du 18 décembre 2003 |
ACTUALITÉ JURIDIQUE |
La réduction du temps de travail dans vos entreprises peut vous conduire à faire exécuter à vos salariés des heures supplémentaires. C'est l'occasion de faire le point sur les règles relatives à leur décompte et à leur paiement.
A partir du 1er janvier 2004, la durée du travail dans les CHR sera limitée à 39 heures par semaine. Les CHR de moins de 20 salariés qui étaient encore à 41 heures par semaine en 2003 devront donc réduire leur temps de travail de 2 heures par semaine pour passer de 41 heures à 39 heures. Cette réduction du temps de travail vous oblige à repenser l'organisation de travail de votre personnel. Toutefois, si vous n'y avez pas encore réfléchi, sachez qu'en attendant de trouver le mode d'aménagement du temps de travail le mieux adapté à votre entreprise, vous pouvez continuer à faire travailler vos salariés sur la base de 41 heures en payant les 2 heures travaillées de 39 heures à 41 heures en heures supplémentaires.
La définition des heures supplémentaires
Sont considérées comme des heures supplémentaires toutes les heures de travail
effectuées par un salarié à la demande de l'employeur au-delà de la durée
réglementaire de travail. A partir du 1er janvier 2004, cette durée est fixée à 39
heures par semaine pour tous les CHR, sauf pour les entreprises de plus de 20 salariés
qui étaient à 37 heures en 2003, qui, elles, conservent une durée réglementaire de 37
heures. Donc, à partir du 1er janvier 2004, les heures supplémentaires sont les heures
travaillées à partir de :
= 40 heures pour les entreprises à 39 heures
;
= 38 heures pour les entreprises à 37 heures.
Comment les décompter ?
Les heures supplémentaires se décomptent par semaine civile, c'est-à-dire du lundi 0
heure au dimanche 24 heures (art. L.212-5 du Code du travail). Cela signifie, notamment,
que vous ne pouvez pas compenser les heures supplémentaires effectuées au cours d'une
semaine par des heures non travaillées la semaine suivante.
NB : En cas de modulation, d'annualisation, de cycle de travail ou de JRTT, les heures
supplémentaires ne se comptent pas par semaine civile, mais dans un cadre spécifique
propre à chaque mode d'aménagement du temps de travail.
Le nombre d'heures supplémentaires est
limité
Vous pouvez demander à vos salariés d'effectuer des heures supplémentaires à condition
de respecter certaines limites, à savoir :
a Respectez les durées maximales de
travail
Même en cas d'heures supplémentaires, la durée de travail de vos salariés ne doit
jamais dépasser les durées maximales journalières et hebdomadaires de travail. Suite à
la décision du Conseil d'Etat du 26 février 2003 rendant l'accord RTT du 15 juin 2001
inapplicable, ces durées ont été précisées par l'administration dans une circulaire
du 17 avril 2003.
Durées quotidiennes maximales
Entreprises à : 37 heures ..... 39 heures
- Cuisiniers : 11 heures ..... 11 heures - Veilleurs de nuit : 8 h 30 ......... 9 heures -
Autres salariés : 11 h 30 ......... 11 h 30
Durées hebdomadaires maximales
Entreprises à : 37 heures ... 39 heures * Durée maximale
absolue : 50 heures ... 52 heures * Durée maximale
moyenne : 46 heures ... 48 heures
Attention !
Vous ne devez pas dépasser ces durées maximales. Toutefois, si cela arrive, cela ne vous
dispense pas de payer toutes les heures supplémentaires effectuées, même au-delà des
durées maximales autorisées.
a Respectez le contingent annuel
Outre ces durées de travail quotidiennes et hebdomadaires maximales, la loi fixe un seuil
d'heures supplémentaires à l'année, seuil au-delà duquel vous devez demander
l'autorisation de l'inspecteur du travail. C'est ce que l'on appelle le contingent annuel
(lire encadré). Dans les CHR, depuis l'annulation de l'arrêté d'extension de l'accord
RTT du 15 juin 2001, ce contingent est fixé par la CCN des CHR du 30 avril 1997 à 160
heures par an pour les établissements permanents, et à 45 heures par trimestre pour les
établissements saisonniers. Au-delà, vous devez demander l'autorisation de l'inspecteur
du travail.
NB : En cas d'application d'un accord de modulation, le contingent annuel est réduit à 130 heures par an (art. D.212-25 du Code du travail).
