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Editorial

1,28 F

Parce que la date de parution du décret de réduction des charges patronales sur les avantages en nature nourriture était très proche du 1er avril, certains professionnels, quand ils ont appris que le montant de la réduction forfaitaire s'élevait à 1,28 F par repas, ont cru qu'ils étaient victimes d'un méchant poisson d'avril émanant d'un esprit dénué de tout sens de l'humour. Ils n'en ont même pas souri et ont attendu avec impatience de savoir contre quel allégement de charges la signature de la convention collective avait été négociée. Parce que le problème est bien là : voici tout juste un an, dans la plus grande incertitude politique -dissolution oblige- les syndicats patronaux et salariés ont signé un texte qui était en négociation depuis plus de 15 ans. Conscients de la nécessité de faire évoluer les conditions de travail dans le secteur des CHR et de codifier davantage les relations employeurs-employés dans l'hôtellerie-restauration, les syndicats patronaux avaient la volonté d'aboutir à un accord mais pas forcement à n'importe quelles conditions. La conjoncture économique ayant ces dernières années considérablement affaibli la plupart des entreprises, les employeurs voyaient, avant tout, dans la réduction du temps de travail et dans l'attribution d'une demi-journée de repos hebdomadaire, un coût supplémentaire que tous les chefs d'entreprise ne se sentaient pas capables d'assumer convenablement même si, sur le principe, ils étaient conscients qu'ils ne pouvaient continuer à imposer de telles conditions de vie à leurs salariés. Devant les pressions de plus en plus fortes du ministère du Travail, les syndicats patronaux ont accepté de signer contre une exonération progressive des charges patronales sur les avantages en nature nourriture. En réalité, cette réduction était forfaitaire et ne concernait que les cotisations Sécurité sociale. Il aura fallu presque une année à l'administration et aux politiques pour que soit enfin tenue la promesse faite à la signature, autant dire que ces engagements n'ont pas été tenus avec beaucoup de rigueur par l'Etat mais comble de ridicule, le montant de la réduction : 1,28 F !... Même pas de quoi payer une demi-baguette de pain. Pour qui prend-on les professionnels pour oser mettre en avant, comme une victoire, une telle mesure ? Quand on sait que sur un salaire au SMIC en hôtellerie-restauration, sur 7.784,51 F le salarié ne touche que 5.680,83 F et que l'employeur doit supporter 1.969,67 F de charges ! Que changeront ces 61,44 F par mois d'allègement ? Pour qui a-t-on pris les professionnels français, éloignés des tables de négociation, à qui l'on a fait miroiter une compensation ridicule en échange de la signature de cette convention collective ? Convaincus, par des discours prometteurs, qu'une exonération substantielle allait leur être accordée, ils n'en sont aujourd'hui que plus désabusés.

PAF


L'HÔTELLERIE n° 2558 Hebdo 23 Avril 1998

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