Propriétaire d'un petit café, le «St-Trélody», en banlieue de Lesparre, Louise Koekoek, 45 ans, mère de trois enfants dont un à charge, très handicapée physiquement après plusieurs interventions chirurgicales, sollicite, en janvier dernier, une pension d'invalidité auprès de la Caisse d'assurance vieillesse du commerce et de l'industrie du Sud-Ouest atlantique. Elle est persuadée que son cas est flagrant et souhaite simplement assurer au mieux un avenir qui s'annonce difficile. D'autant que le café, victime entre autre de la concurrence d'un club house voisin, maintient avec peine une clientèle de retraités, de campagnards et de gitans plutôt petits consommateurs. Et puis, Louise n'a pas grand monde autour d'elle pour prendre la suite. Elle espère donc qu'une pension pourra compenser les quelque 6.000 F qu'elle gagne péniblement par mois. Pousser au maximum la survie de son bistrot en le mettant, par exemple, en gérance devient très aléatoire. Elle a essayé de le vendre pour louer la maison. Sans succès. Le 10 septembre, la décision du tribunal du contentieux de la DRASS tombe : la requête est rejetée. Au motif que «Louise Koekoek ne présente pas une invalidité totale et définitive l'empêchant de se livrer à une activité rémunératrice quelconque»...
C'est pourtant avec un dossier médical très circonstancié que Louise Koekoek se présente devant le tribunal du contentieux. Un dossier qu'elle n'hésite pas à ouvrir : «En 1988, j'ai été opérée d'un neurinome de l'acoustique qui m'a laissé une surdité totale de l'oreille gauche, une instabilité de l'équilibre et une paralysie faciale. A 13 ans, j'avais été opérée au genou gauche ; depuis j'ai une jambe plus courte. Je souffre de troubles circulatoires importants. Si je me tiens debout trop longtemps, je tombe. Il faut même que je dise aux clients, quand je suis au bar : venez chercher vos consommations, elles sont prêtes !»
Le dossier de la commission de la caisse d'assurance vieillesse donne pourtant, lui aussi, dans sa froideur, toutes les précisions sur l'état de Mme Koekoek : démarche ébrieuse avec instabilité très importante tant à la marche qu'à la station debout ; tendance à la chute même les yeux ouverts, voix rauque et mal articulée, plaie suppurante, etc., etc.
Louise fait peut-être une erreur quand elle est convoquée devant la commission, elle ne désigne pas de médecin; la caisse, elle, est très bien représentée. «C'est vrai, reconnaît-elle. Mais mon médecin traitant, un généraliste du coin, n'a jamais cru à la gravité de ma maladie. Il me disait, quand j'allais le voir, que si je ne me tenais pas debout c'était parce que je buvais !»
Au fil des mois, l'état de santé de Louise ne fera qu'empirer.
«Je ne savais plus à qui m'adresser, puis j'ai pensé au syndicat de l'hôtellerie. Je leur ai expliqué la situation. Ils sont intervenus. J'ai déjà un peu plus d'espoir.» En contactant le syndicat général de l'industrie de la Gironde, Louise Koekoek paraît bien avoir eu une bonne idée. Serge Pétoin, le président du syndicat, alerte aussitôt la Direction des affaires sanitaires et sociales pour faire admettre le bien fondé de la requête de Louise, mais également le ministère des Affaires sociales et de la Solidarité nationale, à qui il pose la question essentielle : «Dans le cas où il n'est pas reconnu invalide à 100 %, un travailleur indépendant, ici un professionnel de l'hôtellerie, ne peut absolument pas prétendre à une pension d'invalidité. Ce professionnel ne peut pas tenir son établissement. Ne pouvons-nous pas, une fois pour toutes, prévoir une possibilité d'invalidité partielle, avec la révision, voire l'annulation, de cette décision en cas d'amélioration de l'état de santé de la personne concernée ?» Car le règlement de la DASS peut aussi bien se résumer en une formule lapidaire : l'invalidité totale ou le travail forcé !
On ne préjugera pas du résultat de cette intervention. Un premier indice est cependant apparu. La Direction des affaires sanitaires et sociales de Bordeaux aurait admis que le cas de Louise Koekoek est sérieux et que l'on peut en rediscuter.
