Rassurez-vous, nous ne sommes pas des casseurs !» Mardi 8 octobre, en fin de matinée, les hôteliers des Côtes- d'Armor, Dominique Salvi en tête, se sont retrouvés face à un groupe de gendarmes et un huissier de justice. Après les avoir rassurés sur leurs intentions (un rassemblement avec pancartes, marche funèbre, etc.), les professionnels bretons ont pu discuter avec les clients du VVF Castel Ste-Anne de Trégastel. Cette dernière structure accueillait en effet un séminaire organisé par la CRAM et rassemblant de 60 à 80 chefs d'entreprises.
«Nous ne pouvons tolérer qu'un VVF organise ce genre de manifestation, à 190 francs le repas, s'insurge Dominique Salvi, présidente de la FDIH 22. D'autant que j'avais prévenu, début juin, Michel Créarc'h, le responsable du VVF. Il était entendu que si nous relevions des anomalies, nous manifesterions.» Selon la fédération, des plaintes relatives au paracommercialisme ont afflué pendant tout l'été. Mardi 8 octobre, l'ensemble des professionnels de Trégastel, soutenus par quelques hôteliers-restaurateurs voisins, sont donc venus faire entendre leur mécontentement. «Les chefs d'entreprises ont été tout à fait à l'écoute de nos problèmes», rajoute Dominique Salvi. Après leur avoir souligné qu'ils auraient pu être accueillis chez un professionnel, «moyennant un repas à 200 ou 210 francs», les professionnels s'en sont vite pris au paracommercialisme.
«Les VVF sortent complètement de leur vocation première, qui doit être sociale. Ils ont été créés pour loger des familles n'ayant pas les moyens, en vacances, de s'offrir l'hôtel.» Sur ce point, les hôteliers semblent d'accord. Mais ils le sont moins lorsque l'on évoque le VVF Castel de Trégastel. «C'est un véritable trois étoiles, qui vend ses prestations au prix d'une étoile.» Ancien couvent, le VVF reste l'un des plus beaux de l'Hexagone. L'investissement de départ approche les 50 MF, «dont une subvention de 9 MF de la part du conseil général». Sur la qualité de l'accueil, Mme Salvi tient à préciser une chose, «nous ne souhaitons pas que les familles soient accueillies dans des taudis. Mais il y a une différence entre «aussi bien» et «toujours mieux», poursuit-elle. A l'heure actuelle, les VVF sont plus accueillants que les hôtels. Il y a un problème».
Responsable du VVF depuis le début de l'année dernière, Michel Créarc'h s'insurge quant à lui contre cette forme de dialogue «forcé». Rappelant que le terme «social» a largement évolué depuis 1959, date de la création des VVF, Michel Créarc'h rappelle qu'il devient aujourd'hui «impossible de faire du social sans rentabilité économique. Nous évoluons dans un cadre légal», tient-il à rappeler. Lors de séminaires, nous sommes assujettis à la TVA, nous payons une taxe sur les salaires et une taxe professionnelle sur l'ensemble de nos activités taxables». Fier de présenter un taux de remplissage de quelque 92% sur la période d'ouverture, Michel Créarc'h souligne par ailleurs que sa clientèle fait également vivre le commerce local, «et notamment les restaurateurs». Enfin, en ce qui concerne l'activité même du VVF, son directeur conclut, «les VVF ont une démarche novatrice. Nous travaillons aujourd'hui avec des tour-opérateurs pour accueillir des étrangers qui représentent actuellement 12% de notre remplissage. Nous sommes enfin créateurs d'emplois (14 personnes équivalent temps plein) et avons même passé des accords sur le temps de travail».
Même si une prochaine rencontre entre les deux antagonistes ne semble pas à l'ordre du jour, la FDIH continue parallèlement à élaborer le dossier concernant l'auberge de jeunesse. «Nous cherchons à avoir plus d'éléments, concernant notamment le loyer. Si l'on peut prouver que la ville intervient dans la gestion de l'auberge, nous porterons plainte.»
O. Marie
«Nous ne pouvons tolérer qu'un VVF organise ce genre de manifestation, à 190 francs le repas», s'insurge Dominique Salvi, présidente de la FDIH 22.
L'HÔTELLERIE n° 2480 Hebdo 24 Octobre 1996