A Lyon l'image des vins du Beaujolais est immanquablement associée aux bouchons et
bistrots où le service est assuré au pot. Souvent supplantés par les Côtes du Rhône,
il leur fallait à la fois redorer leur image et partir à la conquête d'un nouveau
public de consommateurs.
Depuis quelques années, sur la base d'une campagne joliment intitulée «Beaux Jours
Beaujolais», l'UIVB (Union Interprofessionnelle des Vins du Beaujolais) ne ménage pas
ses efforts pour rajeunir l'image de vins friands et plaisants, issus d'un cépage unique
: le Gamay rouge à jus blanc.
La dernière initiative en date devrait surprendre : on trouvera désormais les Beaujolais
Villages dans des lieux où on ne les attendaient pas, sur les tables de cette
restauration lyonnaise thématique et branchée qui se porte plutôt bien entre Rhône et
Saône.
«Des erreurs ont été commises avec la restauration lyonnaise dans les années
soixante et soixante-dix, avec un niveau qualitatif parfois insuffisant»,
reconnaît-on volontiers du côté de l'UIVB où l'on admet qu'il est «extrêmement
difficile et long de restaurer le capital confiance des consommateurs, même si les
progrès en terme de qualité sont désormais réels.»
Alors même si l'on constate que le Beaujolais semble retrouver les faveurs des Lyonnais,
que les primeurs se vendent mieux depuis deux ans... où l'on a su rester plus sage sur
les prix, il est important voire décisif, de partir à la conquête de nouveaux marchés.
«Nous avons choisi de nous adresser à une clientèle plutôt jeune, n'ayant pas
vis-à-vis des Beaujolais les a priori de leurs aînés. Les Beaujolais Villages qui
s'accordent parfaitement aux types de cuisine les plus variés voire les plus exotiques,
sont les vins de la restauration par excellence. Aux beaux jours, la cuisine estivale et
légère s'accorde sans hésitation avec ce vin servi frais entre 12° et 14°», professe-t-on.
Bernard Pivot, dont le frère Jean-Charles, installé à Quincié, est l'un des
producteurs les plus performants ne dira pas le contraire, qui affirme sur la plaquette
réalisée pour la circonstance : «le Beaujolais Villages c'est beaucoup plus et
beaucoup mieux qu'une appellation : c'est une invitation. Et c'est beaucoup plus et
beaucoup mieux qu'une invitation : c'est l'invité lui-même.»
A Lyon, la clientèle d'une vingtaine de restaurants «branchés» (1) aura tout loisir
de s'en rendre compte jusqu'à la fin du mois de juillet où une vaste opération de
promotion lui permettra de les découvrir.
«La période sur laquelle s'appuie la communication actuelle du vignoble convient
parfaitement au caractère de ces vins. Le style de la campagne «Beaux Jours Beaujolais»
plaît aux jeunes (2) et les patrons des établissements, dont la moyenne d'âge tourne
autour de 30 ans, ont montré dès le départ leur enthousiasme pour cette opération»,
poursuit-on.
Depuis la fin avril, une formule spéciale est proposée au déjeuner et/ou au dîner,
accompagnée de Beaujolais Villages. Un matériel promotionnel a été mis en place et
deux jeunes comédiens du théâtre L'Accessoire assurent une soirée d'animation dans
chacun des établissements.
«Ce type d'opération mené à Lyon pour cette appellation est un challenge
déterminant, mais nous sommes conscients de la difficulté de devoir renverser une
tendance défavorable depuis près de trente ans», dit-on enfin chez les vignerons
qui entendent bien jouer gagnants...
J.-F. Mesplède
jfmesplede@lhotellerie-restauration.fr
(1) Chicanos' Café, Bleu de Toi, Le Color's, Le Caro de Lyon, Barrel House Irish Pub, Rockin Chair, Café Léon, Le Père Rigodon, Le Grand Jardin, Le Cabaretier, Ninkasi Ale House, Maison de l'Entrecôte, Eden Rock Café, Le 115, Pub O'Gormans, All Sport Café sont concernés, les trois derniers nommés sont des créations récentes.
(2) Selon un sondage IPSOS réalisé après la première campagne «Beaux Jours Beaujolais» lancée en 1997, 52% des personnes l'ayant vue lui associent spontanément les vins du Beaujolais et 62% estiment qu'elle donne une bonne image de ces vins. Il est intéressant de noter que 62% des jeunes de 18-34 ans ont vu et apprécié la campagne... même si les beaujolais ne sont classés qu'en quatrième position parmi leurs vins préférés.
«Beaux Jours Beaujolais», une campagne dynamique pour séduire les jeunes.
L'HÔTELLERIE n° 2568 Hebdo 2 Juillet 1998