L'affaire évoque certes une fois de plus les rigueurs et les pièges de la loi. Elle montre aussi combien est nécessaire la solidarité, soulignant en l'occurrence l'efficacité potentielle de l'action syndicale. Même si, à Lesparre-Médoc, on parle de l'avenir du café «St-Trélody» comme d'une mort annoncée, le sauvetage de Louise fait figure d'exemple.
J.-C. Cougoule
Louise Koekoek, au comptoir du «St-Trélody», à Lesparre-Médoc. Malgré un lourd handicap elle est obligée de travailler n'ayant pas droit à une pension d'invalidité. Une affaire mal engagée sur les chemins incertains de la solidarité.
C'est le 22 avril dernier que la quatrième édition d'Horeca & Co a eu lieu à Beyrouth. Equipement, arts de la table, technologie, agro-alimentaire, mobilier étaient présentés par des exposants arabes, français et italiens. Lieu de découverte pour les professionnels de la région, Horeca & Co est aussi devenu un lieu d'échange et de réflexion grâce à un programme d'animations très varié. Un forum de l'hôtellerie a permis d'aborder l'expansion hôtelière en centre-ville, l'avenir des franchises, mais aussi d'évoquer, en matière de formation, les atouts du Liban.
La prochaine édition est prévue du 17 au 20 mars 1998 à Beyrouth. (Hospitality Services : Tél. : 01.48.28.76/50.29.83. - Fax : 01.48.00.81.)
Après 17 ans de guerre, le Liban n'a plus aujourd'hui que 235 hôtels et 10.300 chambres, soit 43% du parc hôtelier d'avant la guerre.
Le tourisme représentait environ 18% du produit national brut avant 1975, ce pourcentage est tombé entre 3 et 4% en 1995, on peut mesurer l'ampleur de la tâche qui reste à faire pour ramener le Liban à son niveau touristique d'avant-guerre.
De 1991 à 1996, seuls 25 hôtels nouveaux ont vu le jour comprenant un total de 1.450 chambres, soit 1% par an sur la totalité des chambres encore en fonctionnement au début de l'année 1991.
Le ministère du Tourisme a entrepris depuis 1992 un travail pour inventorier le parc hôtelier ayant survécu aux 17 années de guerre et pour établir un plan directeur de reconstruction de l'infrastructure touristique du Liban, notamment par la remise en valeur des sites archéologiques.
L'Hôtellerie se joint à la Chambre professionnelle de l'industrie hôtelière de l'Eure pour rendre hommage à Pierre Vannier, ultime propriétaire du Grand Cerf d'Evreux et figure exemplaire de la profession, qui s'est éteint à 84 ans à Saint Sébastien de Morsent.
Issu d'une famille hôtelière normande, Pierre Vannier suivit naturellement cette voie, en commençant par l'Ecole hôtelière de Paris avant de reprendre l'entreprise familiale. Dès la reconstruction de l'Hôtel du Grand Cerf, démoli par les bombardements de 1940, Pierre Vannier s'installe à Evreux.
Il dirigera cet établissement en compagnie de Jeannette, son épouse, de 1957 à 1983, et en fera le point de passage obligé de toutes les célébrités de l'époque. Sa grande maîtrise du travail des fourneaux lui vaudra, outre une clientèle fidèle, de très nombreuses récompenses. Sa prestance, son amabilité, son désir de se mettre au service de tous en feront un grand ambassadeur de notre profession.
Il s'intéressa tout particulièrement à la formation des jeunes. Nombreux sont les chefs et grands chefs qui confirmeront leur vocation grâce à ses conseils et à sa volonté constante d'entreprendre. Il mobilisa tous ceux, professionnels et autres, qui souhaitaient adapter le métier à l'évolution contemporaine en participant aux travaux de la Chambre de commerce, en obtenant la création de postes d'attachés techniques à l'hôtellerie, que l'on trouve maintenant dans toute la France, en participant à la création des Logis de France dans l'Eure.
Infatigable pourfendeur des pesanteurs et incompréhensions de nos administrations, Pierre Vannier, jusqu'à son dernier souffle, est resté un homme d'ouverture, de conseil, un ultime recours.
L'HÔTELLERIE n° 2513 Hebdo 12 juin 1997