Le statut de parrain instauré à Sarreguemines dépasse en effet le rôle de tuteur. Il implique certes d'accueillir l'élève dans son établissement pour deux périodes de 4 semaines chacune -à la fin de la première année en juin et durant le second trimestre de la seconde année- et de le noter. «Dès leur premier séjour chez nous, les jeunes font montre d'une bonne connaissance de base de la profession : ils ne sont pas novices», observe Guy Adam, patron de la Bonne Source, restaurant de cuisine traditionnelle à Sarreguemines. Mais le parrain s'engage également, soit à embaucher l'élève à l'issue de sa formation, soit à le recommander chaudement à un confrère. Pour faciliter l'embauche, l'élève de BEP qui poursuit son cursus par un Bac professionnel -cas très répandu aujourd'hui à Sarreguemines- effectue son dernier stage chez son parrain, de préférence dans une spécialité.
Instauré sous l'impulsion du proviseur Jacques Sendras, le parrainage rencontre un réel succès : la section recense jusqu'à 2 ou 3 offres d'emploi par jeune ! «Si l'élève prouve sa motivation en demandant de lui-même à travailler chez nous ou chez un collègue, il existe toujours des possibilités», complète Martine Obringer, gérante de l'hôtel-restaurant Union à Sarreguemines.
La recherche d'une meilleure adéquation entre les exigences du monde du travail et les règles de formation de l'Education nationale a amené l'équipe pédagogique à imaginer ce système. «Il fallait limiter l'écart entre l'entreprise, qui veut un jeune adapté à ses besoins, et nous-mêmes qui voulons doter l'élève d'une qualification adaptable à tout type d'établissement. La solution repose sur le principe suivant : mettre l'élève au coeur du système», explique Christian Biache, chef des travaux à la section hôtelière. Cette philosophie s'applique surtout dans la préparation du parrainage. Au bout d'un trimestre de découverte du milieu hôtelier, l'élève de BEP élabore son «projet professionnel» : lors d'entretiens avec l'équipe éducative, il fait part des options de formation, du type de poste (cuisine, hébergement, salle) et du secteur géographique dans lequel il veut évoluer. Les enseignants valident le projet et désignent le parrain le plus adéquat, dans un fichier de 100 à 120 hôteliers-restaurateurs qui ne cesse de grossir. «Les premiers parrainés demandent à devenir parrains», relève avec fierté Christian Biache. Quelques réorientations s'avèrent parfois nécessaires. 70% des 148 élèves de la section hôtelière optent pour la cuisine traditionnelle et près de 30% pour la gastronomie, les chaînes et les cuisines thématiques ne générant que quelques demandes.
M. Nussbaum
11ème cérémonie de parrainage au Lycée technique de Sarreguemines.
L'HÔTELLERIE n° 2561 Hebdo 14 Mai 1998