Intronisé dans le rôle de président de la neuvième édition de Toques et Clochers,
Michel Lorrain, le célèbre chef, a découvert que la Bourgogne n'était pas la seule
terre où le cépage chardonnay pouvait s'exprimer. Le succès de cette vente aux
enchères qui chaque année, à Limoux (Aude), permet de saluer le travail des vignerons
qui ont osé tenter le pari de la remise en cause, ne pouvait que l'en convaincre. Comme
l'ambiance qui a régné durant deux jours dans cette vallée. «Je n'imaginais pas cet
accueil, l'ampleur de cette fête. Et surtout, moi qui croyais qu'on ne pouvait faire du
bon chardonnay qu'en Bourgogne, eh bien, je me trompais...», avouait-il d'ailleurs
quelques heures après son arrivée.
Un sentiment partagé par la baronne Philippine de Rotschild, marraine de la vente : «Ici,
j'ai découvert l'authenticité et la vérité. Je me sens un peu chez moi et j'éprouve
aussi une certaine fierté en constatant que nos vins rencontrent ce succès.»
Un succès international comme en témoignent à nouveau les importants achats
réalisés par la Compagnie du Grand Chardonnay, qui regroupe 80 restaurateurs belges.
Mais d'autres fûts sont partis en Allemagne, Grande-Bretagne, Suède, Suisse ou Danemark
alors que, présente pour la première fois à Limoux, la «Bourse Internationale du
Vin», spécialisée dans la vente aux particuliers par correspondance a raflé à elle
seule 16 pièces. En sachant que l'équivalent de quinze étaient déjà pré-vendues...
On comprend donc pourquoi, alors que le nombre de lots mis aux enchères est passé de 64
à 84, il n'y en eut pas encore pour tout le monde. Une augmentation de l'offre qui n'a eu
aucune conséquence sur les prix. Au contraire même car, dans le même temps, les
enchères se sont également envolées. De 20 à 25% plus hautes, ce qui situe le prix
moyen du fût à 29.800 F, soit 150 F la bouteille.
Une réussite que Pierre Troisgros qui fêtait à cette occasion ses 70 ans et ses 30
années de trois étoiles au Michelin explique simplement : «ici, il n'y a rien à
dire, je n'ai jamais été déçu, le vin a toujours été à la hauteur.»
Un sommet que Pierre Mirc, le président de la Cave des Sieurs d'Arques, organisatrice de
cette manifestation fédératrice des hommes et des terroirs, a également ressenti comme
un symbole. «Ce succès, c'est la récompense d'une qualité. C'est peut-être aussi
la preuve que nous commençons à faire partie de la grande famille.».
J. Bernard
La Baronne de Rotschild, Pierre Mirc, Michel Lorrain et Pierre Troisgros à l'heure
de la dégustation.
L'HÔTELLERIE n° 2568 Hebdo 2 Juillet 1998