Excellente initiative prise par les dirigeants de la Confédération lors de leur congrès qui s'est déroulé la semaine dernière à Clermont-Ferrand : parole fut donnée à l'ensemble des participants à l'assemblée, sur des thèmes aussi variés et brûlants que les droits versés à la SACEM, le statut du restaurateur, les ravages du paracommercialisme, les fermetures administratives ou le bruit à la sortie des établissements ouverts la nuit. Prise de parole positivement perçue par l'ensemble des intervenants, et particulièrement utile aux dirigeants de la Confédération qui avaient su se mettre en retrait afin de permettre la libre expression de chacun.
Bien sûr, la fonction cathartique de l'exercice l'emporte parfois sur l'approche réaliste des problèmes, mais peut-être le congrès est-il aussi destiné à rendre à tous les adhérents une part de la fonction tribunitienne trop souvent confisquée par les instances dirigeantes, dont la propension à la surdité s'accentue avec la durée d'occupation des fauteuils présidentiels. Surtout lorsqu'ils s'accompagnent de comportements décalés par rapport à la réalité vécue par les adhérents de base : imagine-t-on un président d'organisation professionnelle gaspiller l'argent de ses mandants en dépenses inconsidérées ? Quel esprit sensé se rendrait au congrès de Clermont-Ferrand en avion privé ?
Pour en venir à de terrestres et terriennes réalités, le congrès de la Confédération a exprimé une exigence forte et rapide de réponses à des questions qui n'ont rien de théorique. Incontestablement, la nouvelle équipe dirigeante a redonné le goût de la lutte et le souci du service à l'adhérent à une organisation qui se démarquait de moins en moins, et avait un peu perdu de sa spécificité et de sa combativité. Aujourd'hui, l'heure n'est plus à la complaisance à l'égard des pouvoirs publics, aux effets oratoires sans lendemain, aux déclarations aussi creuses qu'inutiles. La profession est confrontée à une mutation sans précédent, et elle ne survivra qu'en prenant les moyens concrets de s'adapter. De Marseille à Clermont-Ferrand, le ton s'exacerbe, de Nice à Strasbourg, les assemblées sont plus animées, les rencontres plus vives, et les représentants de l'administration ont fort à faire pour argumenter sur des questions que leurs interlocuteurs jugent cruciales pour leur avenir.
La Confédération vient de démontrer que la parole est à la base. Puisse-t-elle être suivie en cette voie, la seule possible pour motiver l'ensemble des professionnels qui voient s'accumuler les questions sans réponse : la durée du travail, les bonnes pratiques en restauration, le passage à l'euro, les nouvelles technologies de communication et bien d'autres...
L.H.
L'HÔTELLERIE n°
2556 Hebdo 9 Avril 1998