Comment savoir si vous avez atteint le
contingent annuel ?
A partir du 1er janvier 2004, pour savoir si vous avez atteint le contingent annuel
d'heures supplémentaires, vous devez comptabiliser toutes les heures supplémentaires
effectuées chaque semaine par votre salarié tout au long de l'année. Il s'agit des
heures travaillées à partir de :
= 40 heures pour les entreprises à 39 heures
;
= 38 heures pour les entreprises à 37 heures.
Toutefois, certaines d'entre elles ne sont pas prises en compte dans le contingent annuel.
Ainsi, les heures supplémentaires qui ont donné lieu à récupération (au lieu d'être
payées sous forme de majoration de salaire) ne s'imputent pas sur le contingent annuel
d'heures supplémentaires.
Exemples :
= Au 1er janvier 2004, vous maintenez la
durée du travail à 41 heures dans votre entreprise. Dans ce cas, vos salariés vont
effectuer 2 heures supplémentaires par semaine.
Sur une année de 46 semaines complètes (52 semaines - 5 semaines de congés payés - 4
jours fériés = 46 semaines), cela donne 92 heures supplémentaires, ce qui est
inférieur au contingent annuel.
Toutes ces heures ont été payées et majorées. Elles sont donc prises en compte dans
leur intégralité dans le contingent annuel.
Il faut alors soustraire ces heures supplémentaires du contingent annuel pour trouver le
nombre d'heures supplémentaires auquel vous pouvez encore recourir sans autorisation de
l'inspecteur du travail, ce qui donne 68 heures (160 - 92 = 68).
= Au 1er janvier 2004, vous demandez à vos
salariés de travailler 43 heures par semaine. Dans ce cas, vos salariés vont effectuer 4
heures supplémentaires par semaine. Sur une année de 46 semaines complètes, cela donne
184 heures supplémentaires, mais sur ce total, 50 heures supplémentaires ont donné lieu
à récupération (au lieu d'être payées). Ces 50 heures ne sont pas prises en compte
dans le contingent annuel, ce qui signifie que, sur le total de 184 heures
supplémentaires, seules 134 heures doivent être imputées sur le contingent annuel (184
heures supplémentaires - 50 heures récupérées = 134 heures), ce qui est inférieur au
contingent annuel de 160 heures. Cela vous permet de recourir encore sans autorisation de
l'inspecteur du travail à 26 heures supplémentaires sur l'année (160 - 134 = 26).
Peut-on dépasser le contingent annuel ?
Pour pouvoir demander à vos salariés d'accomplir des heures supplémentaires au-delà du
contingent annuel, vous devez demander l'autorisation de l'inspecteur du travail, après
avoir demandé l'avis de votre comité d'entreprise ou des délégués du personnel quand
ils existent.
Comment payer les heures supplémentaires ?
Depuis l'annulation par le Conseil d'Etat de l'arrêté d'extension de l'accord RTT du 15
juin 2001, vous devez vous référer au Code du travail et à la CCN des CHR du 30 avril
1997 pour savoir comment payer les heures supplémentaires. Ces textes vous donnent le
choix entre 2 modalités de paiement, à savoir : majoration de salaire ou récupération
sous forme de repos.
a MAJORER LE SALAIRE...
Les 8 premières heures supplémentaires effectuées au cours d'une même semaine civile
doivent être majorées de 25 %. A partir de la 9e heure supplémentaire effectuée au
cours de cette même semaine civile, la majoration passe à 50 %.
Exemple :
Vous êtes une entreprise à 39 heures. Au cours d'une même semaine, vous demandez à
un salarié de travailler 52 heures, soit 13 heures supplémentaires. Les premières 8
heures supplémentaires (de 40 à 47) doivent être majorées au taux de 25 %, les 5
suivantes (de 48 à 52) doivent être majorées au taux de 50 %.
Comment calculer les majorations de salaire
?
Les majorations se calculent sur la base du salaire horaire effectif, ce qui veut dire
que, pour calculer ces majorations, il ne suffit pas de majorer le taux horaire du Smic
(ou le taux horaire de base s'il est supérieur au Smic). Il faut recalculer le salaire
horaire à partir du salaire mensuel brut en y intégrant les avantages en nature (Cass.
Soc. 23.3.1989), et, éventuellement, les primes et indemnités ayant le caractère de
salaire. Par contre, le complément différentiel n'a pas à être intégré dans la base
de calcul de la majoration pour heures supplémentaires, car il ne constitue pas la
contrepartie directe du travail fourni. Il permet seulement d'assurer le maintien du
salaire (circ. Aubry du 3 mars 2000).
