«Pâte feuilletée»
C'est au Petit Théâtre de Paris, 15 rue Blanche dans le IXe arrondissement
de la capitale, que se joue une pièce qu'aucun restaurateur de doit manquer : «Pâte
feuilletée».
A n'en pas douter, l'auteur, s'il n'a pas vécu en cuisine longtemps, a dû au moins
installer tant dans les offices qu'en plonge et au piano, de nombreux micros. Une
caricature quelquefois grinçante, d'autres fois attendrissante, des cuisiniers, des
serveurs et des restaurateurs en général. Une journée ordinaire avec au menu : le
plongeur qui ne vient pas, le téléphone qui n'en finit pas de rappeler les factures
impayées, les chamailleries entre le chef et le responsable de salle... Une vieille
complicité qui les autorise à ne plus avoir de retenue... tout ce qu'ils pensent de la
vie, de la société, des clients, des banquiers. Dès l'entrée au théâtre, le décor
est clairement posé, on est en cuisine, la plonge, le frigo, le piano, tout y est et tout
marche. Quand le commis fait cuire les fleurons dans le four, ça sent bon dans tout le
théâtre. La pièce d'Alain Stern, admirablement bien servie par un Bernard Fresson en
chef de cuisine plus vrai que nature qui manie le couteau ou le chinois comme un pro, par
Claude Evrard en salle et par Frédéric Quiring, qui en la personne du commis bouscule
quelque peu les vieux réflexes des deux anciens. Un peu dur à certains moments parce que
peu complaisant, grinçant, le texte peut avoir le mérite d'amener quelques restaurateurs
à prendre un peu de recul sur leur manière de fonctionner. A voir sans faute, jusqu'aux
fêtes de Noël. (Réservations au théâtre au 01 42 80 01 81).
L'HÔTELLERIE n° 2582 Hebdo 8 Octobre 1998