Le 1er décembre dernier, l'Afpa de Saint-Malo inaugurait son nouveau restaurant d'application d'une trentaine de couverts, invitant pour l'occasion tous les élus locaux et autres représentants du ministère du Travail. Un bel outil inhérent à toute formation hôtelière que l'Afpa dispense à quelque 24 élèves.
Jusqu'ici, rien de particulièrement étonnant, excepté un article paru le lendemain dans la presse locale sous le titre : "Afpa : un restaurant ouvert au public". Les professionnels malouins l'ont lu. Ils n'en sont pas encore revenus. On peut en effet découvrir que le restaurant "reçoit le public de l'extérieur sur réservation de la veille". "On ne peut pas toujours servir trente personnes", précise le formateur. Question d'effectifs..." Selon Louis Haquin, le directeur du centre, "nous ne souhaitons pas faire de concurrence aux professionnels. Le restaurant n'est d'ailleurs ouvert que le lundi, mardi, mercredi et jeudi midi. Au total, environ 40 semaines dans l'année." Se considérant comme un partenaire des professionnels, Louis Haquin souhaite "aller plus loin dans cette collaboration. Nous allons notamment développer une activité femme de chambre." D'après ce dernier, seules quatre à cinq personnes se sont rendues au restaurant depuis l'article qu'il considère comme "un écart des journalistes."
Mais ce ton d'apaisement ne semble guère de rigueur chez les professionnels qui font entendre leur voix par le biais du Syndicat de l'industrie hôtelière de la Côte d'Émeraude. Le président, Jean Chouamier, n'a en effet pas tardé à réagir avertissant les élus de "cette concurrence déloyale. Ses intentions commerciales ne sont pas cachées !" et de se demander "est-ce le but d'un centre de formation ?" D'autant que sur Saint-Malo et les environs, ces restaurants sont légion (lycée à Dinard, CFA, Greta). "Je ne suis pas contre la formation, au contraire, mais qu'ils respectent les règles", commente Jean Chouamier qui s'insurge contre le fait de voir des élèves qui ont pour moyenne d'âge 18/22 ans. L'Afpa est un organisme de formation continue et doit former des personnes plus âgées. Nous avons également observé une vente d'alcool. Un whisky à 12 francs ! Mais avec quelle licence ?" Et le président de conclure, "nous le surveillerons de très près." O. Marie
L'HÔTELLERIE n°
2545 Hebdo 22 janvier 1998