Pierre Gauthier à l'assemblée générale du SNRLH
Dans son discours, Pierre Gauthier entre tout de suite sur le sujet ô combien
polémique dans la profession : la loi sur les 35 heures. "Au cours de ces
derniers mois, le dossier le plus difficile et toujours très brûlant, c'est la loi sur
les 35 heures. Affaire fondamentale et grave qui risque de porter un coup sévère à
l'économie française. C'est dire que loin d'être favorable à la création d'emplois,
elle risque au contraire d'aggraver le chômage. Seule la santé des entreprises pourrait
permettre d'en créer. Or en nous imposant de nouvelles charges et obligations, l'Etat ne
contribue pas à la santé de nos exploitations, c'est le moins que l'on puisse
dire."
Pierre Gauthier n'hésite pas à qualifier cette loi sur les 35 heures "d'erreur
économique majeure. Une véritable lubie politique qui risque de compromettre, voire
d'inverser, le léger mieux conjoncturel observé ces derniers temps et que d'ailleurs la
crise boursière rend quelquefois bien frêle." Face à la gravité du sujet, le
syndicat a choisi de modifier le déroulement habituel de son assemblée générale afin
d'organiser une table ronde sur la loi des 35 heures animée par Patricia Le Naour et à
laquelle ont participé les présidents Mathivat, Rebuffel, Vessey et Gauthier. (Vous
pouvez retrouver l'intégralité des débats dans notre supplément Emploi de cette
semaine).
Pour une information plus rapide
Il est rappelé la volonté de communication du syndicat, tout en précisant que celle-ci
ne doit pas se limiter à une communication avec les seuls pouvoirs publics. C'est la
raison pour laquelle les dirigeants du SNRLH ont énormément intensifié leurs actions en
direction de la presse professionnelle.
La communication ne doit pas faire oublier l'information qui est primordiale à tous les
chefs d'entreprise. Ceux-ci doivent pouvoir être informés rapidement des nouveautés
concernant leurs exploitations. Le syndicat compte faire prochainement un large usage du
fax transmis par modem afin de faire parvenir les informations les plus urgentes dans les
délais les plus brefs. On se souviendra de l'exemple des autorisations d'ouvertures
exceptionnelles de nuit accordées par la préfecture de police de Paris pour la fête de
la musique et la finale de la Coupe du Monde. Autorisations qui ont été supprimées au
tout dernier moment par la préfecture pour des raisons de sécurité publique.
D'autre part, le syndicat met en place un site Internet qui permettra de consulter des
données parfaitement actualisées, et ce 24/24 heures et 7/7 jours. Il s'agit, en outre,
d'un moyen peu onéreux, qui a comme autre avantage de diminuer la masse de papier reçu
à archiver.
Un combat de tous les instants
La défense de la profession nécessite une vigilance accrue que rappelle Pierre Gauthier
: "Lorsque j'évoque la défense de nos métiers, je dois dire que c'est
malheureusement un vaste terrain de bataille de tous les instants. Permettez-moi de donner
un exemple concret de ce qu'est la défense de nos métiers. L'Assemblée nationale a
récemment débattu d'un texte qui en principe ne devait guère nous concerner. Il s'agit
de la loi d'orientation agricole. Nous n'avions rien contre les agriculteurs mais, dans ce
texte, se glissent quelques dispositions relatives à la diversification de leurs
activités qui risquent de porter un tort grave à certains de nos collègues. La future
loi encourage les agriculteurs à développer des installations touristiques de toutes
natures sur leur propriété : des hôtels, des restaurants et pourquoi pas des
discothèques et des bowlings échapperont aux règles de droit commun, fiscal, social et
autres. C'est le type même de mesures d'exception qui faussent totalement les règles du
jeu de la concurrence. Je n'ai pas besoin de vous dire que ce paracommercialisme
institutionnalisé et légalisé n'aura pour effet qu'un détournement de la clientèle au
détriment de notre secteur d'activité. Les politiciens ne veulent rien comprendre aux
lois pourtant évidentes de la concurrence !"
Encore et toujours le combat contre la TVA
"Le dossier de la TVA sur la restauration est encore plus choquant. Nous ne
cessons de dire au gouvernement, aux parlementaires et aux instances européennes que le
taux de TVA applicable à la restauration traditionnelle est illogique et antiéconomique.
Nous avons en ce sens des arguments forts : la taxation actuelle fausse la concurrence
nationale et internationale et réduit considérablement nos capacités d'embauche. Pour
la concurrence c'est manifeste, il est clair en particulier que la restauration est
affectée par la multiplication des formes de ventes ou prétendues telles, qu'il s'agisse
de la restauration rapide ou des ventes sauvages dans les lieux touristiques. De même,
tant que les taux et règles de récupération de la TVA ne seront pas uniformisés au
sein de la Communauté européenne ce qui ne semble pas pour l'instant en bonne voie. Nous
serons toujours victimes de la concurrence déloyale des pays où les règles sont plus
favorables. Les voyagistes et les touristes eux-mêmes savent généralement bien compter
et faire la comparaison des prix.
Nous sommes une industrie de main-d'uvre, la restauration traditionnelle emploie
800 000 actifs donc 600 000 salariés, elle pourrait faire mieux encore si le gouvernement
mettait ses actions en concordance avec ses paroles, c'est-à-dire s'il fondait
véritablement sa politique sur une lutte prioritaire contre le chômage. Dans ce secteur
il y a une forte capacité d'embauche. Si la fiscalité et les charges n'étaient pas si
dissuasives, les pouvoirs publics pourraient engager une véritable politique de l'emploi.
Alors que le nombre de chômeurs ne diminue guère, nos adhérents se plaignent à juste
titre de ne pas trouver de personnel à embaucher. On peut se poser des questions."
