du 20 décembre 2007 |
VIE PROFESSIONNELLE |
LES PLUS VIEUX BISTROTS ONT UN AVENIR
Sortie du 6e guide des Cafés historiques et patrimoniaux d'Europe
Créée il y a dix-neuf ans, l'association les Mordus des cafés vient d'éditer le guide 2008 des Cafés historiques et patrimoniaux d'Europe. Ces passionnés du zinc ont également organisé l'été dernier des spectacles de chansons d'expression française dans les Bistrots de pays. Rencontre avec leur président, Jacques Jayet.
Propos recueillis par Sylvie Soubes
L'Hôtellerie
Restauration : Quelle est votre
définition du café ?
Jacques Jayet :
C'est un lieu de rencontre, d'échange, une richesse intellectuelle. Combien
d'étudiants ont révisé sur une table de bistrot ? Combien de couples
se sont retrouvés autour d'un café ? C'est un lieu de mémoire et
d'avenir. C'est aussi un rendez-vous familial, culturel, sportif.
Vous ne croyez pas dans la mort
des bistrots ?
Non, en effet. L'histoire le prouve,
un café remplace un autre café. Je veux dire par là que chaque
époque a eu ses bistrots. Le produit café est arrivé sous Louis XIV.
Très vite, la boisson est devenue une mode qui a donné naissance au bistrot.
Les premiers cafés, en tant qu'établissements, sont nés à
Paris. Ils bousculaient la taverne grivoise, dans laquelle on buvait du vin et on
mangeait. Le Procope, qui date de 1686, est l'exemple même de cette transition.
Au XVIIIe siècle, le café était passionné et intellectuel.
Il y a eu ensuite le café charbon, puis le bar-tabac. Aujourd'hui, une nouvelle
époque a commencé. La Coupe du Monde de
Rugby
a montré combien les jeunes aimaient se retrouver dans un café pour partager
et échanger. Le café permet aux hommes de se rencontrer. C'est l'essence
même du café. D'autres générations d'établissements apparaissent.
Il ne s'agit pas d'une fin, mais d'une évolution.
Sur quels critères les établissements
peuvent-ils adhérer à votre association ?
Je voudrais d'abord rappeler que c'est grâce
à Jean-Pierre Boccar que l'association a vu le jour en 1988 et s'est
développée. J'ai été son vice-président pendant douze ans
avant de lui succéder à la présidence des Mordus des cafés.
Les membres fondateurs ont instauré un âge minimum : 80 ans. Le guide
réunit des cafés d'au moins 80 ans. L'autre critère essentiel : c'est
la qualité de l'accueil. Si on ne vous reçoit pas avec un sourire, ce
n'est pas la peine d'aller plus loin. Nous prenons ensuite en compte le savoir-faire
'produits'. Le côté terroir est important. Nous travaillons vraiment
sur les racines culturelles et patrimoniales du café. Nous nous réunissons
en commissions et nous réalisons beaucoup de recherches sur le passé des
établissements.
Quels sont les champs d'action de votre association
?
Nous avons deux axes. D'abord le guide. C'est la
6e édition. Il a changé d'aspect. Nous avons retravaillé
sa couleur, sa forme, son contenu bien sûr et même son touché.
Il ne lui manque plus que l'odeur… Ensuite la chanson. Mais pas n'importe
laquelle, la chanson d'expression française, la chanson à texte. Vous
savez, ce n'est pas si compliqué que ça d'organiser des tours de chants
dans les cafés, mais faire passer un message à la population est plus
compliqué. Il faut faire venir les gens, leur réapprendre à partager
de vrais moments de convivialité autour de la chanson et leur montrer que le
café est une scène merveilleuse pour les auteurs-compositeurs. Malheureusement,
le cafetier n'est pas formé
à l'animation. C'est pourquoi nous avons décidé de retrousser nos
manches et d'organiser des spectacles. Cet été, nous avons animé
les cafés de villages du Var avec Jean-Michel Frelastre de la CCI 83.
Grâce à lui, nous avons mis en place des tours de chants dans des cafés
différents. Nous avons comptabilisé 580 spectateurs, ce qui est pour nous
un succès, car ces soirées se sont déroulées dans de petits
établissements. Les gens sont venus pour écouter mais aussi parler de
la chanson française. J'espère aujourd'hui convaincre d'autres CCI de
nous suivre dans cette expérience qui séduit un large éventail de
clientèles et de professionnels. Je pense que nous faisons le lien entre sens
commercial, culturel et économique. Petit détail pour terminer : les gens
dînent d'abord, et ce n'est qu'après le café que le spectacle commence.
C'est une question de respect, à la fois vis-à-vis du cafetier, qui
essaie de servir le meilleur, et du chanteur.
Sur le web : cafes-historiques.com zzz24
Mémo Les propriétaires des Cafés historiques, membre de l'association, s'engagent à valoriser leurs lieux chargés d'histoire en répondant aux attentes exprimées par les clients ainsi que par les organismes chargés du tourisme dans leur région. À respecter la qualité de l'accueil et à accorder une attention particulière aux personnes en situation de handicap. |
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L'Hôtellerie Restauration n° 3060 Hebdo 20 décembre 2007 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE