L'autoroute A75 n'est qu'à quelques centaines de mètres, pourtant au château
d'Orfeuillette, on a l'impression d'être au bout du monde. Ou bien dans un conte de
fées... Bâtisse majestueuse ouverte sur une forêt, ce château ressemble à tout sauf
à un centre de formation.
Pourtant, lorsque le Frère Joseph Gibelin, déjà à l'origine de l'extraordinaire
développement du Lycée technique du Sacré Coeur, à Saint-Chély d'Apcher, tout près
de là, l'a découvert c'est bien cette image qu'il en a eu. Lui, rêvait alors d'une
formation universitaire décentralisée. Et les soutiens de Jacques Blanc, président de
la région Languedoc-Roussillon, et de Jacques Loubatières, président de la Faculté
Montpellier I, ont donné forme à son rêve.
A la rentrée 1994, une première promotion de 25 étudiants débarquait en
haute-Lozère pour se lancer dans une maîtrise de sciences et gestion avec option
management hôtellerie et restauration. Cependant, la formation qui permet de sortir de
cet institut avec le titre d'ingénieur-maître ne débutait pas de suite au château. En
cours de remise en état et surtout d'aménagement spécifique, il n'a accueilli que deux
ans plus tard les élèves. Mais la machine était lancée.
Toutefois, avec ses treize chambres quatre étoiles et un restaurant de quarante couverts,
le château a peu à peu dévié de sa voie initiale.
Basculant dans un certain para-commercialisme bien éloigné de sa mission, même si
les stagiaires tournant par groupes de huit (deux en cuisine, deux à l'hébergement, deux
en salle et à l'accueil et deux en analyse de vente et de commercialisation), étaient
parfaitement confrontés aux réalités de tous les aspects de leur profession future.
"Mais le but n'était pas là, explique aujourd'hui Pierre Ganier, le nouveau
directeur de la structure. Et, surtout, nous nous sommes vite rendus compte que cette
seule formation universitaire ne pouvait suffire à justifier l'investissement réalisé
qui représente, avec les dernières salles installées dans une annexe, un budget de 20
MF."
La mission première de Pierre Ganier a donc été double. De mettre, d'abord, en
contact la Société d'Economie Mixte gérant le château avec des organismes de formation
pour élaborer un nouveau plan d'activités en parallèle avec celle universitaire déjà
en place. De rencontrer, ensuite, les professionnels et de les convaincre qu'une relance
du château ne passerait pas par un développement de la concurrence.
Après divers contacts, deux conventions ont donc été signées au printemps. L'une avec
l'Union Nationale des Industries de Formation pour l'Hôtellerie, la Restauration et la
Tourisme (UNIFHORT) et l'autre avec la FNIH.
La première a déjà abouti au développement d'une formation spécifique au château
d'Orfeuillette. Sous le label "assistant d'exploitation", elle va permettre à
des gens de niveau BTH souhaitant obtenir une évolution de carrière d'acquérir le
savoir pour intégrer un poste de "numéro 2" dans une hôtellerie familiale ou
de chaîne de type deux étoiles. Un diplôme bien ciblé qui s'étalera sur 36 semaines
de travail dont 12 sont prévues en entreprise. C'est-à-dire au sein de la structure
hôtelière du château.
Le lien avec la FNIH s'adresse lui aux professionnels dans le cadre des "Restaurants
de France" chers à Francis Attrazic, le voisin lozérien de cette structure. Ainsi,
en 1998, ce sont 60 professionnels du Languedoc-Roussillon mais aussi de la région
Auvergne qui viendront, à raison de deux jours chacun, suivre une formation dispensée
par l'UNIFHORT. Les thèmes retenus étant "la gestion analytique de restaurant"
et "accueil et commercialisation".
Mais d'autres formations supérieures ou continues devraient trouver leur place ici. Pierre Ganier pense notamment à l'une très pratique tournée vers la commercialisation des thermes et des thalassothérapies et à d'autre plus théoriques avec la création de deux DESS : l'un de ressources humaines, l'autre lié au droit du tourisme européen et à la commercialisation. Tout cela en conservant au château une activité économique, du lundi au vendredi, car le week-end, hôtel et restaurant sont fermés. "Le château doit trouver un rythme de croisière économique en s'appuyant sur le tourisme d'affaires et les séminaires haut de gamme. Ce qui ne nous pose pas en concurrents des professionnels de la région puisque nous sommes les seuls à proposer un niveau quatre étoiles." Niveau et type d'activité qui permet en particulier aux étudiants de côtoyer l'univers qui sera le leur une fois le diplôme obtenu. A l'étranger où ils sont nombreux déjà à partir ou dans les chaînes les plus prestigieuses.
J. Bernard
La signature de la convention entre le président Jacques Blanc et Francis Attrazic
pour la FNIH.
L'HÔTELLERIE n° 2565 Hebdo 11 Juin 1998