La séance de l'Assemblée nationale, qui aura lieu vendredi prochain, ne manquera pas
de sel puisqu'elle permettra à Bernard Pons de venir défendre son projet de loi sur les
chèques vacances. Elaboré quand il était ministre des Transports et du Tourisme, dans
le gouvernement Juppé, son projet de loi est déposé par le groupe RPR et soutenu par
l'UDF. On imagine mal comment Michèle Demessine, secrétaire d'Etat au Tourisme, pourrait
ne pas voter pour ce projet de loi et par là même entraîner avec elle le groupe
communiste. Les socialistes seront-ils pour ou contre le chèque vacances ? Réponse la
semaine prochaine...
Le projet de loi a été élaboré de façon à créer des conditions de développement du
chèque vacances plus larges et en faire le principal instrument d'aide aux vacances
familiales et populaires. Les grandes lignes :
- élargissement du champ des bénéficiaires (artisans, commerçants entre autres) ;
- exonération de charges sociales et d'impôts sur la contribution de l'employeur afin de
permettre un accès aux salariés des entreprises sans comité d'entreprise.
On connaît l'enjeu tant économique que social du développement du chèque vacances : face à une augmentation continue du temps «libéré», la demande touristique va croissante sans que les moyens financiers des consommateurs évoluent. 40% des Français ne partent pas en vacances. Le chèque vacances, créé en 1982, permet aujourd'hui à 4 millions de Français de s'offrir des vacances, 67% des utilisateurs ont un revenu inférieur à 15.000 F par mois, c'est dire s'il joue un réel rôle social. Ce projet de loi veut aller plus loin en permettant aux salariés de PME, aux artisans et aux commerçants d'en bénéficier.
Si le projet est adopté, le secteur du tourisme en sera un des premiers bénéficiaires sur le plan économique, un grand nombre d'hôtels, de restaurants et de campings verront leur clientèle augmenter. A titre d'exemple, 77 millions de francs ont été dépensés sur le seul département de la Gironde grâce aux chèques vacances, alors que 12 millions seulement y avaient été émis. Les simulations effectuées par l'Observatoire français des conjonctures économiques estiment que le seul effet de déplacement de la consommation ainsi organisé de l'industrie vers les services contribuerait à réduire en 5 ans, le déficit public de 2,5 milliards de francs et à augmenter la création d'emplois de 37.000 à 50.000.
Autant d'atouts qui seront mis en avant à l'Assemblée nationale par Bernard Pons. Ce projet de loi, proposé par l'opposition, est en parfaite adéquation avec les objectifs du gouvernement. A savoir maintenant comment les différents groupes politiques vont se positionner vis-à-vis de ce texte.
L'HÔTELLERIE n° 2561 Hebdo 14 Mai 1998