Michelle Demessine ne veut certes pas vendre la peau de
l'ours avant de l'avoir tuée. Il est effectivement encore trop tôt selon elle pour
dresser le bilan touristique de la saison estivale. La secrétaire d'Etat au Tourisme n'en
demeure pas moins très optimiste pour l'année en cours et table «sur un très grand
cru 1998.» Un état d'esprit des plus positif qui loin de révéler de la méthode
«Coué», s'appuie en fait sur des premiers éléments chiffrés satisfaisants. Le
secteur du tourisme a bel et bien apparemment bénéficié de l'effet Coupe du Monde de
Football. Bien entendu, on a d'ores et déjà enregistré une légère baisse du nombre de
touristes durant cette période. Celle-ci a toutefois été compensée en partie par
l'arrivée des supporters.
Pour ce qui concerne l'hôtellerie homologuée, les résultats préliminaires sur 13
régions (dont 8 ont accueilli la manifestation) indiquent ainsi pour le mois de juin un
taux d'occupation moyen de 64,3% en progression de 2,6 points par rapport à 1997. Et
mieux encore ! Sans qu'il y ait dérapages tarifaires outranciers, dans la majorité des
agglomérations où se déroulaient les matchs, les hôteliers sont parvenus à améliorer
de manière sensible leur chiffre d'affaires. L'augmentation moyenne des prix de vente des
chambres n'ayant pas dépassé les 20%.
Les professionnels de la restauration n'ont eux en revanche pas été logés à la même
enseigne. Car qu'il s'agisse des Français ou bien encore des touristes étrangers, bon
nombre d'entre eux ont privilégié le Mondial en famille sur leur lieu d'habitation
(devant leur poste de télévision) plutôt que sur leur lieu de vacances.
«Au Royaume-Uni, la baisse des départs en juin a été réelle et a affecté
toutes les destinations, quand dans le même temps l'Espagne notait chez ses loueurs
d'appartements une réduction d'activité de 20%...», a ainsi confié Michelle
Demessine à l'occasion d'un point presse. Reste que cette désaffection passagère semble
aujourd'hui profiter désormais pleinement à l'Hexagone. Dopée par les multiples
retombées médiatiques liées au rendez-vous des fans du ballon rond, la destination
France connaît en effet à l'heure actuelle un rebond de fréquentation. «On note
ainsi pour le mois d'août une augmentation de réservations et de 10% en provenance de
l'Espagne, de 21% pour les Pays-Bas et de 15% à 25% sur août et septembre pour
l'Angleterre», a expliqué la secrétaire d'Etat au Tourisme.
Ajoutons à cela que depuis le début de l'année, le tourisme français réalise de
bonnes performances. A titre d'exemple, «les bureaux de Maison de la France ont noté
25% de progression en Italie, 20% en Irlande et 54% en Autriche.» D'après les
estimations de la direction du Tourisme, les recettes du tourisme auraient d'ailleurs
grimpé de 9% au cours des six premiers mois de l'année. Quant au solde du poste voyage
de la balance des paiements, il a dépassé les 32 milliards de francs soit une
amélioration de 5% par rapport à la période similaire en 1997.
Autant de facteurs encourageants qui devraient permettre cette année encore aux
autorités françaises de sacrer la France championne du monde du tourisme.
