La proposition de Robert Hue d'intégrer l'outil de travail dans ISF est une
fois de plus, une menace pour une très importante partie des entreprises et en
particulier pour les hôtels. La création d'un lien entre fortune personnelle et fortune
professionnelle est de toute évidence dangereuse pour la pérennité des entreprises et
particulièrement nuisibles pour l'emploi. Aujourd'hui, les hôteliers indépendants, de
moins en moins nombreux, risquent bien de payer très cher les conséquences des choix
partisans du gouvernement si le 22 juillet, Lionel Jospin seul arbitre sur cette question,
confirme la proposition de Robert Hue. Après le coût du passage aux 35 heures,
l'intégration de l'outil de travail à l'ISF sera déterminant pour l'avenir des PME.
celles qui suivront pourront-elles encore longtemps investir ? On en doute d'autant que la
perspective d'une augmentation de la TVA sur l'hébergement laisse augurer des
difficultés grandissantes en matière de gestion hôtelière. Quelle rentabilité
espérer dès lors, d'investissements aussi lourds ? Comment trouver des entrepreneurs
assez fous pour accepter de s'endetter pour aussi longtemps, obligés de mettre en caution
tous leurs biens jusqu'à leur habitation, pour se voir taxer tant au titre de leur outil
de travail, qu'au titre du chiffre d'affaires et du bénéfice si tant est que l'on puisse
encore en faire ? La France choisit de montrer du doigt aujourd'hui ceux que certains
appellent les 7 riches mais c'est oublier que leur richesse, quand elle est investie dans
l'outil de travail, est partagée avec tous ceux qui vivent de cette activité générée.
Ceux que l'on montre du doigt parce que leurs revenus sont au delà de la moyenne sont le
plus souvent ceux qui ont aussi le plus travaillé, ceux qui ont le plus osé prendre des
risques lourds. Une audace qui permet à d'autres, moins téméraires, de vivre avec
davantage de sécurité.
Cinq siècles après Christophe Colomb, Lionel Jospin a découvert l'Amérique... avec
émerveillement, il avoue que de l'autre côté de l'Atlantique, des emplois qui ne sont
pas des "petits boulots" ont été créés. Comprendra-t-il enfin que ces
emplois n'ont pas été créés du fait de la volonté d'un gouvernement mais du besoin
d'un marché où l'on a choisi de laisser libre ses entrepreneurs.
Pourra-t-il comprendre que ceux qui créent des emplois sont ceux qui détiennent
certaines richesses qu'ils aspirent à développer pour le plus grand intérêt de tous
sans jamais être montré du doigt. Là bas, on n'a pas honte d'être riche, on ne se
cache pas, c'est en développant le travail que l'on partage les richesses.
PAF
L'HÔTELLERIE n° 2567 Hebdo 25 Juin 1998