L'Hôtellerie Restauration : Sur quels types de crédit professionnel êtes-vous le plus souvent sollicités ?
Benoit Gary : Nos clients s'adressent le plus souvent à nous pour obtenir un crédit professionnel dans le cadre d'une reprise de fonds de commerce, de type restaurant traditionnel, restauration rapide, bar-tabacs, ou d'une création d'entreprise, dans le secteur de la restauration à thème par exemple. Les demandes dans le cadre d'acquisition de parts sociales concernent plutôt les gros projets au budget proche du million d'euros.
Dans votre région et lors de la création ou de la reprise d'un fonds de CHR, quels sont les montants moyens empruntés ?
La fourchette moyenne des emprunts lors de la reprise d'un fonds de commerce est de 150 000-250 000 €. Elle tombe à 50 000-100 000 € en cas de création d'entreprise.
Quelle est la proportion de l'apport exigé par les banques ?
En premier lieu, il faut bien comprendre que l'apport s'apprécie par rapport au coût global du projet. La majorité des repreneurs font l'erreur de penser que l'apport s'apprécie au regard du prix du fonds. Ils déchantent rapidement s'ils sont mal préparés car il y a beaucoup d'autres coûts à ajouter dans le plan de financement comme par exemple les frais de notaire, le dépôt de garantie, les loyers trimestriels à payer d'avance, les stocks, le fonds de roulement, les travaux de rénovation éventuels... Cela réduit d'autant le poids de l'apport initialement conçu par le repreneur comme venant uniquement en complément du prix du fonds. En second lieu, il est vrai que l'apport standard exigé par les banques est 30 % du plan de financement, mais aucun dossier n'est similaire et ce taux peut varier à la hausse ou à la baisse en fonction de la qualité du dossier présenté.
Quels sont les éléments qui peuvent faire varier la proportion de l'apport ?
Plusieurs éléments différentes peuvent entrer en ligne de compte et seront étudiés au cas par cas. Parfois un apport de 30 % ne sera pas suffisant parce que le banquier juge le fonds trop mal placé, parce qu'il n'est pas convaincu par le profil du repreneur, parce qu'il n'est pas satisfait des garanties attachées au crédit, ou tout simplement en raison de la nature de l'activité reprise. À l'inverse si le projet est bien ficelé, présenté par un professionnel ayant déjà fait ses preuves, soutenu par d'autres sources de financement (prêt participatif, prêt d'honneur, avances brasseur...), et de bonnes garanties, le prêt peut être accordé alors que l'apport est inférieur à 30 %.
Sur quels critères la banque peut-elle refuser un prêt ?
La banque étudie le projet dans son ensemble. En premier lieu, elle va regarder la rentabilité et le prix de cession de l'affaire reprise. Si, selon elle, le prix de vente est trop élevé pour permettre à son repreneur de la développer de manière rentable, elle refusera le dossier. Ensuite, il faut que le prévisionnel de financement soit cohérent et pertinent. C'est là qu'intervient notre expertise. Notre métier de courtier ne consiste pas seulement à mettre le client et la banque en contact, il implique une certaine ingénierie financière qui permettra d'orienter la présentation du dossier de manière à montrer clairement au banquier quelles sont les besoins réels en termes de financement, les sources de rentabilité future, la capacité à rembourser et les garanties en cas de défaillance. Or, pour chaque type d'activité, il y a des ratios standards que le banquier connaît et qu'il vérifiera. Nous les connaissons aussi et nous savons d'emblée ce que le banquier exigera. Nous pouvons donc travailler en amont, avec notre client, pour nous rapprocher le plus possible des exigences des banques.
Une fois le dossier complété, à combien de banques le présentez-vous ?
Idéalement nous contactons quatre ou cinq établissements.
De quel délai dispose le repreneur pour obtenir son financement ?
Il dispose en général de 45 à 60 jours, ce qui est très court. Il arrive qu'il soit obligé de demander un allongement de ce délai.
Quelles sont les activités CHR les plus difficilement finançables ?
Les activités de bars de nuit et de bar pur de campagne ont très mauvaise réputation et trouvent rarement un financement bancaire.
Quels sont les taux pratiqués en cas de reprise de fonds de commerce CHR à Lille et sa région ?
Actuellement les taux sont compris entre 3,30 % et 3,50 % sur sept ans. Il s'agit de taux fixes. Le variable est quasi-inexistant en cas de reprise de fonds. En tout cas, les banques avec lesquelles nous travaillons ne proposent pas de taux variable.
Selon vous, ces taux vont-ils monter ou baisser cette année ?
Les taux ne devraient pas augmenter cette année et ils pourraient même baisser un peu.
Publié par Propos recueillis par Tiphaine Beausseron