C.C
ccosson@lhotellerie-restauration.fr
L'Espagne prévoit de nouveaux recordsUne saison qui s'est particulièrement bien annoncée pour le tourisme espagnol qui
prévoit l'année 1998 «historique». Sur les 5 premiers mois de l'année, la péninsule
enregistrait une progression de 10,6% d'arrivées de touristes par rapport à 1997 et une
fréquentation de l'hôtellerie en hausse de 12,9%. PLN |
Bilan provisoire de la Coupe du Monde de Football sur les régionsLes avis divergent en fonction des zones géographiques__________Provence-Alpes-Côte d'AzurLa saison s'annonce globalement supérieure à l'an passéMalgré un léger tassement de la fréquentation
durant la période mi-juin/mi-juillet, la confiance règne du côté des professionnels du
tourisme de la région Pour l'heure, ce sont les espaces urbains et le littoral qui enregistrent les meilleurs résultats avec une augmentation d'activité de l'ordre de 5% à 10%. Sur les 15 premiers jours de juillet, l'effet Coupe du Monde a porté en particulier sur Marseille et les Bouches du Rhône et a profité aux hôtels, aux restaurants et aux locations immobilières saisonnières. Il semble en outre que la clientèle étrangère, composée en premier lieu d'Allemands, de Belges, de Hollandais, d'Américains et de Scandinaves, ait été plus nombreuse. __________Ile-de-FranceBaisse de la fréquentationOn s'y attendait ! Et c'est finalement ce qui s'est
véritablement passé. Le nombre de personnes venu visiter Paris et l'Ile-de-France (IDF)
a été inférieur de 15% à la fréquentation habituelle (10% pour Paris intra-muros). La
région IDF a néanmoins accueilli 350.000 étrangers. Les nationalités représentées
étant bien sûr celles des pays participant au Mondial. «Si les Européens et les
Américains du Sud ont été les plus nombreux, ce sont surtout les Français et les
Franciliens qui ont alimenté les flux touristiques en IDF», souligne le CRT. En
termes d'hébergement, ce sont les établissements haut de gamme qui ont affiché les taux
d'occupation les plus élevés. L'hôtellerie économique (0 à 2 étoiles) a en revanche
peiné davantage réalisant des remplissages médiocres. D'une manière générale, les
unités implantées dans Paris ont mieux tiré leur épingle du jeu que ceux situés à
proximité du Stade de France. __________Nord/-Pas-de-CalaisFréquentation égale à 1997La fréquentation générale a été équivalente à juin 1997. Les hôtels ont profité de l'événement au détriment des campings avec une progression de 19% en nuitées par rapport à l'année précédente. Les prix hôteliers ont augmenté de plus de 25% dans les agglomérations et se sont maintenus ailleurs. __________Pays-de-LoireBeaucoup d'étrangersD'une manière générale, la fréquentation touristique a été sensiblement égale à celle du mois de juin 1997. Dans les faits, il semble que la venue massive des touristes étrangers ait compensé la chute des vacanciers français, restés probablement plantés devant leur poste de télévision. La fréquentation des hébergements a été plutôt supérieure, celle de l'hôtellerie étant globalement stable comparativement au mois de juin de l'année dernière. __________Rhône-AlpesFréquentation hôtelière en hausseD'une manière générale, la fréquentation a été supérieure à 1997 notamment durant la seconde quinzaine de juin. Ce fait s'explique en grande partie grâce à la présence de nombreux touristes étrangers dont les Japonais et les Ecossais. Les établissements hôteliers ont largement bénéficié de cet apport avec un nombre de nuitées en hausse de 10% par rapport à l'année précédente. L'augmentation des prix dans l'hôtellerie à Lyon est restée dans la limite de 25%. __________Midi-PyrénéesOh Toulouse !Dans la région Midi-Pyrénées, bien que les Britanniques soient venus plus nombreux qu'à l'habitude, on a globalement observé une fréquentation équivalente à celle de juin 1997. Bien évidemment, Toulouse a accueilli plus de touristes. D'une manière générale, on note une progression significative des taux de remplissage dans l'hôtellerie (+18% en nuitées). Concernant les prix hôteliers, ils ont été supérieurs jusqu'à 25% à Toulouse et égaux ailleurs. __________Languedoc-RoussillonPas de débordement tarifairePas de réel miracle dans la région Languedoc-Roussillon. Ici comme ailleurs, on a constaté une fréquentation similaire à celle comptabilisée au mois de juin dernier avec bien évidemment un singulier avantage envers les villes (Montpellier en particulier). Globalement la fréquentation hôtelière a progressé de 8% en termes de nuitées avec une très forte présence des étrangers. Les prix sont demeurés stables et n'ont pas excédé 25% à Montpellier __________AquitaineVive le sport !La clientèle a été dans l'ensemble supérieure
à juin 1997. A noter toutefois que ce sont les «sportifs» qui sont venus à la
rescousse des clients traditionnels et d'affaires. Le littoral et la ville de Bordeaux en
ont été les heureux bénéficiaires. |
L'HÔTELLERIE n° 2574 Hebdo 13 Août 1998