Un vent de rumeurs souffle sur le Puy du Fou. On annonce l'arrivée à proximité du
site de chaînes hôtelières "spécialisées dans le chalet de montagne et
l'hébergement saisonnier". Réagissant à ces informations, que par ailleurs
personne ne confirme, les politiques ont prié les professionnels locaux d'investir
rapidement afin d'augmenter la capacité d'hébergement aux alentours de la structure
touristique. Lors d'une conférence de presse, Philippe de Villiers, président du Conseil
Général de Vendée et créateur du Puy du Fou, soulignait que "les investisseurs
risquent de tuer l'hôtellerie existante. Dans les trois ans qui viennent, il faut que les
professionnels réagissent sinon ils courent vers la catastrophe." Pour autant,
les avis divergent quant à l'accompagnement des investissements à réaliser.
Personne ne conteste les chiffres, éloquents lorsqu'il s'agit d'évoquer le succès du
Puy du Fou. La saison dernière, les deux grandes attractions principales que sont la
Cinéscénie (360.000 visiteurs pour 26 soirées) et le Grand Parcours
(650.000 personnes sur 113 jours d'ouverture) ont donc attiré au total un million de
personnes de juin à début septembre. Composée à 95% de groupes en juin, fin août et
début septembre, la clientèle est constituée à 80% de particuliers du début juillet
jusqu'au 20 août.
Ce succès, vérifié chaque année, profite à toute l'économie locale, à commencer par
l'hôtellerie-restauration. D'autant que le Puy du Fou, contrairement à d'autres
structures touristiques du même type, ne dispose pas de son propre hébergement. Les
politiques locales y sont largement opposés et selon Marietta Orgeval, responsable des
réservations, "le Puy du Fou ne prévoit pas pour l'instant d'im-
planter des structures d'hébergement sur le site. Nous orientons les gens vers l'office
du tourisme." Pour se loger, les visiteurs comptent donc sur les professionnels
installés sur les communes environnantes. Mais les soirs de spectacle, "il est
clair que nous manquons cruellement de chambres, reconnaît Alain Laumaillé, au
service du tourisme de la CCI de Vendée. Certains groupes sont hébergés à la
Roche-sur-Yon et d'autres à Nantes." Situé à douze kilomètres du Puy-du-Fou,
Guy Jagueneau, propriétaire de l'Hôtel de France, multiplie par deux son chiffre
d'affaires en juin, juillet et août. "Je suis déjà complet pour les soirs de
spectacle de 1998". Cette déferlante donne également des idées aux
investisseurs. Le groupe Bénéteau par exemple a présenté l'été dernier un pavillon
témoin de ses futures maisons "O'Hara" qui devraient voir le jour en 98 dans un
parc résidentiel.
Ces infrastructures ne semblent donc pas suffisantes et il faudrait encore investir pour les accroître. Reste toutefois un problème de taille: le Puy du Fou attire seulement trois mois dans l'année ! Et encore, la durée moyenne d'une visite sur le Grand Parcours n'excède pas une journée. Généralement, seuls les spectateurs de la Cinéscénie, ouverte 26 jours dans l'année, résident aux alentours... Il va donc de soit, qu'en dehors de groupes privés tel Bénéteau avec ses habitations légères, il s'avère difficile pour les hôteliers indépendants d'investir dans l'agrandissement de leur établissement car, comme le souligne André Rolland, propriétaire de l'hôtel Aloë, situé à quelques kilomètres du Puy du Fou, "il faudrait trouver un moyen de couchage à amortir en trois ou quatre mois. Ce n'est pas évident." Ce dernier émettant quelques doutes quant à l'arrivée des chaînes, se demande par ailleurs si "ces rumeurs n'ont pas pour unique but de secouer les professionnels ?"
Toujours est-il que les investissements seraient sûrement moins risqués si le Puy-du-Fou allongeait sa période d'ouverture. Marietta Orgeval demeure on ne peut plus claire, "pour l'instant il n'est pas prévu d'allonger la saison du Puy du Fou." André Rolland se pose quant à lui la question des réservations d'une année sur l'autre. "Si nous louons aux TO, l'établissement sera complet, les chambres louées au prix maximal avec un repas à chaque fois. C'est plus avantageux mais il ne restera plus de place pour les particuliers, et André Rolland d'ajouter, les gens doivent faire preuve de davantage de souplesse dans leurs dates de voyage."
O. Marie
L'HÔTELLERIE n° 2573 Hebdo 6 Août 1998