“Chaque année, Bpifrance investit entre 700 M€ et 800 M€ dans le tourisme”, déclarait son directeur général, Nicolas Dufourcq, lors d’une conférence à l’occasion du salon Equiphotel, le 7 novembre dernier. Ce soutien financier a pour objectif d’aider à la croissance de la filière, qui représente 7,4 % du PIB et emploie, de façon directe ou indirecte, deux millions de personnes.
Car les défis sont nombreux pour les entreprises françaises, qu’il s’agisse de s’engager dans la transition vers un tourisme plus durable, de mieux gérer les flux de voyageurs, d’accélérer leur digitalisation et leur modernisation, ou encore de répondre aux difficultés de recrutement.
Cinq ans de l’accélérateur Tourisme & Loisirs
Outre les différents prêts existants (sans garantie, à moyen ou long terme…), les garanties et les investissements dans le capital des entreprises, Bpifrance intervient à travers des programmes d’accompagnement et de conseil auprès de PME et start-ups du secteur. C’est le cas de l’accélérateur Tourisme & Loisirs, qui a fêté ses cinq ans en octobre dernier. Depuis 2019, 140 entreprises ont été épaulées dans un programme de dix-huit mois comprenant missions de conseil personnalisées, formations sur des thématiques clés (stratégie, business model, performance commerciale, transformation digitale, transition écologique, etc.), et mises en relation avec des dirigeants du secteur.
Ces entreprises (généralement des PME) se répartissent entre l’hébergement (34%), la restauration (35%), les loisirs (13%), les agences de voyage (6%), les transports (5%). Grâce à cet accompagnement, détaille Bpifrance, elles “ont connu une croissance de 40% entre 2022 et 2023, contre 24% en moyenne pour le secteur” et leurs effectifs ont augmenté de 25 % entre 2021 et 2023.
Développer la ‘travel tech’
Mais le soutien de Bpifrance se fait également auprès de nombreuses start-up spécialisées dans l’intelligence artificielle qui développent des solutions pour le tourisme. Quatre grands thèmes ont été mis en avant lors du salon Equiphotel. L’amélioration des performances énergétiques des bâtiments (avec l'exemple de la société Agrid qui optimise la consommation d'énergie dans les hôtels), la réduction des impacts environnementaux (avec Fullsoon, dont la solution permet de prévoir le taux d'occupation et les plats consommés), la préservation des ressources en eau (avec Aquatech Innovation qui permet de maîtriser sa consommation en eau, ou encore Luniwave, solution de réduction dans les douches) et enfin la conception durable (avec Murmuration, qui utilise les observations satellites pour diminuer l'impact environnemental de la fréquentation touristique).
Là encore, la banque publique intervient à travers des prêts avec ou sans garantie, des accompagnements en recherche et développement, et des mises en relation. Car ce “saut technologique” est considérable pour les acteurs du tourisme, souvent de petite taille et encore peu familiers de ces innovations. Le 25 octobre dernier, Marina Ferrari, ministre de l’Économie du Tourisme, déclarait ainsi que “95 % des dirigeants, tous secteurs confondus, n’envisagent pas d’intégrer l’IOA dans leurs outils dans les douze mois qui viennent”. Son adoption progressive sera pourtant déterminante pour leur développement, affirme Bpifrance.
Publié par Roselyne DOUILLET