contrat de travail. Nous
sommes prêts à le tester, mais
nous restons très attachés au
contrat saisonnier. Nous voulons
par ailleurs que la mutuelle soit
améliorée pour les saisonniers.
Quant au Régime social des
indépendants, c’est quasiment
du racket social ininterrompu.
Nous aurions dû avoir un
régime efficient depuis la fusion
des caisses en 2006. Mais
l’incompétence des personnes
fait que nous sommes confrontés
à des dysfonctionnements
énormes, avec un régime
défectueux malgré une collecte
de 16milliards d’euros.
Vous souhaitez redonner de la
vitalité à la petite hôtellerie.
Quelles solutions proposez-
vous ?
Cette hôtellerie, qu’elle soit
en zone rurale, littorale ou
en montagne, est prise dans
une spirale infernale. Les
petits hôtels indépendants,
à caractère familial, sont
les premiers touchés et
ils ferment les uns après
les autres. Pour contrer ce
phénomène, il faut leur
donner les moyens de se
rénover, de redynamiser leur
outil. Il faudrait, par exemple,
obliger par la loi les banques à
solliciter BPI France [nouveau
nom d’Oséo, NDLR] en ayant
un recours systématique
sur le cofinancement ou la
cogarantie avec un minimum
de 20 % des dossiers de prêts
accordés, ou encore créer
un fond d’investissement
des métiers qui soutiendrait
les programmes de
modernisation de notre parc
hôtelier ; des particuliers et
des institutionnels pourraient
ainsi investir dans ce fond
avec des avantages fiscaux et
une rentabilité raisonnables.
Nous devrions aussi créer
une taxe sur les bénéfices
des opérateurs en ligne
afin qu’ils contribuent à
la modernisation du parc
hôtelier, ce qui est aussi dans
leur intérêt.
Concernant le littoral,
quelles sont vos actions ou
préoccupations ?
Nous travaillons avec la
Fédération de l’hôtellerie de
plein air et les restaurants de
plage à un assouplissement du
décret plage. Depuis la tempête
Xynthia, nous constatons une
sanctuarisation des zones
côtières dites à risque. Nous
sommes, en France, dans un état
d’esprit dominé par le risque
zéro. Je ne crois pas que laisser
la décision finale au préfet soit
la meilleure solution. Il est
important que les professionnels
puissent s’exprimer et peser
dans les décisions. Nous ne
sommes pas là pour tuer notre
outil de travail ! Enfin, il y a le
développement des éoliennes
enmer qui est une véritable
hérésie. Elles produisent une
énergie qui ne se stocke pas,
elles ont besoin d’être animées
par une centrale électrique et
leur implantation génère une
véritable pollution visuelle.
On refuse aux professionnels
d’installer leurs tables en bord
de mer, mais on va massacrer
la vue avec des éoliennes. Le
projet d’implantation dans le
Nord-Pas-de-Calais a été retiré
mais le lobbying est très fort
avec un verbiage bien rôdé,
pour nous faire croire à une
solution énergétique favorable à
l’environnement. Or, c’est tout le
contraire.
Thierry Grégoire
,
président d’Umih
Saisonniers :
“
Nous voulons que la
mutuelle soit améliorée pour les
saisonniers.”
“
Nous venons en complément des banques”
L’accord de partenariat signé entre le syndicat et l’organisme de financement propose des solutions aux TPE et PME, dans le
cadre d’une transmission de fonds de commerce ou d’un besoin de trésorerie.
Les adhérents de la CPIH accèdent aux prêts participatifs d’Isodev
B
oost’PME est un prêt participatif proposé par la
société Isodev, avec qui la CPIH vient de signer
un accord de partenariat à destination de ses
adhérents. Deux cas de figure existent : pour une
acquisition dans le cadre d’une transmission - Isodev
peut aller jusqu’à doubler l’apport personnel - ou
pour un besoin de trésorerie, lié à une dépense
d’investissement. Actuellement, la demande moyenne
tourne autour de 50 000 €.
“
Contrairement à ce que
dit Bercy, les banques ne jouent pas le jeu,
tempête
Gérard Guy
,
président de la CPIH
.
C’est une
réalité vécue au quotidien par nos professionnels
qui se retrouvent dans des situations compliquées
par manque de trésorerie. Boost’PME est un outil
extraordinaire qui offre une soupape aux personnes
qui veulent avancer.”
Le prêt participatif est assimilé à des fonds propres.
Il vient
“
renforcer le haut du bilan,
explique
Bernard
Somma
,
directeur général adjoint d’Isodev.
Il
donne une lecture qui rassure les banquiers et évite
l’autofinancement. Nous ne sommes pas en confrontation
avec les banques, nous venons en complément”.
Le
remboursement s’effectue sur cinq ans. Pour la reprise
d’un fonds de commerce, lemontant varie de 15 000 à
150 000
€ plafonnés à 30%dumontant de rachat. Le
montant ne peut excéder toutefois l’apport de l’acquéreur,
mais il est accordé sans caution, sans garantie et sans
dilution du capital. Isodevmet aussi en avant la rapidité
de réponse.
“
Nous pouvons répondre à une demande,
positivement ou négativement, en 48 heures. Et nous
débloquons les fonds sous dix jours, lorsque la demande
est accordée.”
Des fonds levés principalement auprès
des grands assureurs.
SY. S.
De gauche à droite :
Jérôme Prigent
et
Bernard Somma
(
Isodev),
Gérard Guy
,
président de la CPIH, et
Robert Touchet
,
président des
restaurateurs de la CPIH, lors de la signature de l’accord au salon Serbotel à Nantes (44).