"Quel besoin a-t-on de casser un hôtel qui marche», s'interroge Bruno Arnoult, responsable de la restauration au Patio et délégué du personnel. "Si cette décision avait été prise il y a cinq ans, lorsque nous perdions 4,5 millions de francs, j'aurais compris. Mais nous avons clôturé l'année sur d'excellents résultats. Jamais l'hôtel n'a aussi bien marché ".
Les chiffres le prouvent. En 1997, avec un taux de remplissage de 53%, 16.000 chambres et 28.000 couverts vendus pour un prix moyen de 161 F le repas, ceci intégrant la brasserie, le chiffre d'affaires s'est élevé à 10 millions de francs (TTC) dégageant environ 2,3 millions de francs de revenu brut d'exploitation. En outre, l'hôtel, propriété du groupe International Générics France, n'a pas un centime de dette, aucune ligne de découvert en banque depuis le travail d'épuration mené par Albert Atias, directeur général du groupe.
C'est donc incompréhensible. Bruno Arnoult et son équipe n'admettent pas ce déclassement, mais comprennent en revanche la stratégie du groupe Accor, présent sur Mérignac à travers trois établissements. "Au mois d'octobre, l'hôtel Mercure Bordeaux-Mérignac, inaugurait 50 chambres supplémentaires, et gagnait 250 m2 de salon". Pourtant estime Jean-Paul Maillot, directeur du Patio "dans cette zone proche de l'aéroport, le marché est très porteur. Nous avons notre place en tant que trois étoiles et avec un prix moyen de chambre à 320 F, contre 420 F pour le Novotel, 390 F pour le Mercure et 290 F pour l'Ibis ".
Le directeur a évité de justesse une grève de son personnel vendredi dernier. Et ne reste pas les bras croisés. Le délégué du personnel a saisi le député-maire de Mérignac Michel Sainte Marie pour lui exposer la situation et lui faire mesurer les enjeux, "22 emplois risquent de disparaître". Un autre courrier a été adressé à Bertrand de Bentzmann, président de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Bordeaux ainsi qu'à Jean-Marc Espalioux, président du Directoire d'Accor.
Mais d'ores et déjà les clients s'inquiètent et notamment le personnel naviguant d'Air Liberté. La compagnie aérienne a en effet passé un marché annuel de 1,5 millions de francs, un contrat qui court jusqu'en 1999.
Brigitte Ducasse
Le Patio appartient (du moins jusqu'au 15 janvier), à International Générics France, dirigé par un homme d'affaires vivant à Londres, Daniel Tamman. Dans l'Hexagone le groupe possède aussi dans deux autres " Patio " ; l'un à Labège dans la région Toulousaine -également repris par Accor- l'autre à Villepinte (nord de Paris). Mais ce n'est pas tout. Il détient encore deux hôtels en Ecosse.
L'HÔTELLERIE n°
2544 Hebdo 15 janvier 1998