Les disparités sont également régionales : Paris et la Côte d'Azur ont surmonté la crise, quand reste de la France peine à en sortir. Dans la capitale, les RevPAR, toutes catégories confondues, sont en hausse de 4 à 6 %. Le résultat est comparable sur Côte d'azur (+ 5 à + 6 %). En revanche, en province, tous les RevPAR sont en baisse (- 2 à - 4 %). Pour Philippe Gauguier, associé chez Deloitte in Extenso, cette situation tient à plusieurs facteurs : "L'hôtellerie haut de gamme et luxe, notamment à Paris, accueille surtout des touristes internationaux, et ces flux ne cessent de progresser. L'hôtellerie de province n'en a pas bénéficié. Elle est davantage fréquentée par une clientèle domestique et d'affaires, en forte diminution en 2012. En revanche, les hôteliers ont maintenu leurs prix dans toutes les catégories, ce qui n'a pas toujours été le cas en période de crise. Pour cette raison, l'hôtellerie économique qui, compte tenu de son modèle ne peut 'faire baisser les leviers' en baissant ses charges, prend de plein fouet l'absence de client."
Les grandes métropoles régionales offrent aussi des situations très contrastées. Le haut de gamme enregistre des chutes importantes dans des villes comme Toulouse (- 26 %), Lille (- 22 %) ou Marseille (- 13 %), alors que Bordeaux, qui a su investir tout en diversifiant ses clientèles, continue de progresser. Dans le créneau milieu de gamme, Strasbourg, Nice, Bordeaux et Montpellier se maintiennent voire progressent en termes de prix moyens. Toutes les autres villes régressent en raison d'une baisse d'activité importante. Enfin, dans les catégories économique et super économique, on remarque une relative homogénéité des RevPAR entre les villes.
Des intermédiaires qui rognent les marges
"Il y a un effet ciseau dans l'hôtellerie qui se précise, souligne Olivier Petit. Il est accentué par l'arrivée de nouvelles chambres sur le marché [+ 5 % entre 2011 et 2013, NDLR], la concurrence accrue des résidences urbaines, alors qu'en même temps l'hôtellerie subit une baisse de fréquentation des clientèles française et d'affaires." Autre sujet de crispation pour les hôteliers, les agences de voyages en ligne. Le montant des commissions qui sont versées à ces intermédiaires aurait augmenté de 28 % entre 2008 et 2012, alors que le chiffre d'affaires de l'hôtellerie progressait de moins de 4 % et l'occupation d'à peine 1 %.
Dans un contexte concurrentiel et encore très incertain, les experts de Deloitte - In Extenso estiment que, compte tenu des éléments de conjoncture économique international, de la reprise du marché américain, et de l'augmentation du tourisme dans le monde, la fréquentation globale de l'hôtellerie devrait être en hausse de 1 ou 2 % en 2013. Dans la continuité de 2012, la croissance devrait surtout profiter à l'hôtellerie de luxe (+ 3 à + 5 %) et l'hôtellerie haut de gamme (+1 % à + 3 %). le milieu de gamme se maintiendra (0 à + 1 %), alors que les catégories économiques seront atones voire en régression (- 1 à + 1 %).
Publié par X. S.