Antibes, samedi 15 mars 1997, dix-neuf heures trente, le soleil brille timidement caché par les sommets alpins encore emmitouflés dans leur manteau d'hiver. Réunis sur la terrasse du Thalazur, ils sont plus d'une centaine d'hommes et de femmes membres du réseau Inter Hôtel, tous sur leur trente et un. Les yeux brûlés par une nuit de sommeil relativement courte pour certain(e)s, chacun affiche cependant un large et généreux sourire. Ils semblent tous profondément heureux. «Cela fait véritablement plaisir d'appartenir à une entité aux finances saines. On est également contents de voir qu'Inter Hôtel ne reste pas les deux pieds dans le même sabot et s'est enfin sérieusement armée pour franchir le cap de l'an 2000», avoue une nouvelle recrue. A croire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Et bien, aussi incroyable que cela puisse paraître au regard des difficultés économiques rencontrées par différentes chaînes dans ce secteur d'activité, les adhérents Inter Hôtel ont bel et bien eu plusieurs raisons sérieuses de voir la vie en rose au cours du week-end dernier. Que peut-on réellement faire d'autre en effet excepté se réjouir lorsqu'une chaîne volontaire exclusivement composée d'indépendants parvient à souffler ses trente bougies. D'autant qu'Inter Hôtel, née à l'initiative d'une poignée d'hôteliers implantés dans le Sud-Ouest de la France en 1967, n'a pas toujours vécu une vie tranquille. Les nuits «blanches», elle a largement donné. Aujourd'hui néanmoins contrairement à certaines de ses concurrentes, l'enseigne, qui totalise 184 hôtels deux et trois étoiles (8.096 chambres) dont 65% avec restaurant, a su tirer son épingle du jeu et figure d'ailleurs en tête des groupements indépendants hexagonaux derrière les Logis de France (en terme de nombre d'adhérents).
Mais, mieux encore ! L'association loi de 1901, devenue société anonyme à capital variable en 1988 (comprenant un conseil de surveillance et un directoire), s'est transformée en une véritable entreprise. Dotée désormais de commerciaux spécialisés en fonction de chaque segment de marché attaqué (groupe, tour-opérateur, société) ainsi que d'un service à la carte de commercialisation de proximité (3 personnes) et d'une centrale de réservations (aux environs de 135.000 nuitées en 1996), la chaîne ne cesse d'augmenter son chiffre d'affaires.
«La centrale de résa a généré jusqu'à 16 millions de francs en 1996 contre 13,5 millions au cours de l'exercice antérieur et plus de 8 millions de francs en 1993», souligne Jean-Pierre Mansoux, directeur général d'Inter Hôtel. Et les choses ne devraient pas s'arrêter en si bon chemin. Grâce à l'adhésion récente d'Inter Hôtel à Minotel Europe (signée en juin 1996) à la suite de la liquidation judiciaire de France Accueil, la chaîne voit en effet beaucoup plus grand.
«On peut raisonnablement atteindre un chiffre d'affaires de 25 millions de francs pour la centrale dès la fin 1997», prévoit confiant le directeur général. Les hôteliers Inter Hôtel devraient également bénéficier d'autres retombées importantes par le biais de Minotel Europe notamment à travers leur représentation sur Internet et les connexions aux GDS via le système Reserhôtel (basé à Atlanta). De quoi combler chacun des membres !
Ajoutons en outre que la santé financière de la société peut aussi procurer à ces derniers une certaine satisfaction. Oubliés effectivement les années périlleuses. A l'heure actuelle, même l'expert- comptable de la chaîne tient des propos encourageants. «Comme d'autres réseaux d'indépendants, Inter Hôtel doit s'astreindre à encaisser ses cotisations en temps et en heure. En attendant, elle affiche pour le moment un bilan satisfaisant», explique l'intéressé.
Reste toutefois encore deux ombres au tableau : l'homogénéité du groupement et sa notoriété auprès du grand public. Bien qu'ayant d'ores et déjà largement oeuvré à l'élimination des établissements néfastes à la réputation de la chaîne (sur treize départs l'an passé, cinq exclusions ont été prononcées en raison d'une qualité défaillante), les nouvelles équipes dirigeantes composées de Jean Lavergne à la tête du directoire et Robert Maury au Conseil de surveillance, devront impérativement maintenir la pression dans ce domaine. Ce de manière d'autant plus stricte qu'Inter Hôtel souhaite communiquer avec le public.
«Il est clair aujourd'hui que nous ne sommes pas connus des gens de la rue. Il va donc nous falloir mettre en place tous ensemble un projet d'entreprise afin de mieux dialoguer avec nos clients potentiels», déclare Jean Lavergne. Pour l'heure, la chaîne a déjà franchi un premier pas en adoptant un nouveau logo. Traitée en bleu, blanc et rouge, cette nouvelle typographie est enfin dynamique à l'image des années actuelles. Composé d'une étoile, d'une fleur ou bien encore d'un petit personnage agitant les bras dans un soleil rouge, chacun peut laisser libre cours à son imagination en observant ce logo inédit. De toute évidence, ce dernier dénote par rapport aux autres enseignes parfois apposées à ses côtés. A savoir d'ailleurs, s'il est opportun pour parvenir à appréhender et fidéliser la clientèle d'arborer différents logos...
C. Cosson
De gauche à droite : MM. Robert Maury, président du Conseil de Surveillance et Jean Lavergne, président
du Directoire d'Inter Hôtel.
* 1.600 employés
* 8.096 chambres
* Chiffre d'affaires total HT de 844.682.650 F
* Montant gros travaux sur 5 ans 427.537.130 F
Exercice 91/92 | Exercice 92/93* | Exercice 94 | Exercice 95 | Exercice 96 | |
Capital social | 1.715.610 | 1.754.000 | 1.834.000 | 1.908.000 | 1.987.000 |
C.A H.T. | 6.464.908 | 10.059.621 | 6.767.545 | 7.510.419 | 8.878.974 |
Rés. avt impôts/ | 9.766 | 1.406.686 | 434.353 | 428.933 | 624.899 |
amortissements/ | |||||
provisions | |||||
Rés. apr. impôts/ | -231.694 | 369.857 | 39.776 | 135.470 | 210.454 |
amortissements/ | |||||
provisions | |||||
Provisions bilan | 208.388 | 1.055.600 | 1.280.234 | 1.336.104 | 1.313.475 |
* Exercice de 18 mois |
L'HÔTELLERIE n° 2502 Hebdo 20 mars 1997