Exemple :
Vous êtes une entreprise à 39 heures. Pendant le mois de janvier 2004, vous demandez à
vos salariés de travailler 47 heures par semaine. Vous leur demandez donc d'effectuer 8
heures supplémentaires par semaine (47 heures - 39 heures = 8 heures). Ils ont effectué
ces heures supplémentaires de la manière suivante : 2 heures supplémentaires la 1re
semaine de janvier et 8 heures supplémentaires pendant les 4 semaines suivantes, soit un
total de 34 heures supplémentaires devant être majorées de 25 %. Vos salariés sont
payés au Smic et perçoivent un salaire brut mensuel qui est égal à 1 343,45 e, y
compris les avantages en nature nourriture, et un complément différentiel de 62,34 e.
Vous devez d'abord recalculer le salaire horaire effectif. Pour cela, vous devez appliquer
la formule suivante :
Salaire mensuel brut - complément différentiel : durée mensuelle de travail
1 343,45 e - 62,34 e : 169 heures = 7,58 e. C'est ce taux horaire que vous devez majorer
de 25 %.
(7,58 x 1,25) = 9,475 arrondis à 9,48 e
9,48 e x 34 heures = 322,32 e
Au 31 janvier 2004, vous devrez donc verser à vos salariés leur salaire mensuel
habituel, c'est-à-dire 1 343,45 e + 322,32 e au titre des heures supplémentaires =
1 665,77 e.
Où faire figurer les heures
supplémentaires majorées ?
Vous devez payer les heures supplémentaires à la fin de chaque mois, et faire
apparaître sur une ligne distincte du bulletin de paie le nombre d'heures
supplémentaires et le taux appliqué.
Exemple :
Taux horaire
HS à 25 % : 34 h 9,48 e = 322,32 e
a ... OU REMPLACER PAR DU REPOS
Au lieu de payer les heures supplémentaires sous forme de majoration de salaire, vous
pouvez les payer sous forme de repos compensateur de remplacement de 125 % pour les 8
premières heures et de 150 % pour les suivantes. Ainsi, 1 heure supplémentaire majorée
à 25 % peut être remplacée par 1 h 15 de récupération, et 1 heure supplémentaire
majorée à 50 % peut être remplacée par 1 h 30 de récupération.
Exemple :
Vous êtes une entreprise à 39 heures. Pendant le mois de janvier 2004, vous demandez à
vos salariés de travailler 47 heures par semaine.
Vous leur demandez donc d'effectuer 8 heures supplémentaires par semaine (47 heures -39
heures = 8 heures). Celles-ci ont été effectuées à raison de 2 heures supplémentaires
pendant la 1re semaine de janvier, et 8 heures supplémentaires pendant les 4 semaines
suivantes, soit un total de 34 heures supplémentaires. Celles-ci peuvent donner lieu à
un repos compensateur de 125 %, c'est-à-dire à une récupération de 1 h 15 par heure
supplémentaire effectuée.
Au total, vos salariés peuvent récupérer 42 h 30 de repos (34 heures x 1 h 15 = 42 h
30).
Mais attention ! Vous devez donc accorder ces récupérations dans un
délai de 3 mois ou 13 semaines, c'est-à-dire, dans notre exemple, jusqu'au 31 avril
2004. Passé ce délai, vous n'avez plus le choix, vous devez les payer sous forme de
majoration de salaire.
Il vous appartient de décider, en concertation avec votre salarié, quand et comment il
pourra bénéficier de cette récupération (par demi-journée de repos ou par journée
entière).
Ne confondez pas ! a Le repos compensateur de remplacement qui remplace les majorations de salaire pour heures supplémentaires. a Le repos compensateur obligatoire (RCO) qui compense le repos non pris en raison d'heures travaillées, et qui s'ajoute au repos compensateur de remplacement ou aux majorations de salaire. |
Où faire figurer les heures
supplémentaires récupérées ?
Vous devez faire figurer sur son bulletin de paie, ou sur un document annexe, ses droits
acquis en matière de récupération pour heures supplémentaires, sachant que vous devez
préciser :
= Le nombre d'heures supplémentaires
effectuées ;
= Le nombre d'heures de repos compensateur
auxquelles elles donnent droit ;
= Le nombre d'heures de repos attribuées.
