Les intermittents de la restauration de plus en plus précaires

Cuisiniers ou maîtres d'hôtel, ils sont des milliers à travailler uniquement en extra. Le régime spécifique d'assurance chômage des vacataires de la restauration a disparu de la nouvelle convention en application depuis le 1er juillet dernier. Un cas concret montrant l'impact pour les extras qui vont rejoindre le régime général.

Publié le 24 septembre 2014 à 14:09

Ils ne perturbent jamais les festivals, ne font pas d'apparition sur les plateaux de télévision, et pourtant, ce sont bien des intermittents de la restauration. Peu politisés, pratiquant une profession qui implique de la discrétion, les extras peinent à faire entendre leur désarroi au lendemain de la suppression, pure et simple, de leur régime spécifique d'assurance chômage en application depuis les années 1970. Même à l'antenne Pôle emploi du boulevard Ney à Paris (XVIIIe), où l'on traite beaucoup de dossier d'intermittents de la restauration (c'est ainsi qu'ils sont nommés), on s'étonne de la brutalité de la mesure : "Nous pensions que les extras basculeraient au régime des intérimaires, moins favorable pour le calcul des indemnités, mais un moindre mal tout de même. Ils sont désormais alignés sur le régime général et vont perdre beaucoup."

Une indemnisation divisée par trois

Daniel Margot, 58 ans, est maître d'hôtel extra depuis son retour d'Australie en 1990. Il est sans doute le premier recalculé de France. Le 26 juin dernier, bénéficiant de 610 heures de travail et ayant épuisé ses droits précédents, il demande à son antenne une nouvelle ouverture de droits au titre du régime 23 de l'annexe IV. Le 3 juillet, deux jours après l'application de la nouvelle convention, Pôle emploi lui adresse une notification d'ouverture de droit de 122 jours sur la base d'un salaire journalier brut de référence de 152 €. Le montant de son allocation est de 28,38 € net par jour, soit 880 € mensuel. De surcroît, la nouvelle réglementation plafonne à 70 % de son indemnisation le cumul allocation et activités. Ainsi, si Daniel Margot fait quelques extras pour 615 €, il ne pourra prétendre à aucune indemnisation. Au titre de comparatif, rappelons que le RSA vient d'être revalorisé à hauteur de 502 € mensuel.

Effaré par cette notification, le maître d'hôtel extra fait savoir à Pôle emploi que sa 610e heure ayant été effectuée en mai, sa demande doit être prise en compte selon l'ancien calcul. On accède à sa demande et, le 5 août dernier, avec le même numéro de dossier, le même salaire journalier brut de référence, le même métier, Daniel Margot obtient une notification de droits pour une même période de 122 jours mais avec une indemnisation, cette fois, de 77,51 € net par jour, soit 2 402 € par mois. À cinq jours près et s'il ne s'était pas manifesté, ses droits auraient été divisés par trois. Daniel Margot sait désormais à quoi s'attendre, lorsqu'il aura épuisé ses quatre mois d'indemnisation.


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Publié par Francois PONT



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