Ainsi, la profession est dotée d'un secrétariat d'Etat au Tourisme. Dans un ministère «ramassé», les observateurs pouvaient craindre la disparition pure et simple du secteur de la nomenclature gouvernementale, ou au mieux son discret rattachement, au choix, au Commerce extérieur, aux PME, aux Transports, voire à l'Equipement ou à l'Environnement.
Pas besoin d'être passé par la rue Saint-Guillaume pour constater que ce secrétariat d'Etat au Tourisme est le résultat du savant dosage politique qui préside à la constitution d'un gouvernement, quelle que soit la majorité à l'Assemblée nationale. Encore une fois, le tourisme a servi d'appoint au délicat équilibre des forces en présence, et encore une fois, il faut se demander s'il est vraiment utile de continuer à réclamer une représentation auprès des instances gouvernementales.
De deux choses l'une : ou le tourisme est considéré comme une activité économique majeure, et il mérite mieux qu'un strapontin ministériel, ou il est tenu pour quantité négligeable et donc ne justifie pas d'occuper un responsable gouvernemental à plein temps.
La nomination d'un secrétariat d'Etat, dont le titulaire ne sera convié qu'épisodiquement au Conseil des ministres, reflète l'ambiguïté du positionnement des activités touristiques. Nul ne remet en cause aujourd'hui son importance dans le développement économique d'une nation, son rôle dans l'équilibre des comptes extérieurs, son apport en termes d'emplois et d'investissements. Mais le mot «tourisme» est dans l'esprit des technocrates assimilé trop rapidement aux loisirs, aux activités de détente, bref un secteur peu digne d'intérêt pour les économistes éminents qui ont la charge des affaires de la nation.
En 1989, il faut se souvenir d'une prise de position de M. Strauss-Kahn, alors président de la Commission des finances de l'Assemblée nationale, qui s'était déclaré candidat à une fonction gouvernementale, «à condition qu'on me propose autre chose que les anciens combattants ou le tourisme». Il est vrai qu'en huit ans, le professeur d'économie a pris du galon. Espérons que sa vision du tourisme aura évolué...
Car il ne faut guère se leurrer : entre la marche vers la monnaie unique européenne, la lutte contre le chômage, la maîtrise des déficits publics et le financement de la protection sociale, rares seront les ordres du jour gouvernementaux où le secteur du tourisme pourra faire valoir ses intérêts.
Il faut souhaiter à Mme Demessine, secrétaire d'Etat au Tourisme, de pouvoir exercer de larges responsabilités à l'égard du secteur dont elle a la charge, secteur qui ne se limite pas aux VVF et aux auberges de jeunesse.
L.H.
L'HÔTELLERIE n° 2513 Hebdo 12 juin 1997