Aux 420.000 spectateurs marseillais, parmi lesquels figurent officiels (300 personnes pour la seule Fédération internationale de football amateur -et médias, 500 en moyenne par match selon le CFO), s'ajouteront
leurs accompagnants (conjoints et familles) et techniciens divers.
Au total, on attend un flux global de visiteurs de l'ordre de un million de personnes. Combien logeront en hôtel ? Difficile à dire, car beaucoup de supporters viendront de la grande région et repartiront le soir même. Mais les hôtels seront mobilisés à cent kilomètres à la ronde, jusqu'à Toulon, Arles et Avignon. "On sait d'ores et déjà par exemple que 30.000 Brésiliens vivent en France et que leur pays jouera au moins un match à Marseille. Il est clair qu'une bonne partie d'entre eux viendront soutenir leur équipe", estime Alain Bonnet, directeur de l'Ibis Bonneveine, assurant l'interface avec la centrale de réservations Mondiresa pour l'hôtellerie économique du groupe Accor.
Mondiresa refuse actuellement de diffuser la liste des hôtels ayant déjà signé un contrat avec elle, hormis celle des établissements réservés aux médias, seule liste officielle et définitive (voir encadré).
Mais selon la dernière mise à jour circulant actuellement et que L'Hôtellerie a pu se procurer, le groupe Accor qui dispose de 31 établissements 2 et 3 étoiles sur le périmètre concerné (Sofitel, Novotel, Mercure, Ibis), aurait mis 1.150 chambres en allotements sur une capacité totale de 3.000 chambres. Une proportion conforme aux préconisations du groupe qui a demandé à ses établissements de confier à Mondiresa 30 à 40% de leurs chambres. Selon Marc Thépot, directeur régional Sud-Est de Sphère International (Accor), ces taux seraient actuellement dépassés sur le site de Marseille et atteindraient 50 à 60%.
Mondiresa tente également de convaincre les hôtels indépendants. Mais ces derniers ne se précipitent pas pour l'instant. Une vingtaine d'hôteliers seulement, chaînes comprises, assistait à la réunion organisée récemment à Marseille par la centrale de réservations.
La Coupe du monde ne se déroule en effet que sur sept jours éparpillés au cours du mois de juin. Or, certains établissements craignent, en bloquant leurs chambres pour ces quelques jours, de ne pouvoir satisfaire leur clientèle habituelle, forte à cette période de l'année (séminaires, congrès, mariages...). Et d'être au bout du compte perdants.
«Cette clientèle-là ne viendra de toute façon pas, car la foule attendue pour la Coupe du monde la fera fuir», rétorque Mondiresa, auquel font écho des professionnels convaincus, tel Georges Antoun, le président du CHR 13, également P-dg de la chaîne New Hôtel dont les sept établissements de Marseille, Toulon, Arles et Montpellier (420 chambres au total) sont concernés par la Coupe du monde. «Je garderai certes une part de mes chambres pour mes clients habituels. Mais hormis cela, il n'y a pas d'autre alternative que Mondiresa, qui bénéficiera d'une reconnaissance impossible à concurrence», affirme-t-il.
La plupart des établissements de standing de la ville se rallient à cette opinion, tout en relativisant l'impact que Mondiresa a pour eux.
"Nous avons déjà été contactés directement et une bonne partie de l'hôtel était déjà réservée lorsque nous avons été sollicités par Mondiresa", remarque François Delprête, P-dg du groupe dirigeant le Concorde Palm Beach et le Concorde Prado.
Dominique Gaffajoli, président délégué des hôteliers indépendants du CHR 13 et P-dg de la SA Hôtel de Rome et Saint-Pierre, un 3 étoiles traditionnel, fait un constat similaire. «J'ai été contacté par une agence de voyages belge, spécialiste de grandes opérations sportives, avant même que Mondiresa ne me fasse signer. J'ai donc partagé la poire en deux pour l'instant. Mondiresa est un peu plus intéressante financièrement puisqu'elle m'achète la chambre à mon prix habituel. Mais elle la revend au public avec une majoration de 25% : cela fait cher et je crains que cela ne nuise à mon image de marque vis-à-vis de la clientèle...»
D'autres hôtels de standing, comme le Bleu Marine 3 étoiles d'Aix-en-Provence, qui appartient il est vrai au groupe Envergure, concurrent direct d'Accor, refuse carrément d'intégrer le système qu'il juge léonin.
