Pour les professionnels du département, le centre est sous-dimensionné. L'année dernière, soixante maîtres d'apprentissage n'ont pas trouvé d'élèves et par manque de place, trente jeunes ont dû être placés en formation à Belfort. L'exiguïté du lycée empêche en outre toute action de formation continue. Le bâtiment, calibré pour 720 élèves, en accueille 900.
La grève du zèle menée fin mars par l'ensemble des directeurs de CFA publics a jeté de l'huile sur le feu. Ils demandaient, comme le stipulent les règlements de l'Education nationale, l'inscription des apprentis aux examens par leur employeur. Rémy Kern, proviseur du lycée et directeur du CFA, se défend de "freiner la profession", comme le lui reproche Jean-Jacques Better, et propose d'engager une réflexion commune sur l'extension des bâtiments actuels. "La cohabitation des élèves et des enseignants des deux filières a fait ses preuves depuis 1975, estime Rémy Kern. La synergie est positive tant sur du point de vue pédagogique que sur le plan financier".
Dans sa configuration actuelle, le CFA mobilise un budget de fonctionnement annuel de 8 MF. "Pour former le même nombre de jeunes, un CFA privé demanderait 4 millions de plus", poursuit Rémy Kern. Un argument vite balayé par Jean-Jacques Better : "Le Conseil régional continuera de nous subventionner à hauteur de 30 francs par heure et par stagiaire".
La commission formation du Groupement veut sortir rapidement de l'ornière. Elle table sur des locaux et une gestion autonomes dès 1999. Les deux derniers exercices comptables lui ont permis de provisionner 250.000 francs pour lancer le chantier. Une somme symbolique. "Le financement de nos futurs locaux relève des collectivités locales", assure Jean-Jacques Better. La reprise par le Groupement du château d'Anthès à Soultz, CFA privé fermé depuis un an suite à son dépôt de bilan, pourrait constituer une sortie de crise honorable : avant la fermeture, le Conseil général du Haut-Rhin y avait injecté plus de 20 MF de travaux. Quatre autres municipalités sont sur les rangs pour accueillir le nouveau centre. Mais Rémy Kern n'en démord pas : pour lui, quoiqu'il advienne, CFA et lycée ne font qu'un.
O. Lacour
L'HÔTELLERIE n° 2561 Hebdo 14 Mai 1998