Le groupe de restaurateurs du SNRLH au sein de l'association Alerte lancera une campagne
de sensibilisation de l'opinion sur cette importante question.
Le gouvernement donne d'une main ce qu'il reprend de l'autre
En matière de taxe professionnelle, les perspectives semblent plutôt favorables : la
réforme de cette taxe répond aux critiques formulées depuis sa création car elle
affecte l'ensemble des entreprises françaises. En effet, la prise en compte des salaires
dans la base imposable était particulièrement pénalisante pour les entreprises de
main-d'uvre et entraînait un effet dissuasif sur l'embauche. En engageant du
personnel supplémentaire, l'employeur voyait le montant de sa taxe professionnelle
augmenter.
Pour Pierre Gauthier : "C'est le type même de mesure qui aurait dû être prise
depuis longtemps. Cette mesure aurait dû être une bonne nouvelle. Mais une bonne
nouvelle en matière fiscale s'accompagne toujours d'une mauvaise nouvelle. Le projet de
loi de finances pour 1999 comporte une disposition extrêmement inquiétante pour les
entreprises d'IDF. Il s'agit de la création d'une nouvelle taxe basée sur la superficie
des locaux de toutes natures. Seraient frappés non seulement les locaux d'exploitation
proprement dits, mais aussi leurs annexes, les lieux de stockage. Seules les entreprises
de moins de 300 m2 seraient exemptées. En gros cela revient à reprendre d'une main ce
que l'on a donné de l'autre. Nous disons très fermement au gouvernement : c'en est
assez, les entreprises sont excédées de ces inventions technocratiques."
Ce nouvel impôt constitue non seulement une charge financière supplémentaire sans
parler du temps passé à remplir les formulaires, ni des contentieux qui vont se
produire. Le syndicat a aussitôt réagi en adressant une lettre à tous les députés en
insistant sur le caractère antiéconomique de cette mesure.
A titre d'exemple : un hôtel de 60 chambres occupe en moyenne 2 500 m2 y compris les
parties communes. Cet hôtel aura donc à payer 150 000 francs de taxe dite sur les
bureaux en Ile-de-France au titre de l'année 2004.
Mais Pierre Gauthier insiste sur le soutien obtenu par "le président du conseil
régional, pourtant le premier intéressé car ceci pourrait lui apporter les sommes dont
il a évidemment besoin, s'est ému devant les protestations et a adressé une lettre
auprès du ministre des Finances pour lui demander de revoir et de reconsidérer le fameux
article 26 de la loi de finances qui justement pénalise nos entreprises d'une façon
inadmissible." La prochaine étape de ce texte est le passage devant les
sénateurs le 20 novembre prochain.
L'avenir avec l'euro
Ces combats de tous les instants ne doivent pas faire oublier les aspects positifs et
constructifs des métiers des CHR. Le président Gauthier évoque l'euro qui va naître
dans deux mois. "C'est une petite révolution dans notre secteur qui a vocation à
accueillir des étrangers et à régir différents modes de paiement. La réforme
monétaire sera globalement favorable pour le tourisme puisqu'elle aboutira à des
règlements de voyageurs européens. Mais pour nous les professionnels qui devront
accepter deux monnaies, ce sera complexe et plus particulièrement pendant la phase de
transition qui se terminera en 2002."
Et de conclure : "Le syndicat ne lâche pas prise, le combat reste dur et très
dur. Le syndicat reste en état de veille constante. Cette lutte, nous ne pouvons la mener
que si nous restons fermement unis. Ce qui est le cas au SNRLH. Nous entrerons dans le 3e
millénaire unis et combatifs."
Même si Jacques Mathivat n'a pas une vue aussi optimiste en ce qui concerne le collège
patronal dans son ensemble. "J'ai l'habitude de dire ce que je pense, c'est un de
mes défauts. Je reconnais que depuis dix ans on en a vu des vertes et des pas mûres et
cela continue encore, puisque, lors des dernières négociations avec les partenaires
syndicaux salariés, un syndicat important que je ne préfère pas nommer, a brillé par
son absence. Il faut toujours espérer et nous uvrons en ce sens pour que les 4 ou 5
syndicats représentatifs avancent dans la même direction. Il est évident que vis-à-vis
des pouvoirs publics et de nos partenaires sociaux, on ne peut pas être en position de
force quand on est désunis." Autant dire que c'est avec espoir que le SNLRH a
conclu ses débats.
« Nous entrerons
dans le troisième millénaire unis et combatifs », déclare
Pierre Gauthier.
Jean de Préomont, président de l'office du tourisme, est venu soutenir les
professionnels.
Un public particulièrement représentatif de la professionPlus de 230 professionnels avaient répondu présents à l'invitation de Pierre
Gauthier. Salle comble pour une assemblée générale où étaient présents les
indépendants comme les groupes. Parmi cette nombreuse assistance, on pouvait voir en
personne Thierry Beguet (Buddha Bar), Jean Blat (ancien président de la FNIH), Jean-Paul
Bucher (Flo), Didier Chenet (l'Amanguier, Oh!..Poivrier!), Patrick Derderian (Zebra
Square), |
Les prêts à taux bonifiés seraient supprimés pour la restauration Le SNRLH se mobiliseLe projet de loi de Finances pour 1999 n'a pas prévu de reconduire le bénéfice
des prêts à taux bonifiés à 3,50 % pour la restauration. En effet, un arrêté du 25
avril 1997 avait permis aux restaurateurs de bénéficier de ces taux à tarifs
préférentiels pour les investissements réalisés pour la mise en conformité de leur
établissement. Prêts qui étaient jusque-là réservés aux artisans. |
L'HÔTELLERIE n° 2587 Hebdo 12 Novembre 1998