Les apprenties coiffeuses du CFA de Quimper ont démarré leur 2ème année scolaire par un déjeuner avec leur professeur Nicole Quenet. Elles étaient invitées au restaurant d'application du lycée. Le coup de fourchette avant le coup de ciseaux. Leur métier est de soigner l'esthétique de leurs clientes et clients. Au Lycée Chaptal, elles ont conseillé, avec le tact qui s'impose, les adolescentes et adolescents que sont les élèves de la 1ère année du BEP. Des travaux pratiques en grandeur nature.
Gilles Marzin, professeur, est à l'origine de cette intéressante initiative de jumelage, qu'approuve tout à fait le proviseur, Jean-Marc Husson. Il avait visé juste : «La mayonnaise a pris tout de suite. Cela va nous faire gagner plusieurs semaines sur le plan pédagogique. Des conseils venant d'autres adolescents(es) passent beaucoup mieux que des consignes édictées par les professeurs». Surtout quand il s'agit de domaines aussi délicats que la présentation, l'hygiène corporelle ou l'habillement. Difficile, en effet, de dire à un élève -sans risquer de le braquer- qu'il se coiffe avec un clou, que ses ongles sont en deuil ou qu'il s'habille comme un sac. Plus gênant encore de lui faire comprendre que les déodorants ne sont pas réservés aux actrices de cinéma et que les cheveux poisseux sont du plus mauvais effet dans une salle de restaurant.
Eh bien, tout cela a été quasiment réglé en deux heures d'échanges entre les futurs cuisiniers et les apprenties coiffeuses. Avec la petite pointe de complicité et d'humour qu'on imagine dans un groupe d'adolescents, chacun s'est prêté à la critique. «Il n'était pas question pour nous de métamorphoser les élèves mais, bien au contraire, de respecter leurs personnalités. Nos apprenties coiffeuses ont donné des conseils : un coup de crayon à paupières, une manucure ou un chignon pour ramasser des cheveux longs.» Des garçons ont accepté d'autant plus aisément la coupe de cheveux que les ciseaux étaient tenus par une bien jolie petite main. Des filles n'ont pas hésité longtemps à se prêter au maquillage quand elles ont vu le résultat sur leurs copines. Quant aux professeurs, ils sont ravis. Ils ont déjà décidé de renouveler le jumelage l'an prochain. A notre époque, l'image et le visuel ont pris une telle importance. Parions que cette démarche fera école.
A. de Sigoyer
L'HÔTELLERIE n° 2478 Hebdo 10 octobre 1996