Au Moulin Blanc, le «Tour du Monde» surplombe les quais du port de plaisance noir de monde en ce lundi de Pentecôte. Par les baies vitrées ouvertes sur l'océan, les clients du bar embrassent du regard la flottille des bateaux escortant le fin coursier d'Olivier de Kersauson, «Sport-Elec».
En novembre 1993, ce dernier, avec son ami Fabrice Gieules, aujourd'hui gérant et trois autres associés ouvrent ce bar moules-frites dans le port du Ponant. Ils créent un lieu sobre, mais convivial rappelant la rudesse et la solidarité du monde de la mer. Assis sur des bancs, attablés par huit, les clients du jour amateurs de voile, surfers et autres terriens curieux s'interpellent bruyamment. Ils lient connaissance et engagent des conversations autour de l'exploit de l'Amiral. En effet, à la barre de son trimaran blanc de 27 mètres, il a réalisé le tour du monde en 73 jours 22 heures 17' et 22''. Il devance ainsi le Néo- Zélandais Peter Blake de 3 jours 7 heures 59' et 14''. Dans ce bar où tout est dédié à la mer, le record inattendu établi par le marin brestois d'adoption revient dans tous les propos.
Le héros et son équipage sont certes fêtés, mais au «Tour du Monde», le nombrilisme on n'aime pas trop. Et si le décor respire les embruns, la clientèle de l'établissement est variée, composée pour moitié seulement de plaisanciers. Selon Fabrice Gieules, «ici, tout le monde trouve sa place. L'après-midi, nous avons peu de marins et le dimanche les familles et les groupes d'amis profitent du spectacle de l'incessante activité du port de plaisance».
Un équipage de 10 employés dont 7 à plein temps assure la manuvre à bord de ce vaisseau de 250 m2 et d'une capacité de 100 places assises. Malgré les 50 m2 supplémentaires de terrasse, le bar n'était pas suffisant pour profiter de la manne offerte par la dizaine de milliers de spectateurs venus assister à l'arrivée de «Sport-Elec.» Ainsi, pour faire face à la vague, Fabrice Gieules a recruté temporairement 25 personnes et monté des bars à l'extérieur de son établissement.
Lors du dernier exercice, le «Tour du Monde» a réalisé un chiffre d'affaires de plus de 4 millions de francs. Les moules-frites génèrent une bonne partie de ce résultat. En effet, plus de 30 tonnes de moules sont traitées chaque année à raison de 100 couverts par jour. Et malgré une carte réduite (4 bières pression et 5 bières en bouteilles), la consommation de bière profite du dynamisme du service restauration où le ticket moyen se monte à 65 francs le midi et à 75 francs le soir.
L. Prié
Une foule d'admirateurs pour l'arrivée de l'Amiral, Olivier de Kersauson.
Triste fin pour le bâtiment qui abritait le restaurant Schillinger à Colmar : il a été démoli à la fin du mois de mai. La société immobilière Bartholdi, dotée d'une promesse de vente de la famille, s'est chargée de ce chantier. Devant un nombre impressionnant de badauds, il n'a fallu qu'un jour et demi aux pelleteuses pour venir à bout des quatre étages calcinés. Dans les amas de poutres, de ferrailles et de gravats, on distinguait encore des carnets à souches à l'entête du restaurant ou de vieux ustensiles de cuisine en inox. Le bâtiment, détruit le 27 décembre 1995 par un incendie, sans doute criminel, qui avait coûté la vie à son chef Jean Schillinger, était resté en ruine depuis cette date. La solution de la reconstruction avait été immédiatement abandonnée.
L'immobilière Bartholdi n'a pas encore défini le contenu exact du bâtiment qui prendra la place vacante. Le constructeur ne prévoit pas de restaurant, mais un espace réservé à des services ou des commerces, surmonté d'un étage de bureaux et de quatre à six appartements. Le tout sur une surface d'environ 1.500 m2. «Le futur immeuble reprendra globalement l'architecture de l'existant, explique Emmanuel Lenys, l'architecte. J'y ajouterai un oriel d'angle surmonté d'une tourelle en forme de toque, en hommage à Jean Schillinger.»
Par ailleurs, le contenu de la cave -14.000 bouteilles épargnées par l'incendie- a été vendu aux enchères dans le cadre de la procédure de succession. Dans la salle mise à disposition par un négociant de la région, il y avait peu de restaurateurs. Quelques particuliers avaient fait le déplacement, mais ce sont d'abord les marchands qui étaient venus s'approvisionner. Après un hommage solennel rendu à Jean Schillinger, les Mouton Rotschild, Château Brion et autres Romanée Conti ont facilement trouvé acquéreur. Les mises à prix (1,3 million de francs au total) ont été dépassées en moyenne de 30%. Une caisse de Château Clinet proposée à 800 francs a même atteint le prix exceptionnel de 14.000 francs. «La plupart de ces bouteilles vont partir aux Etats-Unis», note Freddy Mendel, le notaire mulhousien chargé des enchères. Sur l'héritage du chef alsacien, son héritage part faire le tour du monde...
O. Lacour
Le restaurant de Jean Schillinger à Colmar a été démoli à la fin du mois de mai.
Le Concorde Palm Beach de Marseille, hôtel 4 étoiles du bord de mer appartenant au groupe familial Delprête, qui réalise un chiffre d'affaires annuel de 38 MF, va investir 20 MF pour rénover totalement ses 145 chambres dans les deux ans. La nouvelle décoration adoptera un style colonial, en phase avec l'atout mer que joue l'établissement. La réalisation de chambres témoins est en cours.
Dans cette optique d'ailleurs, il dispose depuis le mois de mai d'un centre de plongée intégré qui fonctionne en permanence au sein même de l'établissement, proposant diverses formules de week-end ou de court séjour et attirant des fanatiques de Suisse, Belgique et Hollande.
Equipé d'un amphithéâtre de 350 places, de deux grandes salles de 500 et 250 m2, ainsi que d'une vingtaine de salles de réunions de tailles diverses, le Concorde Palm Beach est spécialisé dans l'activité séminaires qui représente 25 à 30% de son chiffre et dans la clientèle individuelle d'affaires. Il annonce un taux de remplissage à l'année de 62%, en légère amélioration, bien que les 70% des belles années soient encore loin, mais veut développer plus encore sa clientèle de tourisme et de loisirs afin d'accroître son taux de remplissage estival.
L'établissement est également doté de deux restaurants, un grill (prix moyen à 100 F) et un restaurant gastronomique spécialisé dans le poisson (premier menu à 178 F), soit au total 110 couverts auxquels s'ajoutent 80 places en terrasse. Ces restaurants travaillent essentiellement avec une clientèle marseillaise.
La Société hôtelière Palm Beach gère également le Concorde Prado (3 étoiles) qui dispose actuellement de 50 chambres, la moitié de l'établissement ayant été transformé en studios longue durée il y a deux ans. Elle est actionnaire à 25% de Sud Tourisme, grand salon annuel rassemblant les professionnels du tourisme du Grand Sud, qui lui apporte une image de marque et une notoriété appréciable.
L. Casagrande
L'HÔTELLERIE n° 2513 Hebdo 5 juin 1997