Droit à un repos compensateur obligatoire
En accomplissant des heures supplémentaires, le salarié voit son repos réduit d'autant.
C'est la raison pour laquelle la loi prévoit un droit à un repos compensateur
supplémentaire. Ce repos, dénommé Repos compensateur obligatoire (RCO), s'ajoute aux
majorations de salaire et aux jours de récupération (lire encadré : Ne confondez pas
!).
Les règles d'attribution du RCO vont dépendre de l'effectif de l'entreprise. En effet,
selon la loi Fillon, ces règles varient selon que vous employez plus ou moins de 20
salariés.
a Dans les entreprises de moins de 20
salariés
Seules les heures supplémentaires effectuées au-delà du contingent annuel (160 heures)
donnent droit à un RCO. Celui-ci est égal à 50 % du temps de travail accompli en heures
supplémentaires.
Entreprises de - de 20 salariés à 39 h | RCO |
Heures supplémentaires effectuées dans le contingent annuel de 160 heures/an | Aucun RCO |
Heures supplémentaires effectuées au-delà du contingent annuel de 160 heures/an | 50 % de travail accompli au-delà de 39 heures par semaine |
a Dans les entreprises de
plus de 20 salariés (voir tableau ci-dessous)
Dans les entreprises à 39 heures, les heures supplémentaires effectuées à l'intérieur
du contingent annuel de 160 heures donnent droit à un RCO égal à 50 % du temps de
travail accompli au-delà de 45 heures. Par contre, les heures supplémentaires
effectuées au-delà du contingent annuel donnent droit à un RCO égal à 100 % du
temps de travail accompli au-delà de 39 heures.
= Dans les entreprises à 37 heures, le seuil
au-delà duquel les heures supplémentaires donnent droit à un RCO est fixé à 43 heures
pour les heures supplémentaires effectuées dans la limite de 160 heures, et à 37 heures
pour celles effectuées au-delà.
Exemple :
Vous êtes une entreprise de plus de 20 salariés à 39 heures. Sur une année, vos
salariés ont travaillé 47 heures pendant 13 semaines, soit 8 heures supplémentaires par
semaine. Vous choisissez de leur faire récupérer ces heures (repos compensateur de
remplacement). A ce titre, ils ont droit de récupérer 130 heures (8 heures x 1,25 x 13
semaines = 130 heures).
Mais, en plus, ils ont droit à un RCO.
Comme vous ne dépassez pas le contingent annuel de 160 heures, ces heures
supplémentaires donnent droit à un RCO de 50 % d'heures travaillées au-delà de 45
heures chaque semaine.
En travaillant 47 heures, ils ont effectué 2 heures au-delà de 45 heures, ce qui leur
donne droit à 1 heure de RCO x 13 semaines, soit 13 heures de RCO.
(2 h x % x 13 semaines = 13)
Au total, vous devez donc leur accorder 130 heures de repos compensateur de remplacement,
ce qui correspond au paiement des heures travaillées + 13 heures de RCO, ce qui
correspond aux heures de repos non prises à cause des heures de travail accomplies (lire
encadré : Ne confondez pas !).
Qu'est-ce que le contingent annuel ?
Le contingent annuel d'heures supplémentaires est le nombre maximum d'heures supplémentaires qu'un employeur peut demander à ses salariés d'effectuer sans autorisation de l'inspecteur du travail. Pour faire exécuter des heures supplémentaires au-delà de ce contingent, l'employeur doit demander l'autorisation de l'inspecteur du travail. Le contingent annuel sert également de seuil pour le décompte du repos compensateur obligatoire acquis par un salarié. Les règles de décompte sont différentes selon que le nombre d'heures supplémentaires effectuées dépasse ou non ce contingent. |
Quand et comment attribuer le RCO ?
Dès que le repos compensateur obligatoire acquis par le salarié atteint 7 heures, vous
pouvez le lui attribuer par journée entière ou demi-journée à sa convenance. Vous avez
2 mois pour accorder ce repos à votre salarié. Sachant que ce n'est pas parce que votre
salarié ne vous le réclame pas qu'il perd son droit à RCO. Dans ce cas, la loi vous
oblige à demander à votre salarié de prendre effectivement ses repos dans un délai
maximum de 1 an (art. L.212-5-1 du Code du travail).
T. Beausseron zzz60t
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L'Hôtellerie Restauration n° 2852 Hebdo 18 décembre 2003 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE