Page 29 - L'Hôtellerie Restauration No 3368

29
6
ˆ Œ VW^MUJZM
Œ
En bref
Vie syndicale
De gauche
à droite :
Roland Héguy
,
président
confédéral
de l’Umih,
Véronique
Gaulon
,
présidente de
l’Umih Berry, et
Laurent Lutse
,
président
d’Umih cafés,
brasseries et
établissements
de nuit.
Ne nous faisons pas traiter de voleurs”
Grenoble
L’antenne iséroise du syndicat a organisé une réunion d’information, le 4 novembre. Comment faire pour maintenir la
pérennité des établissements malgré la hausse des taxes ? L’inquiétude est réelle.
TVA : l’Umih 38 affiche son mécontentement
S
e coiffer d’un chapeau rouge
et protester, il en a été un peu
question, lundi 4 novembre,
lors de la réunion sur le passage de la
TVA à 10 % organisée par l’Umih 38.
N’oublions pas que la Révolution
française est partie de Vizille”,
a glissé
Laurent Gras
,
président du syndicat
isérois. Le mécontentement était
perceptible. Le président a promis
d’en faire état auprès des instances
nationales. Mais l’objectif de l’Umih 38
était aussi de souffler des bonnes
solutions. Et Laurent Gras d’expliquer :
Dans le
contrat d’avenir que nous avions signé avec l’État, nous
nous étions engagés à baisser de 3 % nos prix. Ils ont
bien baissé, de 2,94 % selon la Cour des comptes. Mais
cette réalité a totalement échappé au consommateur. Il
va falloir être particulièrement astucieux pour que, au
1
er
janvier, nous ne nous fassions pas traiter de voleurs.”
Le consommateur n’est pas fou, il sait qu’il va y
avoir des répercussions. De quoi aurions-nous peur ?
D’appliquer ces trois points supplémentaires ? À nous
de l’expliquer aux clients”
,
a avancé
Luc Magnin
,
président des établissements saisonniers de l’Umih 38.
Pascal Barthélémy
,
président des hôteliers du
syndicat isérois, a renchéri :
La TVA, ce n’est pas
nous qui la modifions, c’est l’État qui l’impose. Nous
sommes obligés de l’appliquer. La clientèle d’affaires
récupère la TVA, cela ne devrait donc pas lui poser
de problème. À nous de l’expliquer aux clients et de
parler au maximum en hors taxe.”
Reste que l’exercice
est difficile, car il est pour l’heure interdit d’afficher
ses prix hors taxe : tout doit apparaître en TTC
uniquement.
Nous devons anticiper en proposant
des menus différents. Un menu chasse un peu plus
cher, par exemple. En janvier, les
augmentations passeront un peu plus en
douceur”,
indique Laurent Gras.
DES SALARIÉS DOUBLEMENT
PERDANTS
La suggestion fait débat car, chacun le
sait, le plat du jour à plus de 10 € passe
mal. Il faut donc jongler, trouver des
astuces, redéfinir son offre pour mieux
rebondir, dès à présent. La pérennité des
établissements en dépend. L’équation
est simple. Pour 500 000 € de chiffre
d’affaires, les trois points de TVA supplémentaires
représentent 13 636 €. Si le professionnel ne répercute
pas cette hausse de TVA, il faudra l’imputer sur son
bilan déjà très difficile à équilibrer. Autre difficulté :
le dialogue social dans l’entreprise. La prime TVA
devrait être logiquement supprimée.
Et si l’on ajoute
la refiscalisation des heures supplémentaires, nos
salariés vont être doublement perdants”
,
a souligné
Luc Magnin. La grogne sociale guette, les suppressions
d’emplois aussi.
Je vous encourage à mettre très vite
tout le monde autour de la table pour expliquer la
réalité des choses”
,
a conclu Laurent Gras.
NATHALIE RUFFIER
Parmi la trentaine de professionnels présents, des Grenoblois mais
aussi des hôteliers et restaurateurs de tout le département.
Nos entreprises souffrent”
Mehun-sur-Yèvre
L’assemblée générale qui s’est tenue le 28 octobre dernier dans le Cher, en présence de Roland Héguy, a été
l’occasion de lister les mécontentements, les colères et les inquiétudes pour l’avenir.
