L'assemblée générale de la Fédération de l'industrie hôtelière du Cantal est, chaque année, la fête des professionnels du département. Cent vingt personnes ont assisté aux différents débats, avec une place importante pour les questions et les prises de position. Puis un banquet a réuni plus de deux cents convives et la soirée s'est terminée fort tard, avec danses et soupe à l'oignon.
Pourtant, derrière les festivités et les rires, les inquiétudes demeurent. Car l'heure est grave dans le Cantal. Le couperet des normes de sécurité anti-incendie pèse comme une menace pour plusieurs hôteliers-restaurateurs. Des chiffres alarmants circulent. Plus d'une centaine d'établissements pourraient disparaître. Certains sont déjà sous une obligation de fermeture.
René Legras, dont l'hôtel à Anglards-de-Salers, tenu par son épouse, a subi les foudres de la commission, a lancé : «Nous n'arrivons pas à comprendre pourquoi les contrôles ne sont effectués que sur un établissement sur deux dans le même village ; pourquoi des mesures obligatoires ne sont pas accompagnées d'aides financières, car nos hôtels sans étoile n'ont droit à aucune subvention. Nous n'arrivons pas à comprendre pourquoi ces contrôles ne s'appliquent pas à tous, c'est-à-dire aussi aux chambres d'hôtes, aux gîtes, etc.» Il a conclu en lançant aux hommes politiques présents : «Si vous voulez conserver un peu d'activité et d'animation dans nos villages, il ne faut pas nous supprimer».
«Il est nécessaire d'agir avec la plus grande souplesse lors des contrôles, a lancé André Bouyssou, président de la Fédération de l'Industrie hôtelière du Cantal. Et laissez-nous le temps de nous adapter !»
«C'est toute la difficulté de notre époque, a résumé le préfet Nicolas Desforges, d'avoir une hôtellerie authentique tout en répondant aux normes actuelles, et... aux vux des clients». Il a toutefois soutenu que «chaque problème doit être traité de manière individuelle» et que «l'administration n'est pas une mécanique intégriste». Donc une lueur d'espoir, même faible, subsiste. Car délais ou aides divers ne font pas tout. «Certains ne peuvent pas réaliser de nouveaux investissements actuellement, à cause de problèmes de trésorerie», a souligné André Bouyssou.
Sur le paracommercialisme, le Préfet a été affirmatif : «les services préfectoraux surveillent particulièrement les buvettes temporaires et renforcent les vérifications dans les fermes auberges pour contrôler que les produits vendus proviennent bien de l'exploitation agricole».
Louis-Bernard Puech (le Beauséjour au Calvinet) s'est étonné de «la discrétion des actions de la Fédération au niveau national».
En plus des problèmes de TVA et de convention collective, il a été question de la promotion touristique du Cantal, «à réaliser sur l'entité du département plutôt que par zones», a soutenu un des participants, et du désenclavement. «Une route à quatre voies entre l'autoroute et Aurillac est tout à fait indispensable».
P. Boyer
Nicolas Desforges, préfet du Cantal, André Bouyssou, président de la Fédération
de l'Industrie hôtelière du département, et Jean Biron, vice-président national de la
FNIH.
L'HÔTELLERIE n° 2561 Hebdo 14 Mai 1998