Emploi à Monaco : un marché entre croissance et rigueur

Monaco (Monaco) Avec des conditions salariales, sociales et de retraites avantageuses, la Principauté a de quoi faire rêver. Mais inutile de rêver y vivre : les loyers sur le Rocher sont inabordables.

Publié le 08 mars 2012 à 11:23

Quand la France souffre sur le marché de l'emploi, la principauté de Monaco (4 000 entreprises sur 2 km² !) respire un peu mieux malgré les effets de la crise. La mobilisation générale est en tous cas d'actualité depuis 2009 et la Fédération patronale monégasque a indiqué la feuille de route : "Dans la tempête actuelle, nous devons protéger notre communauté économique et sociale et la rénover dans un intérêt partagé sur le long terme." Une protection qui s'inscrit dans les chiffres. Quand le salaire moyen net mensuel est de 1 620 € en France, il est de 2 130 € à Monaco (dont le '5 % monégasque', indemnité s'ajoutant automatiquement au salaire minimum). Quand un cadre, marié avec deux enfants, perçoit 124 € d'allocations familiales en France, il en recevra 474 € en Principauté. Enfin, les Français travaillant à Monaco - ils sont 30 000 - sont exonérés d'impôts sur la rémunération des heures supplémentaires accomplies depuis l'automne 2007. Autant d'avantages reconnus mais fortement tempérés par l'Union des syndicats monégasques, qui a contesté une campagne d'information du patronat menée en fin d'année, souligne la pratique des licenciements sans motifs et se refuse à parler de 'salariés nantis'. 

"On resserre les boulons"

Pour la Société des bains de mer, qui emploie 3 200 personnes (hôtels, restaurants et casinos) dont 1 800 en été dans le seul secteur de l'hôtellerie-restauration, l'heure est en tous cas à la rigueur et aux économies. "En matière de carrières, Monaco reste très attractif mais il faut s'adapter à la conjoncture. On resserre les boulons, tant le business change d'une semaine à l'autre, même si, jusqu'en septembre, notre marché était relativement stable", confiait, en décembre dernier, Michel Sabot, directeur des opérations hôtelières, balnéaires et sportives du groupe SBM de 1997 à 2010.

Dans ce contexte, le niveau des salaires - supérieur de 10 à 12 % à celui de la France mais avec une durée légale du travail de 39 heures par semaine - et des prestations sociales semble une garantie relative mais précieuse. "Avec la spécificité, corrige Michel Sabot, des rémunérations 'au service', toujours de rigueur en Principauté. Cela crée parfois quelques frictions entre le personnel rémunéré 'à la masse', c'est à dire au pourcentage - environ 60% du personnel SBM -, et celui payé au fixe." "Ainsi, une femme de chambre de l'Hôtel de Paris peut gagner 45000€ par an quand une gouvernante d'étage n'en touche que 25000, aussre Luca Allegri, successeur de Michel Sabot. Le même cas de figure se présente pour le personnel du Louis XV, où la salle est au pourcentage et les cuisines au fixe."

70 % de Français

En 2011, l'emploi demeure l'une des priorités du groupe SBM, dont le personnel est à 70 % Français, avec 18 % d'Italiens et 2 % de Monégasques, lesquels sont prioritaires en matière d'embauches devant les 'Enfants du pays', terme officiel pour désigner les 'natifs', nés après 1957 mais qui n'ont pas la nationalité monégasque et paient leurs impôts depuis une loi promulguée en 1962.

Il reste que les Français travaillant à Monaco (exonérés de la CSG et de la CRDS) y trouvent sans doute emploi mais pas logement, compte tenu du prix prohibitif de l'immobilier. La plupart - 24 000 - vivent ainsi dans les communes limitrophes comme Beausoleil, Cap-d'Ail ou Roquebrune-Cap-Martin. Certains, plus éloignés, rencontrent des difficultés quotidiennes de transport (accès routier saturé, notamment entre l'autoroute A8 et les routes de corniche, alors que 15 000 salariés viennent travailler par la route en Principauté)… Autant de bémols pour un marché de l'emploi soutenu mais qui a besoin de nouveaux salariés pour financer un système de retraites par répartition plus avantageux qu'en France, de 30 à 50 % supérieur en moyenne pour les non-cadres, mais qui s'essouffle. "La Caisse d'allocation retraite pour les salariés du privé ne dispose que d'un fonds de réserve d'un milliard d'euros alors qu'elle est déjà engagée à payer cinq milliards d'euros de retraites. En 2030, les caisses risquent d'être vides, indique Philippe Ortelli, président de la Fédération patronale monégasque. Seule une réforme rapide sauvera notre système, l'un des meilleurs d'Europe."

Malgré tout, le système économique de la Principauté fait aujourd'hui encore de nombreux heureux et assure des plans de carrière qui n'auraient guère d'équivalent en France.


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Publié par Jacques GANTIÉ



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