"Nous garderons au moins un tiers de nos chambres à nos tarifs habituels pour nos clients fidèles (entreprises des environs essentiellement). Nous misons sur le fait que la Coupe du monde sera pour eux l'occasion de faire plaisir à leurs partenaires ; pour nous, ce sera l'occasion de les attacher plus encore à notre établissement, explique Loïc Genoux, le directeur. Nous comptons aussi sur notre clientèle internationale, japonaise avant tout, qui nous a déjà contactés. Et s'il nous reste, le moment venu, quelques chambres libres, soit nous les vendrons au prix fort si la demande existe, soit nous en ferons carrément cadeau à de bons clients auxquels nous fournirons aussi l'accès à un match. A nos yeux, la Coupe du monde est un outil pour le long terme.»
"Accor et indépendants réunis, nous avons pour l'instant signé avec 62 établissements dont 25 intra-muros et une quarantaine alentours, affirme Jean Louis Zevaco, directeur général de Mondiresa. Ils nous ont donné 2.700 chambres en allotements sur une capacité de 6.800. Nous organisons l'hébergement de la clientèle cible par cible : les officiels de la Fifa et du CFO, pour lesquels nous avons déjà retenu les meilleurs hôtels de chaque site, dont le Sofitel à Marseille, entièrement réquisitionné ; les médias ; les équipes ; les sponsors. Viendront ensuite les TO qui seront agréés, mais que l'on ne connaît pas encore. Nous ne nous préoccupons pour l'instant pas du public français, qui représente 65% des billets vendus, mais qui, pensons-nous, se débrouillera par ses propres moyens. C'est pourquoi nous ne prenons pas d'allotements dans les 1 étoile."
Selon la liste dont L'Hôtellerie a eu connaissance, une quarantaine d'indépendants auraient donné leur accord sur la zone couverte par le site marseillais, dont une vingtaine dans l'agglomération Aix-Marseille et ses environs immédiats. Soit de l'ordre de 800 chambres mises en allotements, sur environ 2.500 disponibles. S'y ajoutent les quatre résidences «Les Citadines" d'Aix et Marseille, retenues pour héberger les médias.
"Nous avons encore très peu de demandes d'information de la part de nos professionnels", reconnaît Marc Chemin, directeur du CHR 13. Mais sans doute seront-ils plus motivés après le tournoi de France qui se déroulera du 3 au 11 juin à Montpellier, Lyon, Nantes et Paris. Ce sera un premier test pour Mondiresa qui en organise l'hébergement..."
Dominique Gaffajoli, fan de football autant que d'hôtellerie, estime de son côté que les hôteliers ne pourront véritablement se positionner qu'après le tirage au sort du 4 décembre : "Certaines équipes sont quasiment inconnues et n'attireront personne ; pour d'autres, comme l'Italie, les supporters pourront rentrer dans leur pays le soir même..."
Une analyse que partage Jean-Louis Zevaco, peu inquiet des réticences actuelles. "On ne connaîtra le besoin exact de la ville qu'après le tirage au sort. Marseille manquera sans doute de chambres les jours de matches, mais ce n'est pas un problème : s'il le faut, on emmènera les gens loger sur un autre site, les supporters ne tiennent pas spécialement à rester à Marseille", estime-t-il, un brin perfide...
Le directeur général de Mondiresa met par ailleurs les francs-tireurs en garde : «Certains hôtels ont déjà loué directement toutes leurs chambres pour les jours des matches : qu'ils ne comptent pas utiliser Mondiresa en dépannage les autres jours : nous les refuserons !»
Mondiresa a cependant pris conscience du déficit de communication dont souffrent les hôteliers et s'apprête à lancer auprès d'eux une campagne de communication "afin d'allumer régulièrement les warnings". Dans les jours qui viennent, un courrier sera adressé à chacun d'eux.
"Par ailleurs, annonce Jean-Louis Zevaco, nous allons embaucher des responsables de site dès juin 97, alors que nous n'avions prévu de le faire que pour juin 1998. Profil recherché : de bons directeurs d'hôtels tournés vers les relations publiques qui seront détachés pendant un an auprès de Mondiresa..."
