Insertion des apprentis en Bretagne
Les commentaires sont sans appel : "les jeunes de l'hôtellerie-restauration
éprouvent plus de difficulté à s'insérer que la moyenne...", "moins d'emploi
et plus de chômage...", "moins de stabilité dans l'emploi..." etc. A la
lecture des résultats de l'enquête iroise concernant l'insertion des apprentis sortis
des CFA de Bretagne en juin 1995 on ne peut que s'inquiéter légitimement des chiffres
concernant la branche hôtellerie-restauration-tourisme-loisirs. Pourtant, selon Renaud
Lemaire, directeur de l'Oref (Observatoire régional emploi-formation) chargé de la
concrétisation de l'enquête, "ce n'est pas une grande surprise. Chacun connaît
les caractéristiques de son secteur d'activité. La précarité de l'emploi dans le
secteur CHR est liée entre autres aux modes de fonctionnement de cette branche, à son
caractère saisonnier..."
Cette enquête demandée par le Conseil régional concerne, pour la branche hôtellerie,
479 jeunes inscrits à l'examen en 1995. Sur ces derniers, seuls 183 ont été contactés
pour les besoins de l'enquête (180 n'avaient pu être joints et 116 ont poursuivi par
apprentissage) et 161 jeunes se retrouvaient sur le marché du travail en 1997. L'enquête
s'intéresse donc à ces derniers cas, 24 mois après leur sortie de CFA.
Avec 7,88 % des effectifs soit 1 190 apprentis, le secteur hôtellerie-restauration se
classe au 6e rang des groupes de métiers (13 au total) dans le dispositif breton. Mais
cependant, le secteur semble quelque peu délaissé puisque de 1996 à 1997, les effectifs
n'ont évolué que de 1,8 %. Il s'agit en fait de la seconde plus mauvaise progression des
effectifs par branche (la plus importante étant le tertiaire de bureau avec une
augmentation de plus de 54 % des effectifs). Par ailleurs, et cela ne constitue pas une
surprise, la très grande majorité des jeunes bénéficient d'un niveau de formation
niveau CAP, BEP (93 %) alors que seulement 1 % des effectifs atteignent le BTS ou DUT.
15,5 % des jeunes au chômage
Une fois sortis de leur formation et après 24 mois d'activité, 65,8 % des jeunes ont un
emploi et 15,5 % restent au chômage, des chiffres en deçà de la moyenne régionale qui
est de 70,1 % d'emploi et 11,8 % de chômage. Et lorsqu'ils trouvent un emploi, ces jeunes
y restent moins longtemps que la moyenne. Sur deux ans, seuls 34,2 % des jeunes passent
plus de 80 % de leur temps dans un même emploi (la moyenne régionale s'établit quant à
elle au-delà de 46 %). Autre chiffre révélateur de cette faible stabilité dans
l'emploi, la part de CDI parmi les contrats conclus chez les jeunes qui travaillent. En
hôtellerie-restauration-tourisme-loisirs elle représente 43,4 % contre plus de 57 % pour
la moyenne régionale.
Parmi les autres résultats de cette enquête, notons par exemple qu'à 24 mois, 70 % des
jeunes qui travaillent occupent un poste en rapport avec leur formation et qu'ils restent
majoritairement dans leur zone d'emploi de leur domicile d'origine. Par contre 13 %
seulement des jeunes restent dans leur entreprise d'apprentissage pour y travailler contre
28 % en moyenne régionale, tous secteurs confondus. Enfin, 47 % des jeunes ont perçu un
salaire mensuel net inférieur à 6 000 F. Notons à cet effet que 24 % des jeunes ont
refusé de communiquer leur salaire contre 11 % seulement en moyenne.
Reste qu'aujourd'hui, ces chiffres devraient engendrer des discussions, un dialogue parmi
les acteurs du secteur. "Chaque CFA a eu les résultats concernant sa population, rappelle
R. Lemaire. Cela lui permet d'agir en conséquence." Une prochaine enquête
devrait concerner l'année 1997. Résultats en 1999.
O. Marie
L'HÔTELLERIE n° 2583 Hebdo 15 Octobre 1998