Les professionnels de Haute-Normandie ont le moral en berne

Evreux (27) L'assemblée générale de la CPIH Haute-Normandie qui s'est déroulée hier après-midi confirme l'inquiétude grandissante des professionnels qui s'attendent, en 2014, à une année noire.

Publié le 10 décembre 2013 à 12:05
C'est dans un tout nouveau restaurant ébroïcien, Le Bistro Italien, que s'est tenue, lundi 9 décembre, l'assemblée générale annuelle de la CPIH Haute-Normandie. Pour son président, Philippe Lefèvre, qui est également vice-président confédéral de la CPIH, pouvoir mettre en avant des professionnels qui s'installent, modifient les codes et s'appuient sur le fait maison comme c'est le cas pour le couple Christophe Hamel et Diane Tessier, est salutaire pour l'image de la profession et son moral. 2013 restera en effet marquée d'une « pierre blanche, mais pas pour de bonnes raisons » déplore Philippe Lefèvre en ouverture des travaux. A l'exception de la Fête de la gastronomie, célébrée pour la deuxième année par la CPIH à Evreux, où 150 repas ont été servis sous chapiteau et applaudis par les convives, qui a été un moment de convivialité réussi et d'enthousiasme, pour la profession, la crise s'aggrave. Fabrice Cazeau, président des hôteliers de Haute-Normandie, constate : « beaucoup d'établissements n'ont pas surmonté la problématique de la sécurité incendie et ils sont suspendus à des avis défavorables. Certains ont fait le choix de passer chambres d'hôtes, ils échappent ainsi à l'encloisonnement de l'escalier… Mais ce n'est pas la solution. Dans un an, il y aura la loi sur l'accessibilité. On dit au gens qu'il faut investir, la plupart le voudrait mais n'a pas les moyens. Pire un bon nombre d'entre eux pensent qu'ils vont devoir cesser leur activité en 2014, dans l'incapacité d'assumer les charges qu'on leur réclame». A ses côtés, Alain Depoix, hôtelier depuis plus de 35 ans, pour lui, les chambres d'hôtes « sont incontournables, elles correspondent à une attente de la clientèle mais il est scandaleux qu'elles ne soient pas assujetties aux mêmes règles qu'un hôtel ; c'est de l'incitation à la concurrence déloyale ». Pour un autre professionnel, qui ne croient pas dans la capacité des Assises du tourisme annoncées à introduire de vrais changements, il faudrait « des décisions gouvernementales qui redonnent immédiatement de la réactivité à l'entreprise. Dans un an, il sera trop tard. » Fabrice Cazeau confirme : « je suis très pessimiste sur l'évolution de l'hôtellerie rurale. ». Un sentiment partagé par les cafetiers. « Nous avons pas mal d'exploitants en fin de carrière qui ne trouvent pas de repreneurs. Les Banques ne suivent pas les nouveaux entrants. Le secteur du café et du bar doit aussi se former. Mais tout cela est très difficile quand les municipalités, les pouvoirs publics, favorisent les associations au détriment des établissements comme les nôtres » résume un patron de bar. « L'augmentation des redressements judiciaires, qui se terminent par une liquidation, devrait alerter nos dirigeants, mais il n'en est rien. 2014 va être une année noire et les augmentations de TVA vont accélérer les défaillances. Il ne faut pas être devin pour le savoir… » soupire à son tour un restaurateur de l'Eure qui regrette que la bonne information n'atteigne pas le consommateur. « Il faudrait peut-être parler hors taxes, dire à nos consommateurs que nos établissements sont pris en tenailles entre des charges, des taxes locales, des matières premières qui augmentent sans cesse, des investissements insurmontables imposés par des lois comme celle sur l'accessibilité… Mais où sera le plaisir pour lui de venir chez nous ? ». Toute la difficulté du message.

Publié par Sylvie SOUBES



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