Les hôteliers lillois n'y échapperont pas. Dès ce 1er janvier 1998, les clients (sauf exonérations touchant V.R.P., fonctionnaires en mission, etc.) des hôtels de Lille paieront une taxe de séjour à raison de un franc plus un franc, par étoile, par nuitée. Le produit collecté pendant l'année 1998 sera versé à la ville en janvier 1999. Le précédent président du Club hôtelier, Gérard Sagnes, directeur du Novotel Centre jugeant impossible d'empêcher la création de la taxe s'était engagé dans une négociation avec la ville, pour obtenir en contrepartie, l'utilisation de cette taxe à la promotion de Lille comme destination touristique. Au cours de l'assemblée générale de décembre, Madame David, adjointe au Tourisme, est intervenue pour confirmer cette orientation. Premier effet concret, la signalétique hôtelière, véritable serpent de mer sera mise en place aux frais de la ville avant la Coupe du Monde, a-t-elle promis.
Jacques Houssin, directeur de l'Hôtel Carlton, a été élu président du Club. Il sera entouré au bureau de Yves Bouteiller (Ibis), Nathalie Decottignies (le Bellevue, nouveau membre), Didier De Waële (Holiday Inn Express), Guy Peureux (Novotel Lesquin, nouveau membre), Gérard Sagnes (Novotel Centre, président sortant), Yvon Tournier (Hôtel Chagnot, nouveau membre), Claude Viallet (Hôtel continental). «Nous espérons bien passer de la phase de mise en place du Club à une période opérationnelle de la promotion de Lille», indique le nouveau président qui sera de droit vice-président de l'Office de tourisme.
Dès à présent, Jacques Houssin constate l'amélioration de l'activité hôtelière lilloise. Est-ce le lent décollage du centre de congrès Lille Grand Palais ? Est-ce la réouverture du passionnant Musée des Beaux Arts qui accueille deux à trois fois plus de visiteurs que prévu ? Est-ce enfin la récompense des premiers efforts de promotion touristique menés depuis quatre à cinq ans ?
La présence en très nette hausse des britanniques s'explique, il est vrai, par la hausse de la livre, la prospérité économique outre-Manche, la facilité offerte par Eurostar et une offre de traversée par ferries ou Le Shuttle pléthorique et quasi gratuite. Encore fallait-il avoir connaissance de l'offre lilloise, de l'attrait de son centre-ville, du fait que la plus proche métropole régionale française pour le touriste anglais est un lieu vraiment accueillant. L'effet TGV n'a pas été négatif comme on pouvait le craindre. Lille à une heure de Paris n'a pas supprimé de nuitées, au contraire. Depuis le 14 décembre, l'achèvement de la ligne à grande vitesse Lille-Bruxelles raccourcit les distances vers le Nord et l'Est européen. Bruxelles est à 38 minutes, La Haye à 2 h 55, Amsterdam à 3 h 30, Liège à 1 h 55, Cologne à 3 h 20, le tout avec des cadences de trois à douze fois par jour. Avec Paris, la desserte sera cadencée à la demi-heure ou à l'heure dans quelques semaines. Les interconnexions en plein développement avec les aéroports de Paris et de Bruxelles produisent déjà des flux intéressants, provoqueront des implantations de bureaux, etc.
Il s'agit donc de passer la vitesse supérieure en capitalisant les avantages et en travaillant ensemble. L'hôtellerie isolée, c'est fini à Lille. Lille Grand Palais, Office de tourisme et Club hôtelier sont branchés. Les projets immédiats ne manquent pas. Outre la Coupe du Monde gérée en direct avec les hôteliers par Mondiresa, se prépare en août à Lille le championnat mondial de bridge. On parle de 1.500 personnes pour dix nuitées. L'Office de tourisme organise le réceptif, les hôteliers accueillent, Lille Grand Palais abrite la compétition. De quoi roder la collaboration triangulaire.
Côté capacité, se posent toujours quelques jours par an des problèmes avec Lille Grand Palais. C'est encore le cas cette année avec notamment une demande trop forte pendant quelques jours en pleine Coupe du Monde. "Nous avons proposé de nous associer en amont aux négociations avec les organisations de congrès pour éviter ce type de télescopage", glisse Jacques Houssin. Il est encore trop tôt pour envisager la construction de capacités supplémentaires.
Le Club pense en outre à ses propres animations. Un site Internet est en projet, avec passerelles sur les sites de Lille et de l'Office du tourisme. Gérard Sagnes, bien qu'originaire d'une autre région a été frappé par l'attrait des bières du Nord. Il pense donc à un festival de biérologie avec le concours de l'inévitable Ronny Coutteure. L'année s'annonce bien. Pourvu qu'elle ne déçoive pas.
A. Simoneau
Jacques Houssin,
nouveau président du Club Hôtelier de Lille.
L'HÔTELLERIE n°
2544 Hebdo 15 janvier 1998