Parce qu'une convention collective a mis 17 ans pour être signée, les professionnels des hôtels cafés restaurants ont cru ne pas être concernés par la loi sur la réduction du temps de travail, mettant en avant le fait que le secteur avait de lui-même, dans le cadre de la négociation sur la convention collective, établi avec les syndicats salariés, un plan de réduction du temps de travail adapté aux spécificités des entreprises des CHR et à leur taille. Un discours rassurant de la part de leurs instances syndicales les confortait dans cette certitude. C'est certainement d'ailleurs pour cette raison que les syndicats patronaux du secteur n'ont alors pas souhaité avoir une action isolée et se sont ralliés aux prises de position du CNPF et de la CGPME.
Outre le fait que la position fermée du CNPF a fait perdre la première bataille :
celle de la première discussion au Parlement, le patronat français, en toute bonne foi
sûrement, a imaginé qu'il était suffisant d'affirmer que dans le secteur des hôtels,
cafés, restaurants, les entreprises étaient, économiquement, dans l'impossibilité de
mettre en place d'autres mesures de réduction du temps de travail que celles décidées
dans le cadre de la convention collective. Un discours trop discret, une absence évidente
d'action de lobbying.
A la veille du vote de la loi Aubry, le cri d'alarme de Pierre Gauthier est pleinement
justifié. En rejetant l'amendement, sans commentaire d'ailleurs, qui excluait les CHR de
la loi des 35 heures, le législateur a choisi très clairement ! Les cafés, hôtels et
restaurants sont bel et bien concernés par cette loi qui, de toute évidence, compte tenu
des horaires d'équivalence, amènera à terme le temps de travail à 39 heures alors que
la convention collective l'avait déterminé à 43 heures voici quelques mois. Se croire
protégé par la convention collective était une grave erreur qui, faute d'avoir su mener
son combat en temps et en heure, risque de coûter cher aux entreprises du secteur.
PAF
L'HÔTELLERIE n° 2561 Hebdo 14 Mai 1998