Trois matchs ont rempli la ville et les établissements : Maroc-Norvège, Cameroun-Italie et Allemagne-Iran.
Avec le huitième de finale Allemagne-Mexique, dernier
match montpelliérain de ce France 98, qui n'a connu aucun débordement, la capitale du
Languedoc-Roussillon peut se réjouir, elle a réussi son Mondial. Car ici, la fête a
été au rendez-vous et les supporteurs des onze pays représentés ont semblé la vivre
dans le meilleur esprit. Avant, pendant et après le premier match, Marocains et
Norvégiens avaient donné le ton, celui des danses, des musiques et des chants partagés.
Pointés du doigt avant le début de la compétition pour être soupçonnés de
démesurément augmenter leurs tarifs en la circonstance, les hôteliers montpelliérains
n'ont pas tous été, loin de là, les mauvais élèves de la classe France. «A
l'exception de Saint-Etienne, peut-être, Montpellier ne s'est pas distinguée par rapport
aux autres villes d'accueil, assure Jacques Mestre, président de la FNIH Montpellier.
Les augmentations y ont même été plus limitées». Bien sûr, certains sont
allés jusqu'à doubler leurs prix. Cela a été le cas, par exemple, de l'Hôtel de Paris
(2 étoiles), en plein centre-ville où le tarif de la chambre simple a grimpé à 450 F,
de la chambre double à 480 F et de la chambre à deux lits pour quatre personnes à 500
F. «Nous avons voulu établir une discrimination par l'argent pour avoir une
clientèle tranquille, avouent sans état d'âme les patrons de l'établissement
Jacques et Françoise Moindrot. Mais, avec un TO de seulement 60% entre les deux
premiers matchs, nous avons décidé d'effectuer ensuite une marche arrière stratégique
en appliquant ces tarifs que les soirs de match et en les diminuant de 100 F le reste du
temps».
Décoration «Mondial», plats et vins du terroir, distribution de plans de la ville :
plus que les cafetiers et les hôteliers, les restaurateurs ont largement suivi les
recommandations suggérées par la FNIH, la CCI et la mairie. «Mais ils n'ont pas
été assez nombreux à traduire en plusieurs langues leurs menus et cartes»,
regrette Jacques Mestre. Avant de dresser prochainement un bilan définitif, le président
de la FNIH Montpellier table sur une tendance globale (cafés, hôtels et restaurants)
d'activité comprise entre - 5% et + 5%. «Quand on sait que le recul avait été de
l'ordre de 30% lors de la précédente Coupe du Monde, le choix de Montpellier comme
ville-site a vraiment été une chance en permettant de limiter les dégâts, estime
Jacques Mestre. Sans parler de l'impact en notoriété pour l'avenir»...
«Les hôteliers qui ne feront pas le plein pendant un mois sont des nuls qui pourront changer de métier». Avec la délicatesse et le sens de la mesure qui le caractérisent souvent, le député-maire de Montpellier avait tenu ces propos à quelques jours du début du Mondial. Non sans, de son côté, opter pour une taxe de droit de stationnement de 1.000 F à l'encontre des autocaristes garant leur car dans le quartier du stade... A quelques très, très rares exceptions près, les hôteliers montpelliérains peuvent donc envisager une reconversion professionnelle : à la veille du sixième et dernier match montpelliérain, les sondages effectues par la section locale de la FNIH et l'office municipal du tourisme donnaient un taux d'occupation moyen compris entre 55 et 75% pour l'ensemble de la période. Toutes catégories confondues, les établissements montpelliérains n'ont presque tous fait le plein que le soir des matchs Maroc-Norvège, Cameroun-Italie et Allemagne-Iran. Entre les rencontres, les quatre (surtout) et trois étoiles ont affiché des TO compris entre 60 et 80%, contre 50 à 65% pour les catégories inférieures.
