Rafraîchissement salutaire
L'Hôtellerie n° 2467 du 18 juillet 1996
Non, ils ne regrettent rien. Ni les Delpierre, nouveaux maîtres
de l'Atlantic-La Liégeoise (L'Hôtellerie n° 2452)
ni Jean-François et Marie-Claude Vicomte (lire encadré), patrons
depuis un an du Pub Kennedy ne remettent en question leur choix : le front
de mer de Wimereux à trois kilomètres au Nord de Boulogne-sur-Mer.
Ils sont sans doute parmi les premiers bénéficiaires de la
remise en état de la digue de mer, symbole de la métamorphose
récente de Wimereux.
Ce ne sont pourtant pas des travaux pharaoniques. Mais la digue et la rue
principale ainsi que leurs accès principaux sont repavés et
"meublés", l'assainissement a fortement amélioré
la qualité de l'eau, les infrastructures sont nettes. Les particuliers
emboîtent le pas. Les façades début de siècle
revivent en blanc, bleu et pastel. Les commerçants et CHR suivent
avec leurs moyens. On a édité une petite plaquette nommée
"Villas de Wimereux». La base de voile au Sud de la digue achève
bien l'ensemble urbain. L'environnement naturel tant sur la côte que
dans les dunes et les collines reste relativement préservé.
Le tourisme vert est en essor. Ces efforts capitalisent aussi la venue de
l'autoroute A16 aux portes de la ville. Fausse note, manque encore l'enterrement
des réseaux aériens. Le poteau et les fils entachent la jolie
façade vieux rose du Logis 2* "Speranza".
Alors, la ville joue sa double chance : commune banlieue de Boulogne vivante
toute l'année et cité balnéaire. Avec ses 8.500 habitants
à l'étiage d'hiver, la ville dispose de services suffisants.
S'il pleut, le château musée de Boulogne et le site aquariophile
Nausicaa sont proches. La population passe à 10 à 13.000 unités
pendant les gros week-ends du printemps et approche les 25 000 début
août.
A présent, cap sur l'animation. Wimereux vient de signer avec Etat
Région et Union européenne un contrat de station de 5 MF et
a embauché un animateur. Axe de ce budget : mettre en valeur le concept
«Wimereux station balnéaire 1900», explique Eric
Lossent directeur de l'office de tourisme. Il existe déjà
une fête-clé nommée " Wimereux à la Belle
Epoque" le 18 août. Ce jour là, la ville exploite décor
urbain et façades restaurées. Le succès est déjà
là mais, remarquent les professionnels, il arrive quand les hôtels
sont pleins. On va donc dédoubler l'idée. En août restera
une "fête des bains de mer 1900". Wimereux à la Belle
Epoque sera transférée en juin. Ce n'est pas la seule fête
locale. Wimereux a aussi sa fête de la moule au franc succès
régional. Mais là, il s'agit d'attirer le chaland d'ailleurs.
L'O.T. ne dispose pas de chiffres de fréquentation fiables, pas
plus qu'il n'existe d'observatoire professionnel local.
Eric Lossent constate à titre de tendance que le nombre de contacts
avec l'office est passé de 10.400 en 1991 à 33.500 en 1995
avec une tendance à plus de 45.000 en 1996. Les étrangers
s'étaient manifestés 3900 fois en 1993 et 7.700 fois en 1995.
Les Belges partent de 800 contacts en 1993 et triplent à 2.400 en
1995. Mais ces chiffres ne reflètent pas la même évolution
de la demande à l'hôtellerie. Avec 22.000 demandes en 1995,
le meublé reste la vedette du palmarès. Cela dit, les hôteliers
ne se plaignent pas trop, sans doute parce qu'il n'y a pas surcapacité
sur place. Il y a peu de chambres classées. Onze en trois étoiles,
une cinquantaine réellement disponibles en deux étoiles. Par
conséquent, tout le monde est immédiatement saturé
en saison ou en bon week-end ensoleillé. L'office du tourisme regrette
de ne pouvoir accueillir de groupes du fait de cette faible capacité.
Mais l'extension du marché ne semble pas encore justifier un bond
de la capacité, même si la profession vient de vivre à
Wimereux un excellent printemps. Dès lors, la concurrence d'autres
modes d'hébergement est supportée - «Je travaille
très bien en échange de clientèle avec les gîtes
ruraux», précise le patron de l'Hôtel du centre (2*
25 ch.). Quant à la taxe de séjour on est contre par principe
mais tout en reconnaissant que «la taxe de séjour est équilibrée
par un vrai changement de notre station», dit Monique Butez patronne
de l'hôtel Paul et Virginie et présidente du Club hôtelier
de Boulogne. Forfaitaire, elle est assise sur la capacité de réception
soit environ 4 F par adulte.
Côté restauration, tous les goûts sont servis avec deux
très bonnes tables sur place (La Liégeoise d'Alain Delpierre
et l'Epicure de Philippe Carrée candidats au macaron), et deux étoilés
à cinq minutes de route à Wimille et Boulogne, des hôtels-restaurants
de charme régionaux, des brasseries en nombre suffisant. Le fast-food
n'a pas vraiment envahi la ville. Honnêtement il nous semble que la
digue de mer pourrait supporter une ou deux terrasses de plus. Mais il faut,
pour vivre l'hiver ou simplement les jours de grand vent, disposer d'une
base arrière abritée. L'opportunité immobilière
ne va pas de soi. L'assiette du tarif d'occupation de la digue est jugée
supportable par les locataires : elle correspond à la recette théorique
de cabines de plages sur la même superficie. A. Simoneau
Jean-François et Marie-Claude Vicomte, la force de l'âge,
vendaient des vêtements en ville. Lassés des saisons médiocres,
ils ont repris le Pub Kennedy en juin 1995 sur la digue refaite et ne s'en
plaignent pas. Dans cette gamme, il y a peu de monde sur le site pour raison
immobilière. Installé dans un ancien garage, le pub ne propose
que 40 places dedans, le double en terrasse. Le problème est la violence
des à-coups. C'est tout ou rien, la foule ou le désert. Les
deux tiers du CA en deux mois d'été quinze heures par jour
et plus de la moitié dehors au soleil. La cuisine, pourtant doublée
et refaite, est saturée dès que vient la foule. Résultat
des attentes. Mais en terrasse avec vue sur la mer très proche sans
auto. Les Vicomte ont compris. Ils fermeront deux mois en hiver, et s'organiseront
au mieux en été, pour limiter les impatiences.
Les " Villas de Wimereux " repeintes de frais : on en fait
un livre.
Avec force 6 sur la digue, personne sur la terrasse du Pub
Kennedy. Mais pourtant, les Vicomte y réalisent la plus grande
part de leur chiffre d'affaires.
Le Speranza se passerait de ce poteau télégraphique d'un
autre âge.
A l'entrée de la rue commerçante, le Café de la Mairie qui comme toute a ville s'est refait une beauté.
L'Hôtellerie n° 2467 du 18 juillet 1996