"Nous avons dû revoir à la baisse le nombre d'hôtels référencés. Au
départ, nous avions sélectionné une centaine d'établissements dans toute la région et
finalement nous avons ramené ce total à une soixantaine" : la petite phrase de
Michel Royboz, responsable de Mondiresa sur le site de Lyon, en dit long sur les
problèmes rencontrés à quelques semaines seulement du début de la plus importante
compétition sportive de la fin de siècle.
Président des hôteliers lyonnais et propriétaire de trois hôtels à Lyon, Roland
Bernard n'est pas autrement surpris. "Sur Lyon, le Mondial ne pouvait apporter
plus que ce que l'on constate aujourd'hui, soit entre 22 et 23.000 nuitées. C'est mieux
que pour le G7 où il n'y avait que 15.000 nuitées mais la période était beaucoup plus
courte..."
A Lyon, la première rencontre est programmée le 13 juin et la dernière, un quart de
finale qui pourrait opposer Angleterre et Allemagne, le 4 juillet.
"C'est assez loin de ce que l'on espérait il y a deux ans lorsque Mondiresa
évoquait des allotements importants remontant jusqu'à Mâcon. Lorsque j'avais rencontré
Jean-Louis Zevaco, je lui avais demandé de ne pas donner trop d'espoirs aux hôteliers
sous peine de déception", poursuit Roland Bernard.
L'explication du phénomène tient à plusieurs facteurs : les affiches proposées au
public où, hormis France-Danemark et à un degré moindre Etats-Unis-Iran, les autres
matches ne rassemblent pas d'équipes vedettes ; l'horaire des rencontres programmées
pour quatre d'entre elles dans l'après-midi ce qui, dans la mesure où Air France et la
SNCF ont fait de gros efforts pour élargir leur offre de transport, permettra aux
spectateurs de rentrer à Paris après le match ; le choix des organisateurs de ne pas
affecter une équipe à un site mais de les faire bouger... Ce qui entraînera fatalement
un mouvement et une dilution des supporters. "Mondiresa a joué le jeu du site et
de la région en vendant tout d'abord un minimum de trois nuitées. Très vite pourtant
des réticences se sont fait jour et désormais la vente peut se faire sur une nuit
simple".
Beaucoup de spectateurs ne passeront pas la nuit à Lyon et préféreront aller à
Paris. Il faut noter également que si le football est un sport populaire, un déplacement
de cet ordre revient cher et qu'il est donc le fait d'une clientèle plutôt aisée qui
opte pour les hôtels 3 et 4 étoiles qui vont représenter 80% des réservations.
Enfin tous les hôteliers ne bénéficieront pas des mêmes retombées puisque la
clientèle préfère les hôtels de centre-ville et à proximité du stade. "J'ai
peur que les hôtels périphériques ne soient oubliés", prévient Roland
Bernard.
"Sur un total de 350.000 nuitées attendues pendant la durée de l'épreuve (NDLR
: le double qu'à Atlanta en 1996 pour les Jeux Olympiques), nous pensons que 80% du flux
sera concentré en région parisienne. Les hôteliers en périphérie de ville qui
espéraient faire le plein seront déçus. Alors que nous pensions que les hôtels
économiques seraient pris d'assaut, il n'en est rien. Les tour-opérateurs ciblent
uniquement l'hôtellerie haut de gamme", confirme Michel Royboz.
Est-ce à dire que les hôtels lyonnais seront déserts pendant la période de
compétition ? A priori non, puisque le mois de juin est généralement parmi les
meilleurs de l'année avec un taux d'occupation de l'ordre de 70 à 75% sans événement
particulier. "Là, nous serons à 80/85% parce que nous avons rassuré la
clientèle d'affaires qui voulait éviter notre ville pendant la période. C'est
important, mais ce n'est quand même pas la folie", conclut le président des
hôteliers lyonnais.
J.-F. Mesplède
jfmesplede@lhotellerie-restauration.fr
"C'est assez loin de ce que l'on espérait il y a
deux ans lorsque Mondiresa évoquait des allotements importants remontant jusqu'à Mâcon", confie Roland Bernard.
Beaucoup d'équipes en région lyonnaiseDe nombreuses équipes ont choisi de fixer leur camp de base dans la région
lyonnaise : les Etats-Unis résideront au Château de Pizay à Saint-Jean d'Ardières dans
le Beaujolais où le Brésil avait été hébergé pendant le Tournoi de France et où
l'équipe de France sera en transit ; la Belgique a choisi le cadre du Golf du Gouverneur
à Monthieux dans l'Ain ; le Japon a opté pour le Park Hôtel à Aix-les-Bains en Savoie
; la Colombie pour le Relais de la Tour à La-Tour-du-Pin dans l'isère. |
L'HÔTELLERIE n° 2562 Hebdo 21 Mai 1998