Cette décision devrait satisfaire Rémy Pallet, responsable, au sein du Comité français d'organisation de la Coupe du monde (CFO), des opérations intérieures du site de Marseille. Il estime en effet ne pas avoir actuellement suffisamment d'informations de la part de Mondiresa. "Cela nous gêne pour la mise en place de l'ensemble de la logistique, remarque-t-il. Le CFO est par exemple chargé de l'accueil des 12.000 VIP qui vont venir à Marseille, mais c'est Mondiresa qui s'occupe de leur hébergement et nous ne savons pas encore comment cela va s'organiser..."
Pour le tirage au sort de la Coupe du monde, Mondiresa aurait déjà retenu des allotements pour plus de 600 chambres du 28 novembre au 5 décembre, afin d'héberger les membres de la Fifa, du CFO et d'ICL (top sponsor) au Sofitel, Novotel, Holiday Inn, Mercure-Centre, Pullman Beauvau, à Marseille et au Pigonnet à Aix.
Les délégations des 32 équipes seront également sur place. Le jour du match qui verra s'affronter une équipe composée de joueurs européens et une équipe composée de joueurs des autres pays du monde, 33.000 personnes seront invitées. Parmi elles, environ 20.000 jeunes, qui ne resteront que la journée et environ 10.000 invités d'honneur, représentants de la Fifa et des médias, dont une bonne partie séjourneront deux ou trois jours à Marseille.
"Mais, reconnaît Rémy Pallet, on ne sait pas encore combien de personnes cela représentera, ni où elles seront hébergées, Mondiresa ne nous ayant pas donné d'informations à ce sujet non plus. Nous souhaitons le savoir au plus tard le 30 juin, date à laquelle nous commencerons à distribuer les accréditations, afin de mettre en oeuvre toutes les dispositions concernant la sécurité.»
Mais, répond-on à Mondiresa, le nombre de personnes accréditées pour le tirage au sort ne sera sans doute connu qu'après l'été, période à laquelle, espère la centrale de réservations, la France commencera à se mobiliser...
L. Casagrande
Selon Marc Thépot, directeur régional Sud-Est de Sphère International (Accor), 50 à 60% des chambres du groupe Accor autour de Marseille seront commercialisées par Mondiresa.
Georges Antoun, président du CHR 13 et P-dg du groupe New Hotel :
«Je garderai certes une part de mes chambres pour mes clients habituels. Mais hormis cela, il n'y a pas d'autre alternative que Mondiresa, qui bénéficiera d'une reconnaissance
impossible à concurrence».
Sur les 60.000 billets disponibles pour chaque match, 25.000 seront vendus en direct et «secs» (sans hébergement) au grand public ; 15.000 sont réservés aux institutions, top sponsors, gros porteurs et entreprises et 20.000 aux tour-opérateurs étrangers.
Les matches du premier tour sont déjà commercialisés et dans ce cadre, un lot de 25.000 «pass 98» donnant accès à cinq matches du premier tour et un match des huitièmes de finale ont tous été vendus cet hiver, en majorité à des habitants de la grande région. La billetterie des huitièmes et quarts de finale n'ouvrira qu'après le tirage au sort du 4 décembre prochain.
Les 32 équipes qui joueront à Marseille (soit en incluant leurs délégations, un total de 1.380 personnes) seront logées pendant les quatre à cinq jours d'entraînement précédant leurs matches à l'extérieur de la ville. Sont prévus pour l'instant les hôtels suivants : Le Pigonnet et le Domaine de Tournon à Aix-en-Provence, Le Sevan à Pertuis, le Moulin de Vernègues à Mallemort, l'Hélios à Six-Fours, le Saint-Roch à Martigues, le Frégate à Saint-Cyr et le Prieuré à Villeneuve-lès-Avignon.
Mondiresa a élaboré sa sélection d'hôtels pour les médias à qui ils proposent des prix à la nuit ou des forfaits de 18 à 36 jours (sur site unique ou itinérant). Quatre étoiles : Holiday Inn Prado à Marseille. Trois étoiles : Citadines Centre et Prado à Marseille ; Citadines Jas de Bouffan et Forbin à Aix-en-Provence ; Maeva Prado, Mercure Bonneveine, New Hôtel Sélect et New Hôtel Bompard à Marseille. Deux étoiles : Ibis Prado, Ibis Bonneveine et Ibis Aéroport à Marseille.
L'HÔTELLERIE n° 2513 Hebdo 5 juin 1997