Huissier de justice et agent d'assurance, d'une quarantaine d'années, Marie-Paule Mancini-Neri connaît bien le dossier du tourisme et de l'agence puisqu'elle était au cours des six dernières années membre du Conseil d'administration de l'ATC. L'élue divers droite, entend donner un nouveau souffle à l'institution : "le tourisme en Corse n'est pas l'affaire des seuls professionnels du secteur, j'ai toujours dit qu'il était le secteur porteur d'un espoir de développement économique de la Corse, explique la présidente. En revanche, il n'est pas question que l'ATC travaille sans les professionnels du tourisme. J'espère réussir à initier un rapprochement entre les professionnels et ce qui doit être leur institution. Nous devrons réfléchir ensemble et élaborer ensemble un plan pluriannuel d'actions cohérentes".
"Nous n'avons pas de préjugés sur Marie-Paule Mancini-Neri, bien au contraire, nous la connaissions au sein du Conseil d'administration, explique Roland Dominici, de la coordination des industries touristiques. Nous avons conscience qu'il y a eu une évolution dans la façon dont la classe politique locale aborde le tourisme : on ne parle plus aujourd'hui du tourisme comme "d'un mal nécessaire" (description donnée dans le plan de développement de la Corse). Mais, il reste encore beaucoup à faire. L'agence du tourisme est un outil essentiel pour vendre la Corse à l'extérieur. Il faut qu'elle ait les moyens de sa politique. Tout dépend donc maintenant d'une véritable volonté de développement de l'assemblée de Corse".
Un élément dont a conscience la nouvelle présidente. Elle affirme qu'elle obtiendra de ses collègues les moyens dont elle a besoin. Mais en attendant, l'ATC a décidé de cibler sa campagne de promotion sur les marchés de proximité : France, Allemagne Italie et Grande-Bretagne. "Il me semble incohérent de vouloir aller chercher les touristes très loin, alors que la France elle-même commence seulement à les démarcher. La Corse n'a pas les moyens de séduire à elle seule un public asiatique par exemple : il faut pour ces touristes développer des services particuliers, les langues et de nouveaux rythmes gastronomiques, il s'agit d'un travail à long terme".
En fait, le premier objectif de l'ATC est de réussir le pari de l'étalement de la saison touristique : "tous les indicateurs pour 1998 sont optimistes, on peut donc a priori s'attendre à une bonne saison touristique. Je dis bonne seulement, parce que je pense que la saison sera excellente lorsqu'elle s'étalera d'avril à octobre. Et pour juillet/août, si les réservations font état d'un retour massif des touristes, sur des périodes d'une moyenne de deux semaines et avec un budget en augmentation -il suffit de s'en référer à la forte croissance des demandes de locations de voitures-, attention à la saturation. L'ATC a en charge la promotion de la Corse mais la meilleure des promotions est le bouche à oreille. Il faut donc que les touristes soient satisfaits de leur séjour et j'espère que sous la pression de la demande, les professionnels maintiendront leur qualité de services et leurs prix. Ces dernières années, les professionnels ont fait de gros efforts et sacrifices, ils doivent, j'en suis convaincue, continuer de tabler sur leurs bons rapports qualité/prix"...
L. Peretti
L'HÔTELLERIE n° 2567 Hebdo 25 Juin 1998