Ce calcul est le résultat d'une extrapolation des résultats d'une étude du professeur Colin Janssen, écotoxicologue à l'université de Gand. Selon ce chercheur, les moules communes de la mer du nord sont impactées par la pollution des plastiques. Il explique : "Les moules sont des organismes filtreurs qui peuvent absorber et filtrer près de 25 litres d'eau par jour. Dans l'eau se trouvent de très petites particules de plastique de moins d'un millimètre de long, qui sont filtrées et ingérées par les moules. Ce que nous avons découvert, c'est qu'elles se retrouvent à l'intérieur des coquilles, mais aussi dans la chair même des moules. […]. Ces microparticules proviennent des déchets en plastique tels que les sacs et emballages plastiques, qui finissent leur vie dans les mers et océans. Elles proviennent également du lavage des fibres synthétiques de textiles et des microbilles présentes dans les produits cosmétiques d'épilation, de gommage ou les savons industriels. Ce sont de très fines billes ou boulettes de plastique qui ne sont pas retenues dans les stations d'épuration et qui, en fin de parcours, se retrouvent à la mer".
Un fragment de plastique par gramme de chair de moule
Lors de cette étude, le professeur Colin Janssen a détecté la présence de 1 à 2 fragments de plastiques par gramme de chair de moule. Sachant que ce sont 500 tonnes de moules qui sont englouties chaque année à la braderie de Lille, il est possible de calculer la quantité de fragments et de fibres de plastiques qui ont pu être ingérés par les amateurs de moules.
Dans une moule, la quantité moyenne de chair est de 30 % de son poids total, après le retrait de la coquille et du liquide qu'elle contient.
Pour 500 tonnes de moules consommées, 30 % de chairs représentent 150 tonnes de chairs de moules soit 150 millions de grammes de chairs. Si l'on retient l'hypothèse basse d'un seul fragment de plastique par gramme de chair de moule, nous arrivons au spectaculaire résultat de 150 millions de fragments de plastiques avalés au cours du week-end !
Des plastiques qui se fragmentent mais ne se biodégradent pas
Selon l'ONG Expeditionmed, cette pollution s'aggrave avec une nouvelle catégorie d'emballages qui s'est récemment développée, les plastiques dits "oxodégradables", "oxobiodégradables" ou "oxo-fragmentables". Actuellement plus de 90 % des sacs à usage unique proposés dans la grande distribution et présentés comme biodégradables seraient en fait des "oxos". Ces emballages fabriqués à partir de polymères contiennent des additifs oxydants minéraux qui favorisent leur dégradation en morceaux plus petits (même invisibles à l'oeil nu). Et de fait, ces plastiques se fragmentent, mais ne sont pas biodégradables. Ils génèrent même des effets négatifs comme ceux dont nous venons de parler, sur l'environnement par une accumulation de résidus dans le milieu.
Ainsi, un simple petit sac en plastique Oxo, présenté comme "100 % biodégradable", va en fait se fragmenter en plus de mille minuscules particules de vrai plastique, non biodégradable, qui finiront par se disperser dans l'environnement, les sols, les rivières et le milieu marin…
Cette dégradation, en particulier des milieux marins, peut être évitée, car selon l'ONG Expeditionmed, il existe des sacs réellement biodégradables en 6 mois et compostables en 3 mois, reconnaissables grâce aux logos ci-dessous.
Dommage que ce communiqué, en n'abordant que les risques écologiques sans en expliquer les éventuelles conséquences sanitaires, nous laisse un peu sur notre faim.
www.expeditionmed.eu
Publié par Jean-Luc Fessard, 'Transition Verte et Bleue' et auteur du Blog des Experts