«Nous nous permettons par la présente, de vous faire part de l'angoisse réelle et
profonde que connaissent actuellement les entreprises Cafés, Hôtels, Restaurants, face
au projet de loi d'orientation et d'incitation à la réduction du temps de travail, loi
dite des 35 heures.»
«En effet, il ressort des différents contacts que le SNRLH a eus avec vos services et
le ministère du Tourisme, que la réduction du temps de travail risquerait d'être
appliquée à notre secteur d'activité.»
Pierre Gauthier s'étonne d'autant plus de cette position de la part du ministère du
Travail, alors que «la Convention collective nationale des Hôtels, Cafés,
Restaurants signée par la quasi totalité des partenaires sociaux et étendue par vos
soins le 6 décembre 1997, prévoit une réduction progressive du temps de travail
négociée entre les partenaires sociaux.»
Il estime que l'application de cette loi serait catastrophique pour les entreprises et
dommageable pour l'emploi et constituerait une triple erreur pour ce secteur.
* Une erreur méthodologique, car avant d'appliquer une loi sur le temps de travail
dans les entreprises, il est nécessaire de négocier avec les organisations
professionnelles et non pas de décider de son application d'une façon catégorique.
* Une erreur économique évidente, dans la mesure où l'on sait que cette loi va
entraîner le dépôt de bilan de nombreuses entreprises.
* Une erreur sociale, car si le but de cette loi est de créer des emplois, on s'aperçoit
des conséquences que cela va avoir pour le secteur et que cela va conduire à la
fermeture des entreprises et donc entraîner du chômage.
Cette loi va à l'encontre de l'intérêt des entreprises et donc des salariés.
En outre, le SNRLH s'interroge : quel secteur d'activité pourrait supporter une
réduction d'horaire aussi importante, c'est-à-dire 10 heures d'un coup ? Quand on sait
que la durée hebdomadaire du travail dans la profession est de 43 heures et que déjà
beaucoup d'entreprises souffrent du fait de l'appliction de la réduction d'horaires
instaurée par la convention collective nationale des CHR.
C'est donc un cri d'alarme que lance Pierre Gauthier à Martine Aubry. Le secteur
d'activité des CHR aura du mal à mettre en place une telle loi sans mettre en cause la
pérennité de ses entreprises. Il espère que l'application de cette loi des 35 heures
n'est que hypothétique, mais désire avoir des précisions fermes de la part du
ministère de Martine Aubry.
L'HÔTELLERIE n° 2561 Hebdo 14 Mai 1998