Pour les restaurateurs, point d'aubaine Coupe du Monde en dehors du plein centre-ville. Et encore : uniquement les veilles et jours de «grands» matchs qu'ont été Maroc-Norvéges, Cameroun-Italie et Allemagne-Iran. En ces occasions, animations et décorations Mondial ou pas, la plupart des restaurants du plein cur de ville ont enregistré une progression de fréquentation de l'ordre de 20 à 50%. Les deux restaurants L'Assiette de Serge Partouche fournissent à ce titre un bon résumé de l'activité restauration pendant les trois premières semaines montpelliéraines de ce France 98 : malgré un ballon de six mètres de diamètre arrimé sur le toit, l'établissement planté au bord du Lez aurait connu un chiffre d'affaires en chute de 30%. A contrario, celui de la rue de Verdun, à une cinquantaine de mètres de la place de la Comédie, a doublé son nombre de couverts les jours de match et n'a pas enregistré de baisse de fréquentation les autres jours. Avec service non-stop de 11 heures à 2 heures du matin les jours de match, décoration Mondial à l'extérieur comme à l'intérieur et serveuses en tenue de footballeurs, L'Assiette de la rue de Verdun a connu une belle Coupe du Monde. «Nous avons fait jusqu'à plus de 800 couverts les jours de match, contre 300 à 350 habituellement, norme dans laquelle nous avons d'ailleurs été entre les matchs, explique son directeur Marcel Lambies. En dehors de quelques groupes norvégiens amenés par des autocaristes avec qui nous travaillons depuis plusieurs années, c'était une clientèle spontanée de passage, très sympathique, avec la palme aux Norvégiens, des clients adorables». Hors centre-ville, seul Le Jardin des Sens a affiché «complet comme d'habitude, avec service après minuit le soir des matchs Maroc-Norvège, Cameroun-Italie et Allemagne-Iran», indique Jacques Pourcel. Quant aux douze chambres trois étoiles du Jardin des Sens, elles auront été occupées durant tout le mois malgré une augmentation tarifaire de 50% les soirs de match : de 1.500 F à 3.800 F la chambre, au lieu de 900 à 2.500 F.
Même motif, même sanction que pour les hôtels et les restaurants : seuls les cafés de la place de la Comédie, de l'Esplanade, de la place Jean-Jaurès et de quelques rues du plein coeur de ville auront connu un surcroît d'activité les veilles et jours de certains matchs. Aux Trois Grâces, place de la comédie, le barman parle même de «record absolu de recette le jour du match Maroc-Norvéges, environ multipliée par six par rapport aux jours précédents». Et Arnaud Druesne d'attribuer «une médaille d'or massif aux Norvégiens, clients hors pair, sympas et très autodisciplinés, se mettant en queue rectiligne pour attendre leurs bières au comptoir ou aller aux toilettes». Son de cloche très proche au café Grand Riche, de l'autre côté de la place, auprès du gérant Philippe Delgado : «Toute notre réserve de whisky haut de gamme et de cognac XO y est passée avec les Norvégiens. Mais en quantité, c'est avec les Italiens que nous avons le plus travaillé.»
Depuis le début du Mondial, l'ambiance est à la fête sur la place de la Comédie.
Ambiance Coupe du Monde, les professionnels ont joué le jeu.
Place Jean-Jaurès, le bar Les Cévennes a sans doute été le plus animé de la ville pendant ce Mondial. La chaîne de télévision allemande ARD ne s'y est pas trompée qui y a installé son plateau le jour du match Iran-Allemagne. Avec un écran géant et deux postes de télé -dont un tourné vers la terrasse- pour diffuser tous les matchs de ce Mondial et une décoration haute en couleurs, le bar Les Cévennes a plus que doublé sa recette pour certains matchs.
Le bon coup de sifflet d'un restaurateurLa restauration mène à tout, à condition d'en sortir !
Patron il y a encore peu de l'unique véritable bouchon lyonnais (Le Pou qui Pleure) de
Montpellier, Jean-Charles Aubert a franchi le pas : depuis plus d'un an, il ne pense et ne
vit plus que foot. Ou plus exactement «Siffoot», nom du sifflet pour supporteurs et de
la société spécialement créée pour le fabriquer. A la fin de ce Mondial, plus de
500.000 exemplaires devraient avoir été vendus en France. |
Initiatives* «Bonjour 98» : * Concours de pronostics : * Foot et culture : |
L'HÔTELLERIE n° 2568 Hebdo 2 Juillet 1998