L’Umih Berry fait feu de tout bois
C
est à Mehun-sur-Yèvre (18) que
l’Umih Berry a choisi de tenir son
assemblée générale le 28 octobre
dernier, en présence de
RolandHéguy
,
président confédéral du syndicat, et de
Laurent Lutse
,
président d’Umih cafés,
brasseries et établissements de nuit.
Pour
Véronique Gaulon
,
présidente
de cette union de deux départements -
Cher et Indre - constituée en 2012,
la
fusion est réussie, le nombre d’adhérents
a augmenté tout comme les formations”.
Mais cette satisfaction s’arrête là. Car la
présidente de l’Umih Berry est inquiète
et annonce un plan social silencieux dans
son département avec de nombreuses
fermetures. Pionnière du titre de Maître
restaurateur, Véronique Gaulon plaide
aussi pour l’adhésion à la chambre des
métiers pour que les restaurateurs soient
reconnus comme artisans.
DÉCISIONS CONTRADICTOIRES,
INCOHÉRENTES”
Roland Héguy a fait part de son
inquiétude :
Nos entreprises souffrent,
beaucoup doutent de l’avenir,
n’investissent plus, certains sont
exaspérés. Il faut en finir avec cette
fiscalité qui nous étouffe.”
Il dénonce
des
décisions contradictoires, incohérentes”
au niveau de l’État alors que, dans le
même temps, le monde rural se désertifie
avec la fermeture de 300 petits hôtels
par an.
Nous voulons tout simplement
travailler, avoir des perspectives, y voir
clair au niveau fiscal”
,
insiste-t-il. Mais
Roland Héguy fait feu de tout bois : les
chambres d’hôte, bars ou restaurants
illégaux, les centrales de réservation qui
font peser une épée de Damoclès sur les
professionnels car, dans dix ans, nous
ne maîtriserons plus nos entreprises :
nous serons les propriétés de Booking ou
d’Expedia”
.
Même inquiétude pour les
restaurants avec LaFourchette.com, ce
qui nécessite
une riposte intelligente au
niveau de l’Europe”.
Le président confédéral de l’Umih
n’est pas tendre non plus avec certains
professionnels et grands chefs étoilés
du Collège culinaire de France. Malgré
tout, des points positifs se dessinent
comme la nouvelle classification hôtelière
ou le permis de former. De même, il
affiche son optimisme pour les normes
d’accessibilité :
On va avancer : le
texte va être réécrit ou assoupli avec de
nouvelles dérogations.”
Quant à la TVA à 10 %, Roland Héguy
souligne :
Cela ne concerne pas que
les CHR, tout le monde va y passer.”
Moindre consolation alors que la prime
TVA des salariés sera supprimée et que
les prix risquent d’augmenter. Face à
cela, il n’y a
qu’une arme miracle : la
croissance”,
conclut-il.
JEAN-JACQUES TALPIN
À l’initiative de
l’Umih 61, les Maîtres
restaurateurs de l’Orne,
des représentants de
l’apprentissage
et des responsables
du Fafih se sont
retrouvés autour des
petits producteurs
de la région.
Il est
important que les
restaurateurs qui
s’engagent dans cette
démarche sachent
qu’ils forment une
famille dédiée à la
qualité, qu’ils forment
un mouvement
reconnaissable”,
estime le président
de l’Umih 61,
Roger
Bellier
,
qui rappelle
que
le but n’est pas de
dévaloriser différentes
formes de restauration
mais de permettre
au consommateur
de reconnaître les
Maîtres restaurateurs”.
Le département en
compte seize à ce
jour. Autre moment
important, la remise
du chèque de la
dotation Fafih aux
CFA et notamment
au 3IFA d’Alençon
où se déroulait cette
journée. À leurs côtés,
des producteurs
adhérents à la charte
Orne Terroirs, qui
met régulièrement
en place des actions
de promotion avec
des restaurateurs
valorisant les produits
du cru dans leur
cuisine. Qui de mieux
placé pour cela qu’un
Maître restaurateur ?
Maîtres restaurateurs et petits producteurs : cause commune